Vassili44 | La solitude des personnes âgées et pas que |
9 #1 |
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Bonjour,
Je ne sais pas si vous avez autour de vous une personne âgée. Comment savoir que cette personne souffre de la solitude ? Il y a pas mal de chance que ce soit le cas. C'est un sujet qui me touche par bien des façons. Notamment parce que je suis touché par une solitude extrême (agoraphobie). Le but n'est pas de me plaindre ici, mais de dire que je connais cette solitude qui est si profonde qu'elle nous rend même indifférent à la mort pour ne pas dire qu'elle nous attire clairement. Quand j'en ai discuté autour de moi (enfin à peu de personnes forcément...) j'ai remarqué qu'ils n'agissaient pas parce qu'ils se sentaient impuissants : "Qu'est-ce qu'on peut faire pour toi ? On est incompétent !". Alors, parce qu'ils ne peuvent pas faire ce qu'ils pensent qu'il faut faire ils ne font rien. Si je parle de moi c'est uniquement pour dire comment c'est de l'intérieur car les personnes âgées ne me l'ont pas dit... Mais je suppose (et j'en suis même sûr) que ce qui vaut pour moi vaut pour elles. Ce n'est pas de grandes choses dont ont besoin les personnes seules, mais plutôt de toutes petites choses répétées. En fait, la plupart des gens se diront "ça sert à rien !" parce qu'ils ont une vie si riche qu'ils ne s'imaginent pas à quel point la personne affamée socialement peut savourer le moindre brin d'humanité. Dans mes pires moments de solitude par exemple, j'allais à vélo longer les fils de voiture dans les heures de pointe (avec la belle pollution dans la tronche) juste pour sentir cette sensation de faire partie d'un groupe humain. Donc si vous êtes amené à ramasser le courrier d'une personne âgée, une fois par semaine, et que vous restez 15/20 min à lui parler, ça pourrait vous sembler être rien, et ne pas changer grand chose à sa vie, alors que si ça se trouve, vous serez sa seule visite de la semaine et elle boira votre présence comme un nectar social, nectar qui la maintiendra peut-être en vie, car sans sa tête, elle vous attendra toute la semaine. Vos mots, vos histoires que vous pensez qui ne l'intéresse pas (après tout, vous vous dites, elle s'en fout de ma vie de famille, de mes problèmes non ?) alors que vos histoires l'accompagneront toute la semaine, vos problèmes mêmes lui donneront la sensation d'utilité, la sortiront même du rôle de victime... quel cadeau c'est pour elle ! Un cadeau insoupçonné. Je ne dis pas que toutes les personnes âgées sont comme ça, évidemment, mais ce sont des choses qui peuvent arriver et qu'on ne soupçonne pas forcément. Mon post ne sert sans doute strictement à rien, j'en ai bien conscience. Mais bon, je me dis que dans tout ce qui sert à rien que j'ai posté, ce sera sans doute le post le plus utile des posts inutiles. Bon week-end !
Contribution le : 15/04/2023 22:56
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SnikePlassken | 3 #2 |
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@Vassili44
C’est un très beau post, merci. Les personnes non intéressées ont ces petites attentions envers les autres. Le temps ne compte pas, il n’y a rien a attendre en échange ou à comprendre mais juste quelques mots, un petit moment qu’on a envie de partager ou de passer en commun parce que simplement le temps est le même pour tout le monde. Pour ma part, je respecte beaucoup les personnes âgées car elles ont les yeux du monde. Ce qu’on vit, elles l’ont vécu. Ce qu’on apprend elle l’ont vu. Ce qui nous stresse, elles en ont survécu. Ce qui est devant est pour eux derrière. On a beaucoup à apprendre à échanger avec nos aïeux. La solitude est triste et surtout le manque de reconnaissance ou de compassion des autres est cruel. La société moderne est un phénomène où chacun se protège, s’isole et se retrouve entre connaissance, entre têtes connues et en petits groupes. L’inattendu, le changement et le nouveau est souvent mal perçu et fuit par beaucoup. Si tu souffres d’agoraphobie, saches que beaucoup sont comme toi et qu’il existe certainement d’autres personnes comme toi. Après tout, le fait que le monde soit cruel et que les gens soient méchants, bruyants ou autre (…), on est nombreux à penser la même chose.. Peut-être que tu pourrais partager une de tes passions ou hobbies avec d’autres personnes serait un début? Au plaisir de te lire, bon weekend!
