Alors Gérard, t’as les boules ?

L'acteur Philippe Torreton signe ce mardi dans le quotidien Libération une tribune à charge contre l'exil fiscal en Belgique de Gérard Depardieu, dont les "sorties de route vont toujours dans le même fossé: celui du 'je pense qu'à ma gueule'".


Etant donné que son contenu n'était pas accessible @ tous, j'ai été ravi de pouvoir la lire.
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Alors Gérard, t’as les boules ?
Par PHILIPPE TORRETON, Comédien.

Mais, Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy ? A des pétitions de soutien de Français au RSA ?

Tu ne veux plus être français...? Tu quittes le navire France en pleine tempête ? Tu vends tes biens et tu pars avec ton magot dans un pays voisin aux cieux plus cléments pour les riches comme toi ? Evidemment, on cogne sur toi plus aisément que sur Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot...

C’est normal, tu es un comédien, et un comédien même riche comme toi pèse moins lourd ! Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres... C’est la nature de cette gauche un peu emmerdée d’être de gauche.

Mais Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur Abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi?
Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ? Civique ? Citoyen ? Altruiste ? Dis-nous, on aimerait savoir...

Le Gérard «national», le rebelle de Châteauroux, le celui qui, s’il n’avait pas rencontré le cinéma,serait en taule à l’heure qu’il est comme tu le disais, le poète de l’écran la rose à la main quand ça devait faire bien d’en avoir une, qui nous sort un «c’est celui qui le dit qui y est»...

Tu prends la mouche pour un petit mot et tu en appelles au respect, comme le fayot dans la cour de récré... Tu en appelles à tes gentils potes de droite pour que le grand méchant de gauche arrête de t’embêter...
Tu voudrais avoir l’exil fiscal peinard, qu’on te laisse avoir le beurre et l’argent du beurre et le cul de la crémière qui tient le Cinéma français... Tu voudrais qu’on te laisse t’empiffrer tranquille avec ton pinard, tes poulets, tes conserves, tes cars-loges, tes cantines, tes restos, tes bars, etc.
Et nous faire croire en tournant avec Delépine qu’un coeur social vibre encore derrière les excès et les turpitudes de l’homme... Nous faire avaler à coups de «ban» de porteur d’eau que tu sèmes dans tes répliques trop longues, que l’homme poète, l’homme blessé, l’artiste est encore là en dépit des apparences...

Le problème, Gérard, c’est que tes sorties de route vont toujours dans le même fossé: celui du «je pense qu’à ma gueule», celui du fric, des copains dictateurs, «Laissons les invectives là où elles doivent être. [...]

L’exilé Depardieu rappelle que la nation française, depuis 1789, est soudée par quelques principes fondamentaux..»» du pet foireux et de la miction aérienne, celui des saillies ultralibérales...

Tout le monde ne peut pas avoir l’auréole d’un Rimbaud qui, malgré ses trafics d’armes, fut et restera un poète... à jamais.

Toi, tu resteras comme un type qui a fait une belle opération financière sur le cinéma français, un coup de Bourse, une OPA... Tu as transformé tes interprétations les plus réussies en stratégie de défiscalisation. Il doit y en avoir un florilège de répliques que tu as jouées et qui résonnent bizarrement maintenant !

Des répliques de poète, d’homme au grand coeur, d’yeux grands ouverts sur la misère du monde, orphelines de pensée et violées par leur interprète, parce que l’homme a les rognons couverts, mais l’acteur a fait faillite... l'homme est devenu riche mais sa fortune lui a pété à la gueule. Tu sais, ces gros pets foireux dont tu te vantes et que tu lâches sur les tournages en répondant à tes 12 téléphones au lieu de bosser ?
Tu rotes pour qui tu veux, et tu fais ce que tu veux d’ailleurs, mais ferme-la, prends ton oseille et tire-toi, ne demande pas le respect, pas toi ! Sors de scène, Mont_fleury, «Ce silène si ventru que son doigt n’atteint pas son nombril!»

Et puisqu’on est dans Cyrano, te rappelles-tu de cette réplique, mon collègue, qu’il adressait à De Guiche sauvant sa peau au combat en s’étant débarrassé de son écharpe blanche ? Il demande à Cyrano ce qu’il pense de sa ruse et ce dernier lui répond...

«On n’abdique pas l’honneur d’être une cible.» Tu t’en souviens ?

Tu devrais... En ce temps-là,tu apprenais ton texte...

On va se démerder sans toi pour faire de ce pays un territoire où l’on peut encore, malgré la crise, se soigner correctement, où l’on peut accéder à la culture quelle que soit sa fortune, où l’on peut faire des films et monter des spectacles grâce à des subventions obtenues en prélevant l’impôt.., un pays que tu quittes au moment où l’on a besoin de toutes les forces, en plein siège d’Arras, sous les yeux des cadets médusés...

Adieu.

Citation :

Ça résume le tout très bien. A quoi il s'attendait franchement?

