De l'abus des gardes à vues

Mesdames, messieurs,

Je crée ce topic à la fois pour vous faire part d'une expérience personnelle mais aussi, peut-être, récolter des témoignages, sinon votre avis, quant aux gardes à vues.

Mardi soir, un pote et moi-même sommes sortis boire quelques verres dans le 11° arrondissement parisien, vers Bastille. Après quelques verres de trop, j'ai eu la mauvaise idée d'essayer de passer derrière le comptoir pour changer de musique. J'ai bien conscience de la connerie de la chose maintenant que je suis redescendu mais bon... quand on a trop bu des fois on est con (enfin je parle pour moi).

De là, le videur, qui doit bien faire 30 kg de plus que moi (qui sera par la suite défini par la police en tant que "physionomiste"), me dégage violemment (J'entends par là que j'ai été frappé au visage et jeté à plusieurs reprises au sol comme une poupée de chiffon). Réaction que j'estime plus qu'agressive au vu de la faute commise. Bourré comme j'étais, il va sans dire que mon sang n'a fait qu'un tour et que j'ai, moi aussi, porté quelques coups (ou du moins tenté) au précité physionomiste.

Mon pote, qui n'avait rien fait de mal jusque là, a tenté de raisonner le videur et s'est également pris quelques mandales savamment placées.

La gérante du bouge finit par appeler la police. Et moi, tout naïf que je suis, je me dis que c'est pas plus mal, que ça m'évitera peut-être de me faire tabasser un peu plus... alors le bonhomme arrête de taper et on attend la police.

23h30, les flics arrivent et on me met directement les bracelets (inutile de préciser que j'étais passablement énervé à ce moment là). On interroge vite fait le physionomiste et on m'embarque, poings liés derrière le dos, pendant que le bonhomme finit tranquillou sa soirée.

On me dit dans la voiture, sur un ton plus qu’agressif, que "sur la vidéo" on voit bien que c'est moi qui ai commencé (j'apprendrai plus tard que de vidéo il n'y a point). Arrivé au commissariat, on me somme d'ôter mes chaussures, d'enlever mes lacets. Seulement moi j'étais là pour porter plainte pour coups et blessures à la base. Alors bon... j'exprime mon mécontentement puis me fais immobiliser au sol par un jeune chauve fougueux écarlate qui, manifestement, avait un peu trop de testostérone mal placée... au point où j'en suis, je comprend que j'ai plutôt pas intérêt à trop l'ouvrir et je finis par obtempérer.

On m'emmène ensuite à l'hôpital où un médecin me pose deux sutures sur la plaie à l'arcade occasionnée par le physionomiste et on me ramène en cellule où on me dit "On prendra votre plainte quand vous serez redescendu". Moi, je dis d'accord. De toute façon, j'avais rien de mieux à faire que de redescendre. Le lendemain, on me fait souffler plusieurs fois jusqu'à ce que la machine affiche un taux acceptable puis on me refout dans l'aquarium.

Ca me semble interminable... lorsqu'on demande aux autres s'ils veulent manger, qu'on m'"oublie" et que je le fais remarquer, on me répond "boire ou manger, il faut choisir"... ah bon... je savais pas... pour exemple, un autre détenu sous traitement s'est vu répondre lorsqu'il réclamait ses cachets que "nous on n'est pas médecins, on file pas de cachets". Inutile de préciser qu'aucun médecin n'est jamais venu lui filer ses cachets malgré ses plaintes incessantes...

16h00 : L'OPJ vient enfin me chercher pour m'entendre. Mes chaussures ayant été perdues la veille par les forces de l'ordre au moment où je les ai ôtées, sans doute dans le feu de l'action (en fait elles avaient été placées dans mon sac) je monte pieds nus jusqu'au bureau. Là, L'OPJ me dit : "Bon ! Vous aviez bien compris que vous étiez en garde-à-vue ?"
N'ayant jamais été en GAV auparavant, je réponds que oui, même si j'avais rien compris du tout jusque là...
S'ensuit une lecture de mes droits, appel de mon avocat, médecin, famille, etc. Moi, tout ce que je voulais c'était porter plainte. Du coup, elle coche non partout.