Contribution le : 15/04/2023 23:32
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Schau | 4 #3 |
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@Vassili44
Je suis d'accord avec toi. J'ajouterai juste un petit point: cette solitude est plus ou moins bien vécue. Certaines personnes (âgées ou non!) sont très affectées par la solitude, qui devient en fait un isolement. D'autres moins, beaucoup moins. Pour en avoir parlé avec une, qui n'était pas isolée, mais qui passait quand même de très longs moments seule, elle m'a dit: "je suis en paix avec moi-même, alors je ne crains pas la solitude".
Contribution le : 16/04/2023 14:06
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Vassili44 | 2 #4 |
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@SnikePlassken, @Schau,
Je vais vous répondre à tous les deux car ma réponse va rejoindre vos deux interventions. D'abord merci pour vos messages. Avant de connaitre la solitude que j'ai décrite, je croisais de temps en temps le regard d'une personne âgée, assise dans sa chambre, dans un EHPAD proche de chez moi et je me disais : "J'aimerais tellement faire quelque chose !". Mais je ne savais pas quoi faire. En fait, je suis moi-même dans une situation de handicap (pour l'agoraphobie et d'autres choses), donc forcément, ce que je peux faire est limité. Comme les gens autour de moi, je pensais qu'il fallait faire des choses difficiles qui demandent beaucoup de temps et de compétences. C'est quand j'ai connu cette solitude profonde, plus tard, que j'ai vu que ça ne demandait pas autant de compétences ni autant de temps que ça d'aider considérablement une personne. La chose qui me manque personnellement le plus c'est une présence et de l'attention : quelqu'un qui s'arrête dans sa vie pour me consacrer du temps et de l'attention. Là aussi, on pourrait se dire que ce n'est pas donné à tout le monde, que l'on n'a pas tous autant de temps à consacrer etc., ce qui est en partie vrai je suppose. Mais en fait, ce temps et cette attention peut se manifester dans un regard, un sourire et un "bonne journée". Moi-même je ne le faisais pas ça. Je ne regardais pas les gens, j'étais coincé dans mes problèmes. Je ne dis pas qu'il y a d'un côté les gens qui vont bien et d'un autre les gens qui vont mal. Il n'y a pas des rôles définis comme ça et l'aidant peut devenir aidé et inversement. C'est bien de ça dont je parle ici. Je ne m'exclus pas du tout de ceux qui peuvent aider en me plaçant comme ceux qui ont besoin d'aide. Même si c'est vrai, ce n'est pas propre qu'à moi. Ce que je vis peut aussi me servir à aider les autres en comprenant moi-même, par le vécu, ce que ça peut apporter. C'est pour ça que je fais beaucoup plus attention à mes micro-échanges, à ces micro-relations quotidiennes. Chaque personne que je croise c'est un humain qui aspire au bonheur et qui ne veut pas souffrir. Je sais que c'est une phrase hyper bateau. Entre le fait de le dire et le fait de le ressentir il y a un monde et j'ai mis des années à pouvoir passer d'un monde à un autre. Je suis en chemin. Et il m'a fallu connaitre tout ce que je décris ici entre les lignes pour comprendre vraiment ce que ça signifiait. Que ce soit ici ou dans la rue, j'essaie au maximum de prendre en compte les gens que je croise. Même si je ne vais pas passer ma vie à les regard un à un, évidemment. Mais bon, je pars de tellement loin que bon... Ce que j'essaie de dire ici c'est vraiment que ce sont les petites choses qui font les grandes différences. Maintenant, c'est vrai que mes peurs sociales me font dire que si je demande à une personne âgée si je peux l'aider, je vais me faire embarquer dans un truc sans pouvoir m'en sortir, elle va m'envahir ou sinon juste me dire "Laissez-moi tranquille !" ce qui est bien possible. C'est pour ça que je cherche des choses qu'on peut faire pour aider les personnes seules (surtout les personnes âgées, mais y'a pas que les personnes âgées qui sont seules) qui ne nous engage pas trop. En attendant, je pense à de petits gestes qui peuvent aider comme ne pas trop presser une personne âgée au volant (ne pas la coller), quand elle marche, ne pas se coller à elle afin de la dépasser et lui faire comprendre qu'elle gêne ; pendant les courses, la laisser remplir son chèque (qu'est-ce que ça a pu m'énerver ça !), discuter avec le/la caissière (ça aussi !) parce que c'est peut-être la seule interaction sociale qu'elle aura de la journée, la laisse ranger ses courses à son rythme etc. De petites choses que l'on peut faire quand on n'a pas trop envie de s'engager, de prendre du temps sur sa semaine, sa journée, mais qui apporte beaucoup plus qu'on ne le croie.
