Vassili44 | 0 #41 |
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Je suis accro
Inscrit: 06/08/2020 02:22
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@alfosynchro,
Bien vu ! En fait, dans mon histoire, je ne supporte pas avoir ça en moi, ce que l'on m'a fait, donc oui y'a un intérêt à aller au fond des choses pour m'en débarrasser. En fait, j'ai passé ma vie à avoir peur que ce que je vis là m'arrive. J'ai fait des choix (ou disons qu'on me les a fait faire), des médicaments par deux fois alors que j'aurais eu l'occasion, dans ma vie, de revivre des choses et de m'en débarrasser. Une partie de ma vie a été gâché par ça. Par exemple, vers 26/27 ans, je suis revenu chez mes parents (contraint), je commence à ruminer, ruminer, à tel point que je suis au bord du délire. Et, les psys, au lieu de me dire "Vous êtes en colère contre votre père et vous n'arrivez plus à contenir cette colère, on va travailler là-dessus", ils me donnent un médicament (qui me fait prendre 30 kilos par ailleurs) et hop, cette colère va dans la case "refoulement" et quasi 15 ans plus tard elle est en partie encore là. Donc c'est clair que d'un point de vue externe, ne pas faire certains choix comme le médicament (bon j'en ai aussi la phobie), semble être une souffrance inutile, mais pas pour moi. De plus, vivre ma vie entière dans la peur, ou à côté de ma vie parce qu'il faut éviter mes peurs, ce n'est plus possible pour moi. Quand ma copine me disait "prends des médicaments", je lui rappelais que j'en avais la phobie absolue et je lui disais "De toute façon, je préfère mourir que refouler", parce que je ne veux pas vivre à côté de ma vie, car ce n'est que l'apparence de vie, mais ce n'est pas MA vie que je vis, c'est la vie que l'on a fait de moi. Supposons que mon rêve absolu est de faire un métier en rapport avec les chiens, que c'est la seule chose qui pourrait me rendre un tant soit peu bien ou heureux dans la vie, mais que mes parents ont fait en sorte que j'avais peur des chiens. Alors, je vais essayer de me libérer de la peur des chiens pour vivre ma vie au lieu d'éviter la peur et passer à coté d'un métier qui me rendrait bien ou d'une passion. C'est vrai que je considère que, bien que ce que je vis est extrême, c'est aussi un luxe de pouvoir le vivre. Car combien de personnes ne pourront pas faire table rase de leur passé ? La femme de SOS Suicide me disait que l'on ne pouvait pas effacer comme ça ses traumatismes, et dans ma tête je me disais "Tu ne sais pas grand-chose de tout ça...". Il ne s'agit pas d'effacer le souvenir, mais on peut enlever le déclencheur, faire en sorte que ce que l'on a vécu ne nous provoque pas les symptômes associés au traumatisme. C'est quelque chose que j'ai fait des centaines de fois, donc je peux garantir que ça fonctionne, et quiconque arrive à parler de la mort d'un proche, un jour, sans tomber en sanglots a aussi fait l'expérience de ce que je raconte, on peut garder un souvenir, mais la douleur s'estompe, parfois jusqu'à ne plus exister pour certains évènements. C'est ce vers quoi je vais, que je le veuille ou non d'ailleurs. Je crois que c'est aussi une véritable chance. Je ne sais pas cela dit si j'arriverais à vivre dans ma vie. Peut-être qu'il est trop tard. Mais j'ose croire que non.. Je parlais justement à Sebmagic de cette "double voix", cette voix contradictoire, (il y en a plusieurs en fait) ; il y a aussi celle qui croit que ce que je vis, spirituellement du moins, a une dimension très profonde et ça se retrouve aussi dans le choix de mes mots, où je mélange chance avec des épisodes malheureux, en disant souvent (faisant référence à un texte de sagesse) "Chance ou malchance ?" qui est devenu un leitmotiv, car qui peut dire si ce que je vis est un malheur ou bien une chance ? Cette vision