En tous cas j'en connais deux qui tourneront pas ensemble...

Citation :

Tu crois vraiment qu'il va venir te lire sur Koreus ? :bizarre:

moi ça me fait bien marrer cette histoire en tout cas plus que les films de Depardieu :lol:

Citation :

Que je sache, ce n'est pas Philippe Torreton qui poste ici ^^
Merci du partage!

Et puis là, le tutoiement est simplement utilisé comme figure de rhétorique. Un peu comme lorsqu'on tutoie les morts à un enterrement.

Ceci dit, contrairement à Blackjackdavey je continue à beaucoup aimer ses films (bon, pas tous évidemment, mais une bonne partie).

C'est d'une connerie l'ampleur que ça prend, cette histoire.
J'émets un léger doute quant au fait que s'ils restaient en France, Depardieu et ses impôts nous sauveraient de la crise.

Citation :
Ben disons que si tout ce qui ont de l'argent se barre de la France, ça va pas aidé non plus...

Citation :J'émets un léger doute quant au fait qu'une seule personne ait affirmé cela.
Et on peut faire ce raisonnement pour chacun des contribuables. Donc à la fin plus personne ne paye d'impôt. Wait... :bizarre:

Citation :

Je pense que c'est même pas la question. C'est que ça montre un égoïsme assez hallucinant, et un personnage plus que déplorable. J'ai pas l'impression que les gens le supplient de rester, au contraire. Mais ils lui crachent dessus quoi, il le mérite un peu.

Mais je pense qu'on devrait faire le même traitement à tous ceux qui se cassent. C'est loin d'être le seul. Mais lui il est plus que grossier quoi.

Mouais... Je ne trouve pas très classe le fait de s'attaquer à ses compétences ou son professionnalisme comme le fait Torreton. Ça n'a strictement aucun rapport et ça laisse plutôt penser à un règlement de compte personnel.

Et même si je trouve effectivement minable la façon de penser (et pire, d'agir) des exilés fiscaux, cet acharnement autour de Depardieu commence à me déranger. J'ai un peu l'impression qu'il prend pour tous les autres, comme le laisse d'ailleurs entendre Torreton dans la première partie de sa lettre.

Citation :

Si tu me "quotes", aie l’amabilité de conserver la mise en page. Le style italique par exemple qui signifie que je cite déjà une personne.
Là, tu me fais dire quelque chose.

C'que j'voulais dire, et comme le dit si bien Flo, c'est que c'est hallucinant le procès d'intentions qu'ils lui font. L'exil fiscal c'est pas un fait nouveau, y'en a toujours eu dans une certaine mesure, j'comprends pas pourquoi un tel battage médiatique justement sur lui. Bon ok, Pagny et Halliday ont mangé aussi, mais j'me rappelle pas que ça ait été aussi violent. (Mais peut-être que mes souvenirs sont faussés, possible aussi.)

Autant j'peux pas spécialement blairer Depardieu, autant je trouve que c'est un peu facile de lui taper dessus comme s'il était la cause de tous les maux.

Je pense qu'il y a aussi le fait qu'il se casse moins d'un an après l'arrivée de la gauche, lui qui est un soutien de la droite.

J'avais entendu quelqu'un dire à ce propos "Quand on aime la France, on l'aime sous Sarkozy et sous Hollande." Ça prend une dimension politique.

Citation :

'fectivement, j'avais pas vu les choses sous cet angle. Ça doit jouer.

Il y a bien sur le battage médiatique et politique parceque c'est Depardieu suppo de la droite. Cela fait des années que des fortunes françaises viennent se réfugier en Belgique mais du temps de Sarko on n'en parlait juste ce qui faut pour ne pas avoir l'air d'être d'accord.

Ceci dit, sans avoir de sympathie particulière pour ces émigrés, je trouve qu'ils ne font rien d'autre que ce que beaucoup de multinationales font depuis toujours, c.à.d. utiliser les moyens légaux pour payer le moins d'impôts possible.
Je ne connais pas de cas spécifiques en France mais en Belgique, une société comme Electrabel, filliale du groupe Suez, avait en 2010 fait quelques miliards d'€ de bénéfices mais avait payé quelques centaines d'€ d'impôt. Je suis certain qu'on doit trouver des cas similaires partout en Europe mais comme, en général, les politiciens sont impliqués d'une manière ou autre dans ces multinationales, on ne fait pas de bruit, on touche les dividendes. Je trouve ça beaucoup plus immorale que ces quelques centaines de familles qui viennent manger nos moules et nos frites.

J'vois pas trop le problème...il à gagné son fric honnêtement, il fait son choix sur sa façon de le placer/dépenser...Nos chers politiciens de tous bords vivent de quoi eux, mis à par du racket légal qu'ils ont mit en place ?
De quel droit ils se permettent de critiquer la conduite de qqn qui à toujours bossé pour gagner ce qu'il a obtenu en toute légalité ?