Contribution le : 16/04/2023 14:39
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Moustache | 3 #5 |
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Chacun au fond du puits de son âme attend qu'un visage se penche à la margelle.
-- Joli topic, merci
Contribution le : 16/04/2023 18:37
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Schau | 1 #6 |
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@Vassili44
Ca me donne de l'espoir ce que tu dis: peut-être que les multiples petites attentions que j'essaie de faire au quotidien sont peut-être remarquées et appréciées: tenir la porte aux gens derrière moi, laisser passer les piétons, ramasser un truc tombé de la poche d'un passant, rendre des petits services quand j'en ai la rare occasion (à des inconnus), bref, des ptits trucs qui ne coûtent rien, prennent peu ou pas de temps. Politesse de base en fait. J'ai cependant un gros défaut: je suis dans ma bulle et quand j'y suis je déteste en être sorti par une interaction non-désirée. Et ça m'arrive de temps en temps qu'une personne inconnue initie une conversation et je dois avoir l'air assez désagréable. Il faudrait effectivement que je me force à être un peu plus réceptif et aimable dans ce genre de situation. Après, j'ai vécu une expérience, il y a longtemps, qui me rend un peu craintif. C'était au lycée et y'avait un camarade de classe isolé, rejeté de tous. J'ai essayé d'aller vers lui et après il ne me lâchait plus. Depuis ce temps je crains de donner la main et qu'on me prenne le bras. D'ailleurs j'ai dans mon "entourage" quelques profils comme ça. Ils sont gentils, mais j'ai juste pas grand chose à leur dire. Ca me fait de la peine pour eux, parce que je me doute qu'ils sont isolés. C'est pas évident tout ça je trouve. D'ailleurs ça me fait penser il y a super longtemps j'avais spontanément aidé un vieux type aveugle, le mec était reconnaissant. Il ne s'est pas étalé, mais y'avait une sorte de profonde sincérité. Puis je l'ai revu quelques fois par la suite, toujours au même endroit, mais je n'ai jamais engagé la conversation. C'était toujours dans un contexte où j'étais pressé. Il est mort il y a peu et je regrette de n'avoir jamais pris le temps de savoir qui il était.