des choses m'a beaucoup aidé à supporter l'insupportable. ---- Pour le reste de ce que tu as écrit, c'est vraiment beau, bien décrit. Merci ! Le traumatisme peut créer aussi de véritable souffrance au cerveau, (si l'on ne parle que du cerveau), avec tout un tas de sensations difficiles à décrire, des chocs électriques dans la tête, des maux de tête (il y a plusieurs façons d'avoir mal à la tête), comme le cerveau pris en étau, des aiguilles qui semblent triturer le cerveau, des sortes de "contractions" du cerveau etc., etc. Difficile à imaginer, mais ce sont des douleurs qui ne sont pas que physiques, ce sont des souffrances morales que le cerveau subit, aussi étrange que cela puisse paraitre. J'ai réussi à guérir de pas mal de traumatismes liés à mon passé - je dis "guérir" car le souvenir ne me fait plus rien, ce qui veut dire que le souvenir a été intégré, il appartient au passé, il ne continue pas dans le présent et mon corps n'y réagit plus, ni moi. C'est difficile à dire encore de quoi j'ai guéri, car je n'ai pas pris la peine de regarder tout ça, puisque je suis encore dedans... Mais pour te dire comment je guéris de ça, c'est assez "simple", il faut que ce soit celui qui a vécu l'évènement qui s'exprime, pas celui qui vit là, aujourd'hui. S'il se sent en sécurité, s'il le peut, il s'exprimera comme il aurait voulu le faire à l'époque, avec beaucoup d'émotions, de la colère en premier, s'il y a de la colère, puis de la tristesse (la tristesse arrive en dernier). C'est assez beau à voir (je trouve), malgré la souffrance. Si l'on filmait la scène, en supposant que tout se résolve en une fois (ce qui n'arrive jamais pour des traumatismes graves), mais même si c'est par petits bouts, on pourrait voir ceci : la personne est centrée sur elle-même, prostrée, apeurée au souvenir évoqué, voire affolée et même terrifiée. Elle peut simplement être agitée, en colère, prête à exploser. Quoi qu'il en soit, elle vit des émotions intenses voire extrêmes. Tout explose soudain, que ce soit de la colère et des sanglots, s'il y a de la colère, les sanglots suivront. Le corps se met en mouvement, il s'effondre sur le sol, ou bien il semble se projeter vers l'avant (colère) et c'est très beau à voir, car c'est un corps qui vit, aussi douloureux que cela puisse être (à assister). La personne reste néanmoins très centrée sur ce qui lui arrive, comme focalisée. Elle regarde soit vers le bas (tristesse) soit vers l'autre (colère ou de droite à gauche en marchant souvent si la colère ne trouve pas de chemin). Puis à la fin, puisque c'est la tristesse qui est là, la personne regarde autour d'elle, comme si elle découvrait un monde nouveau, comme si elle semblait découvrir la pièce. C'est un beau moment. C'est comme un éveil. Peter Levine parlait de ce moment précis, il lui donne un nom, je ne sais plus lequel. Et je l'ai toujours remarqué. Désolé, c'est ultra théorique ce que je te dis, mais la passion souvent chez moi l'emporte sur la retenue. Content si tu vas mieux.
Contribution le : Aujourd'hui 21:11:18
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Sebmagic | 0 #42 |
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J'aime glander ici
Inscrit: 26/11/2007 22:04
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Citation :
Tu as le sentiment que personne ne fait rien pour toi ?
Contribution le : Aujourd'hui 21:28:48
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JCM77 | 0 #43 |
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Je suis accro
Inscrit: 04/04/2018 16:45
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@Sebmagic exactement... En tout cas pas au point de rester en vie contre sa volonté. Pas au point de sacrifier sa mort.
Contribution le : Aujourd'hui 21:34:18
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