Jamais entendu un tel bordel quand un milliardaire d'un autre pays vient s'installer en France, ya un moment, faut arrêter d'être con nan ? :gratte: :bizarre: :roll:

Ce n'est pas parce qu'il ne fait rien d'illégal que ça n'est pas moralement condamnable.

Depardieu doit en partie sa fortune à l'Etat français. Le cinéma bénéficie de larges subventions publiques, et c'est un acteur de films plutôt "populaires" dont le public n'irait peut-être pas aussi souvent au cinéma si l'Etat ne contribuait pas à soulager son pouvoir d'achat.

Je trouve donc ça effectivement un peu "minable", pour reprendre le mot utilisé, de faire ses valises une fois sa fortune en poche pour ne plus avoir à contribuer à un système qui lui a en partie permis d'arriver où il en est.

Tout le monde s'indigne de l'absence de patriotisme quand quelques crétins qui entrent en puberté sifflent la Marseillaise dans un stade, mais selon moi ce genre de comportements ne vaut guère mieux. Surtout de la part de personnes qui n'ont même pas l'âge ou le niveau intellectuel comme excuse. Mais cette absence de patriotisme semble pourtant déranger moins de monde...

Le problème n'est pas la légalité mais la moralité. Ok, son argent est supposé gagné honnêtement. Son départ est tout aussi légal, et payer ses impôts en Belgique est légal.

Voilà pour la légalité.

Mais côté moralité, il faut savoir d'abord qu'on ne gagne jamais de hauts revenus sans que cela se fasse grâce au travail de petits salaires. Jamais. Dans la chaine de production qui permet à GD de gagner "honnêtement" son fric il y a des intermittents, des figurants, des secrétaires, des techniciens, des ouvreuses de cinéma et j'irai jusqu'à dire de la société française via les subventions, les systèmes d'aides comme le statut des intermittents, la tv publique qui lui fait sa pub à chaque film, etc. Il veut faire croire que pour gagner son argent, il n'y a que le public (celui à qui on ne met pas un pistolet sur la tempe) et lui mais c'est complètement faux : il bénéficie de tout un système.

Et ce système il lui crache à la gueule. Pas de problème c'est légal. On a le droit d'être égoïste, de ne pas être solidaire de ceux qui font votre richesse. D'ailleurs en soit, cela ne me gène pas qu'il se casse. Là où la loi est mal foutue, c'est qu'il ne faudrait pas être 6 mois par an hors de France, mais 10 mois (2 pour les vacances en cumulé, c'est suffisant). Car là où l'on joue avec la légalité, c'est quand on veut le beurre (ne pas payer ses impôts) et l'argent du beurre (rester en France) d'où s'installer près de la frontière. J'espère en tout cas que le fisc français vérifiera s'il fait bien son quotta d'exilé fiscal.

Reste la forme : GD est grande gueule, ne fait pas du Ronsard quand il s'exprime et a des bonnes manières plus proches de la famille Groseille que de Nadine de Rothschild. Il est donc logique qu'il se prenne un retour de manivelle à la hauteur de sa gouaille. Et c'est pour cela qu'il cristallise le mépris que les gens plus de mal à exprimer vis à vis d'autres exilés fiscaux, car eux sont plus sympathiques. Ce point est certainement le plus discutable, mais sa lettre dans laquelle il chie sur la France et les Français lui fait mériter tout ce qu'il se prend.

Alors oui, ce que fait GD est légal. Légal tout au tant que méprisable. Qu'il se casse donc ce pauvre con.

2-3 petits rappels :
- le racket s'appelle les impôts, ça paye les écoles, les hopitaux etc.
- son argent ne nous sortira pas de la crise, pas plus que le mien : vous êtes donc tous d’accord que je ne paye plus aucun impôt (revenu, habitation, et TVA pourquoi pas ?)
- que d'autres fassent pareil ne justifie en rien son acte,
- si les politiciens ne sont pas irréprochables, il faudrait tout de même que les électeurs ne soient pas amnésiques : combien ont été réélus après avoir été reconnus coupables de malversations ?
- je voudrais le nom d'un milliardaire venu s'installer en France pour raisons fiscales. Ils viennent s'acheter une barque à Paris ou dans le Var, mais jamais pour y payer leurs impôts faut pas rêver.
- que d'autres fassent pareil ne justifie rien. La prochaine fois que vous vous faites verbaliser par un flic, essayez de vous en sortir en disant "les autres font pareil m'sieur l'agent !"

Et dans tout cela l'Europe, cette belle Europe, celle qui a reçu un prix nobel de la paix, mais dont l'idéal est "chacun pour soit" au sein d'un marché commun qui ne profite qu'à ceux qui ont les moyens. On harmonise les politiques budgétaires mais pas les fiscalités. On veut la libre concurrence mais avec les écarts coûts de production, on joue aux vases communicants. En guise de progrès sociaux, on assiste à un nivellement pas le bas.