Contribution le : 17/04/2023 02:53
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Vassili44 | 2 #7 |
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@Moustache,
Merci. @Schau, Ce que tu dis est très intéressant car, je crois que ça correspond à une réalité partagée par beaucoup de monde. Soit on n'est pas bien, pressé, soit on peut avoir des craintes ou même des peurs, soit on est dans sa bulle, parce qu'on n'est mal ou parce qu'on est plutôt bien et qu'on n'a pas envie d'être dérangé. La bonne volonté, celle d'aider est en moi depuis longtemps, mais sans savoir comment aider non plus, de quelle façon, qui aider etc. Après tout, même moi dans mes pires moments de solitude, je ne me trimballais pas avec une pancarte "Help me !", ça ne se voyait pas vraiment. Donc comment aider une personne qui ne le manifeste pas ? Comment créer la rencontre entre la personne qui veut aider et celle qui a besoin d'être aidée ? En fait, plus j'y réfléchissais et plus je me disais que le problème était dans la question, je veux dire dans le fait même de devoir poser la question. Et là je me suis dit : quand on est en lien avec les autres, est-ce que l'on ne va pas naturellement créer ces rencontres justement ? Citation : J'ai cependant un gros défaut: je suis dans ma bulle et quand j'y suis je déteste en être sorti par une interaction non-désirée. Et ça m'arrive de temps en temps qu'une personne inconnue initie une conversation et je dois avoir l'air assez désagréable. Il faudrait effectivement que je me force à être un peu plus réceptif et aimable dans ce genre de situation. J'ai la même chose (de moins en moins c'est vrai), et je ne pense pas qu'il faudrait se forcer. Une chose que j'ai apprise également c'est qu'en prenant soin de soi on prend soin des autres et qu'entre les deux il y a une période de flottement, période qui parfois dure une vie entière. C'est pour ça que plus on porte une grande attention à soi, à se regarder dans tout ce qui ne va pas chez nous et en essayant de se soigner, de se guérir, et plus cette période de flottement sera courte ou moins "forte" et permettra d'être tourné vers l'autre, au moins de temps en temps. Concernant le fait d'être dans sa bulle, en tant qu'autiste j'ai envie de dire que c'est la base ! Il y a deux situations que je trouve assez parlante de ce "problème" qui se passe à vélo. La première c'est ce qui se passe autour de chez moi, j'ai pas mal de passages piétons + vélos où je dois traverser 2 voies, une dans un sens et une dans l'autre. Et je ne supporte tellement pas dire "Merci" que je me retrouve souvent à attendre qu'il n'y ait plus de voitures pour passer, ce qui dans la journée est quasi impossible, donc je me force... Mais si j'ai le choix, je préfère attendre, même 2 minutes s'il le faut. La seconde situation c'est quand je suis sur les halages proche de chez moi et qu'il y a 2/3 personnes qui prennent toute la largeur, eh bien je ne supporte pas que leur attention soit centrée sur moi (je sais pas trop), alors je reste assez loin d'eux afin qu'ils ne me remarquent pas et j'attends. J'ai le temps donc ça va, je sors pour me promener... Donc cette histoire de bulle je connais bien. Alors j'ai envie de dire que si tu es dans ta bulle, c'est que tu en as besoin. Etre soi parmi les autres, c'est pas mal aussi. Ne pas sortir de "soi". C'est comme ça que je le vois. Mais il peut y avoir d'autres raisons. Je ne les connais pas. Concernant ton deuxième point, ça me parle beaucoup aussi. Un jour, je me suis demandé pourquoi je m'étais trouvé si isolé comme ça ? Et en fait, quand j'ai regardé en arrière, j'ai vu évidemment plein de "non" de confort : des invitations à boire, à passer une soirée, à aller quelque part où je disais "non" parce que je préférais rester chez moi, regarder un film ou plutôt lire un livre, ou même ne rien faire. Et c'est tous ces "non" sur des années et des années qui ont fait qu'on ne m'a plus demandé, que les échanges n'ont pas pu se faire, les moments partagés et les souvenirs. C'est pernicieux car chaque non indépendamment n'a l'air de rien, comme les petits moments anodins d'une journée où l'on fait attention à l'autre, mais ça nourrit, aussi bien soi que les autres et ça nous porte je pense dans une direction. Il ne s'agit bien sûr pas là de se forcer. Il peut y avoir de réelles craintes comme tu le mentionnes et des peurs sociales parfois profondes comme c'est mon cas. Mais l'erreur que j'ai faite durant toutes ces années c'est de croire, que quelque part, ces petites craintes qui sont devenues peurs et même phobies au plus fort, n'étaient pas inéluctables et ne faisaient pas autant partie de moi que je le croyais. Ce sont pour beaucoup des croyances, bien ancrées en moi c'est vrai, mais qui se traitent bien, notamment par la TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive). Aujourd'hui je vais aller vers ça parce que je suis prêt, j'ai envie de créer ces rencontres. Mais ça fait suite à une rencontre entre moi et moi. Il ne s'agit pas là de se culpabiliser : si l'on n'est pas en accord avec soi, je crois qu'il est illusoire de penser qu'on pourra l'être avec les autres. La qualité de nos relations avec les autres reflètent plutôt bien la qualité de la relation que l'on a avec nous-même. Cela peut paraitre donc étrange de se tourner vers soi pour aller vers les autres, mais c'est pourtant quelque chose d'important. Le social est au cœur de nos vies, qu'on le veuille ou non car soit on l'embrasse soit on le rejette en se créant une vie de solitaire qu'on pense avoir choisi. Ca aussi c'est une croyance très très forte ! On se construit un mythe, une légende afin d'embellir sa misère sociale en actes de rébellion et presque héroïque. Ainsi, c'est vrai qu'aujourd'hui je me demande pourquoi je n'ai pas accordé plus d'importance au social, à mes difficultés qui y étaient lié sachant à quel point c'est important. Mais je ne voyais pas ce que je vois maintenant. Quand on est blessé on se tourne vers soi, on se recroqueville, on se renfrogne, on se coupe du monde extérieur parce que nous sommes parfois coupés de nous-même, selon la gravité des blessures. Prendre conscience de sa propre vulnérabilité est déjà le premier pas - et quel pas difficile à faire ! - d'un début de rencontres : la sienne puis celle des autres. On n'est pas à l'aise avec la vulnérabilité et même la fragilité des autres quand nous avons honte de la nôtre. Moi, j'avais tellement honte de la mienne... Donc il y a un travail sur soi pour aller vers les autres. Quand je te lis, j'entends cette difficulté entre "je veux, mais comment faire ? Je n'y arrive pas à la hauteur de ma volonté". C'est normal, on se protège. La protection c'est un mouvement de guérison et la guérison nous rend vulnérable, c'est un moment de flottement, encore une fois, entre deux périodes, pas toujours simple à accepter, mais nécessaire au changement. Déjà l'intention que tu as est belle, les petites choses que tu fais le sont tout autant. Peut-être avoir ces intentions pour toi, comme j'apprends à les avoir pour moi aussi. Je fais style je connais, je sais faire, mais pas du tout ! Sinon j'en serais pas là. Ce que tu dis sur le monsieur aveugle est une belle histoire. Le regret peut nourrir les espérances, enfin j'ai remarqué ça et le changement qui l'accompagne. Le souvenir de ce monsieur peut être porteur. Ca me fait penser au gars en fauteuil roulant que je croise souvent. Il me fascine car il ne peut pas parler, à part des sons qu'on comprend mal, il peut à peine bouge ses bras et ses mains mais il prend le bus et tout. Quand je le crois il me reconnait et me faire un salut comme il peut. Je le salue. Je suis sûr que ces petits riens lui font du bien. Moi qui a une phobie absolue de croiser quelqu'un que je connais et ne pas savoir quoi dire, lui ça ne me dérange pas vu qu'il ne parle pas. En tout cas il a l'air super sympa. En tout cas, maintenant je suis plus sociable qu'avant c'est vrai, mais je ne me force pas. Si j'ai envie d'être dans ma bulle je le fais. Si on se force trop on finit je pense par en vouloir aux gens.
Contribution le : 17/04/2023 12:42
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Invité | 2 #8 |
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FantômeInvité
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Contribution le : 17/04/2023 13:03
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Bricci | 3 #9 |
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@Vassili44 Le simple fait que tu aies eu le courage de faire ce post est magnifique. Je te souhaite le meilleur pour la suite.
Contribution le : 17/04/2023 15:24
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Vassili44 | 2 #10 |
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@Bricci,
Merci c'est super gentil !
Contribution le : 17/04/2023 15:56
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alfosynchro | 3 #11 |
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Je poste trop
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@Vassili44
Merci pour ton initiative au travers de ce post. Je suis un peu ému en le lisant parce que, je ne sais pas si à 58 ans on est une personne âgée, mais si j'ai toujours été un solitaire, parfois ça me pèse de plus en plus. Ma grand-mère maternelle a toujours été très active, elle s'est toujours rendue utile en cuisinant, en cousant, en jardinant... mais elle a passé plus des dix dernières années de sa vie en maison de retraite médicalisée, à attendre la fin. Elle ne voyait plus assez pour regarder la télévision, elle n'entendait plus assez bien pour écouter la radio, ses doigt déformés par la vie lui faisaient trop mal pour les occuper à quoi que ce soit. Une fois, je suis arrivé pour lui dire bonjour et lui faire une bise ; elle m'a dit : "bonjour monsieur"... Elle passait ses journées dans son fauteuil à regarder la fenêtre avec les rideaux à moitié fermés, mais elle n'y voyait rien. Je n'étais pas elle, mais je mesurais à peu près ce qu'elle pouvait ressentir. Combien de fois a-t-elle répété : "je voudrais mourir, partir enfin..." tellement elle se sentait inutile. Elle avait 94 ans quand elle est décédée en janvier 2010. Ça m'étonnerait que j'aille aussi loin. Je ne pense pas avoir envie d'aller aussi loin ; dans ces conditions. Mes deux parents ont 81 ans, et ils se posent de plus en plus la question : "combien de temps nous reste-t-il ?" "comment mettre ce temps à profit pour le mieux ?". Ce qui me confronte, naturellement aux questions : "comment ce sera après ?" "que vais-je faire moi-même ?" "pourquoi serait-ce mieux que jusqu'alors ?" Bon, il faut que je fasse une pause. J'y reviendrai plus tard...
Contribution le : 22/04/2023 14:30
Edité par alfosynchro sur 24/4/2023 20:26:28
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Vassili44 | 1 #12 |
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@alfosynchro,
Merci beaucoup pour tes mots. Tu reviens quand tu veux.
Contribution le : 22/04/2023 20:16
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alfosynchro | 2 #13 |
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Mes parents ont 81 ans et se posent nécessairement des questions existentielles du genre : "combien de temps il me reste à vivre ?..."
J'en ai 23 de moins et il n'est pas rare que je me pose les mêmes questions. En fait, je ne pense pas que je vivrai aussi longtemps qu'eux. A mon âge, ils étaient en meilleure forme que moi, et ils avaient des motivations, à commencer par le fait de s'occuper des petits enfants. Perso, je n'en ai pas, ni même d'enfants, ni même de compagne. J'ai eu des compagnes ; presqu'à chaque fois des personnes bien à très bien. Mais finalement, la plupart du temps c'est moi qui ai mis un terme à la relation. Trop attaché que j'étais à mon indépendance. La dernière est décédée il y a deux ans d'un cancer du fois et de l'estomac. Partie en deux mois et demi. On n'était plus ensemble depuis 2013, mais on avait gardé un contact amical. Elle avait 58 ans, comme moi aujourd'hui. J'ai souvent rêvé, depuis mon adolescence, de faire mieux, d'être mieux et d'avoir mieux que tout le monde. Aujourd'hui, je suis sur un constat d'échec total dans tous les domaines, et le sentiment de solitude serait moins douloureux s'il en avait été autrement en termes de réalisations. Les petits actes d'attention que tu décris, @Vassili44, envers les personnes âgées comptent certainement pour elles, mais je ne suis pas sûr d'avoir le désir de vivre jusqu'à ces temps où on passe son temps à attendre après. J'ai l'impression d'être le premier responsable de ce que je vis depuis très très longtemps, et que je n'arrive pas à trouver ce que je devrais modifier dans mon fonctionnement pour enfin faire cesser les interminables répétitions qui aboutissent à l'échec... Je suis là à raconter ma vie sur un site publique censé être drôle et insolite (entre autres)... au moins là, on jouit d'une liberté d'être aussi dans l'imaginaire, l'humour, comme dans des jeux de rôles.
Contribution le : 29/04/2023 14:12
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Vassili44 | 0 #14 |
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@alfosynchro,
Ce que tu dis me parle énormément. Je suis plus jeune, j'ai 39 ans donc sans doute l'âge où l'on se dit que la remise en question arrive au bon moment, ainsi, je pourrais changer de cap dans ma vie pour qu'elle soit meilleure. Mais le ferais-je vraiment ? Je me vois spectateur de ma vie, comme si je la subissais plus que d'y prendre pleinement part. Je n'ai pas toujours ces sensations, mais elles ont été beaucoup présentes dans ma vie, notamment à des moments où, comme en ce moment (enfin depuis le Covid), je me retrouve face à ce que j'évite d'habitude : le vide de mon existence. Tel que je commence cette réponse on peut alors penser que je vais partir sur un ton dramatique car les mots sont durs et renvoient à des aspects de la vie que nous sommes nombreux à vouloir éviter, mais ça ne sera pas forcément le cas. Je ne cache pas néanmoins qu'il y a une part qui semble vouloir quelque chose, comme tu le décris, et ce depuis l'enfance, mais ce quelque chose semble m'avoir échappé toute ma vie. Parfois je culpabilise de ça en me disant que j'aurais raté ma vie pour ne pas avoir trouvé cette énigme qui plane et je me dis aussi que la vie, dans son aspect cynique, me le révèlera sans doute au moment où je ne pourrais plus l'atteindre. Quelle est cette chose, cette énigme ? Comme je l'ai dit au dessus, j'ai eu à faire face à ce que j'évitais depuis la période Covid, notamment mes pires peurs et ça m'a renvoyé en enfance, avec toutes les questions existentielles que ça implique notamment à savoir à partir de quand ça a merdé ? Globalement, ce sont mes peurs qui m'ont fait prendre des directions au lieu d'autres directions, principalement des voies sans issus, ou la seule issue était un chemin perdu qui me ramenait chez moi ou dans un lieu sécurisant. Paradoxalement, quand je ressens la solitude au plus fort, je ressens des envies de vie qui sont contraires aux choix que j'ai fait : en gros, pour avoir accès au genre de vie que je voudrais, il aurait fallu que je fasse d'autres choix, mais je ne les ai pas fait. Sur le moment, ils m'apportaient un plus grand confort, mais sur le long terme ils m'ont mené à la solitude que je connais. Je suis une personne évitante. Ce n'est pas surprenant que je sois devenu agoraphobe ce qui est sans doute l'évitement suprême. Même si je suis animé par des regrets que tu peux avoir et même si parfois je me dis que je pourrais les changer et que l'envie même me vient, je suis rapidement rattrapé par une sensation paralysante d'impuissance, qu'elle soit physique et morale. Maintenant que je remets à peu près en question tous les aspects de ma vie et que j'ai vu changer des aspects que je pensais ne jamais voir changer, je me dis : et si j'avais appris cette impuissance ? Si elle n'était que comportementale ? Si on m'observait vivre, marcher etc., on verrait que j'ai le déterminisme très prédictible, parce que je fais quasi toujours des choix plus facile, moins engageant etc. Et ça correspond très bien à un enfant éduqué dans la peur, qui n'explore pas le monde, revient vite dans les jupons de sa mère etc. Les jupons sont aujourd'hui mon chez moi et ça a été comme ça même avant d'être agoraphobe. À quoi ressemble la vie d'un enfant qui a appris à avoir peur du monde ? Ne ressemblerait-elle pas un peu à ma vie ? L'impuissance dans les réactions humaines est souvent associés à une protection. On peut se dire aussi que l'on ne se donne pas envie de ce que l'on pense inaccessible. Je sais que nous avons tous tendance à se brider à des croyances qui ne correspondent plus à ce qu'on est aujourd'hui. C'est assez évident en théorie, tout le monde le sait plus ou moins, mais c'est autre chose d'en prendre conscience. En ce moment, je prends conscience des évidences que j'avais en tête, mais que je n'avais pas vraiment établi dans ma vie. Ce sont deux choses différentes. Pour donner un exemple concret, je me souviens que je voulais voir ma famille d'une façon ou d'une autre (oncle, tante, cousins et cousines...), mais je ne me sentais pas capable de le faire, trop de peurs et trop d'obstacles, si bien que les années ont passé et ça ne s'est jamais fait. Plus ça allait et plus on s'éloignait et plus ça devenait difficile. C'est typique du comportement d'une personne évitante : je n'ai pas confiance dans ma capacité à m'adapter. Et ma vie sera parsemé de pourquoi au lieu de comment, car le "pourquoi" est une façon de se donner l'illusion qu'on progresse sur le chemin alors qu'on marche du tapis roulant. Le gros piège c'est de penser figé ce qui ne l'est pas. Comme dire "je suis comme ça" m'a énormément empêché de voir des solutions. J'ai souvent attribué à l'autisme des aspects de ma vie où l'autisme n'en était pas la cause, même si ça a pu aggraver la chose. Ca m'a empêché d'avancer. Je me disais qu'il fallait que je me protège, que j'ai une vie ordonnée et assez rigide car les autistes le font et c'est ce qui semble conseillé, ce qui a été un gros frein à mon adaptation, mais je suppose qu'à ce moment-là c'était très important pour moi. Les réseaux sociaux sont aussi un piège car ils donnent l'illusion du social alors qu'ils n'en fournissent pas tous les bienfaits, surtout Facebook en vérité. C'est même dangereux je trouve car quand on sent que la faim sociale est trop forte, on est bien trop affamé et ça devient très dur de s'en sortir, comme si le réseau social avait agit comme un coupe-faim. Depuis longtemps j'évite la solitude justement et si je l'évite, c'est parce que je n'ai pas confiance en ma capacité d'adaptation et notamment à ce qui se passerait si je ne faisais rien : je ne crois pas à ce qui pourrait se créer de ce rien. Un jour pourtant, avant que Facebook existe, j'étais chez mes parents, désespéré car j'avais échoué à prendre mon envol et j'avais dû revenir chez eux. Je m'ennuyais ferme et je passais mon temps sur l'ordinateur. Je devais être en arrêt maladie je sais plus trop. Puis un jour j'ai décidé d'aller voir ce que ça ferait de ne rien faire du tout, de ne pas chercher à s'occuper. J'ai commencé à resté assis sur le lit et à fixer le mur devant moi. Ca a été très dur au début, mon esprit était distrait par un rien. Mais j'ai persévéré et c'est comme ça que doucement je me suis tourné vers la méditation, j'alternais donc des périodes où je méditais et des périodes où j'étais simplement assis à ne rien faire. et j'avais mis ça en place dans ma vie, c'était devenu un mode de vie à part entière. Ca m'avait totalement changé et ce fut la période la plus sereine de ma vie. Ca n'a pas duré longtemps mais ça a encore des impacts sur moi aujourd'hui, 15 ans plus tard. Le fait d'éviter ne rend pas ce qu'on évite plus facile à vivre, au contraire, c'est pourquoi j'essaie de plus en plus de voir ce qui se passe si je ne cherchais pas à éviter, si je faisais face à ce vide. Car ce n'est pas toujours ce à quoi on fait face qui nous fait souffrir, mais la force qu'on met à essayer de ne pas y faire face. Cela dit, la pratique spirituelle ne doit pas non plus devenir un nouvel évitement qui se nourrit de notre impuissance. L'énigme c'est que nous nous sommes perdus à un moment donné de notre vie, avons commencé à prendre des bifurcations pour se retrouver totalement ailleurs de là où l'on aurait voulu aller, de la route qui nous était destinée en quelque sorte. La sensation d'être passé à côté de sa vie est une nostalgie de cette vie-là. On pourrait se dire que c'est foutu, qu'on est trop vieux maintenant pour faire ceci ou cela, je ne pense pas. Parce que les actions que l'on fait nous donnent un sentiment de bien-être et d'accomplissement qui ne dépend pas intrinsèquement de l'action qui procure le sentiment. Si j'avais été dans un équipe national de badminton (ou j'ai eu ce regret-là), j'aurais pu connaître des sentiments d'accomplissements, de cohésions, de faire partie d'une équipe etc. Tout ceci aurait amené des actions concrètes de partages et l'action ou les actions sont bien des moyens, mais elles ne sont pas seules à amener vers ces sentiments et les émotions qui y sont liées, car finalement c'est ça qui compte. Enfin voilà, je ne sais pas si tout ça aide un peu, te parlera ou pas. Ce sont des bouts de réflexions ramassées sur mon chemin. Bonne journée.
Contribution le : 01/05/2023 12:54
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