Ensuite, elle me lit vaguement la plainte qui a été déposée contre moi et mon pote (Oui oui !) par le physionomiste, où il est question de lynchage au sol, de plusieurs coups violents portés au visage...

Le problème : Je ne me souviens de rien sur le moment. Du coup je ne peux pas infirmer les faits mais bon... me connaissant et au vu de la gueule de poilu que j'ai aujourd'hui, y'a pas vraiment besoin de chercher bien loin qui s'est fait lyncher dans l'histoire à mon avis. Y paraîtrait que je suis tombé, selon les dires du gars.

On me dit qu'on va essayer de contacter mon pote qui, plus malin que moi s'est barré au moment des faits, et on me refout en cage, cette fois avec deux autres détenus.

Vers 20h00, on revient me chercher pour aller voir l'OPJ (un autre) qui m'annonce que la GAV est prolongée de 24h parce que de toute manière il est trop tard pour appeler le magistrat et me laisser sortir et que, à son avis, dans mon cas, ça devrait pas durer bien longtemps le lendemain matin.

Je retourne donc, penaud, dans ce qui devient, de fait, ma chambre avec mes nouveaux amis où je tente, tant bien que mal de m'endormir, malgré le vacarme qu'on imagine bien dans ce genre d'endroit, sûr que je ressortirai le lendemain matin.

Le lendemain matin, 11h.

Après avoir vu repartir mes copains de cellule, l'OPJ de la veille revient me voir pour me demander le numéro de mon pote (Ah ouais, pas bête, c'est mieux pour l'appeler) et me dit que de toute façon, c'est sa faute si je suis pas sorti parce qu'il a pas répondu la veille (Il me précisera par la suite qu'il n'a reçu aucun appel... logique)

On me laisse là jusqu'à 16h, heure à laquelle le même officier vient m'annoncer que ça y est, je suis libre. Je récupère mes affaires, il manque un paquet de clopes et un briquet : je m'en fous, tout ce que je veux c'est me barrer au plus vite de ce calvaire.

Le seul appel que mon pote a reçu sur son portable a été passé 10 minutes après ma sortie. Je le sais parce que je l'ai rejoint chez lui en sortant. Il leur a dit qu'il passerait à 20 h, ce qu'il a fait. Et là, j'apprends qu'il est en GAV "au moins pour la nuit"

Je passe sur les questions orientées que l'on m'a posée lors de l'interrogatoire du style "Pensez-vous qu'il soit probable que votre plaie à l'arcade provienne d'une chute ?" (Ne me souvenant de rien, et en tant que bon scientifique, j'ai répondu qu'il existait forcément une probabilité, tout comme elle pourrait provenir de la chute du poing d'un camerounais de 120kg sur le coin de ladite arcade)

Voilà voilà, le bilan : Une sale plaie à l'arcade, une douleur au fondement telle que je ne peux pas m'asseoir ailleurs que sur le fauteuil sur lequel je me trouve, 40 h en GAV, une plainte sur le dos, mon meilleur pote en GAV à son tour, ainsi que des habits déchirés et des lacets coupés par les autorités "compétentes".

Je m'adresse ici aux Koréusiens policiers, magistrats, juges, avocats, juristes, étudiants en droit, s'il en est, mais aussi aux citoyens qui auront eu le courage de lire mon pavé jusqu'au bout : Cela est-il normal ? Y'a t-il eu un ou plusieurs abus ? Ou bien est-ce juste moi qui suis révolté par un traitement "normal" de la procédure ?

pauv' choupinou

Ils ont utilisé le droit pour te faire chier un maximum je pense... ils doivent en voir des dizaines comme toi chaque week-end alors ils ont l'habitude et ils se disent que ça découragera les mecs à recommencer.

Par contre dans ton cas c'est vrai que ça a l'air assez injuste, il y a de quoi être révolté mais tu peux pas faire grand chose d'autre il me semble.

ils n'aimaient pas ta musique c'est tout!

ça va mieux maintenant?

Petite précision : je ne suis pas là pour chercher du réconfort, j'ai une meuf pour ça.

Je demande simplement un avis ou un témoignage sur les faits suscités.

Je sais bien que la manière dont ils sont narrés est forcément orientée mais force est de constater que c'est pas du tout comme ça que j'imaginais que le pouvoir exécutif exécutait son pouvoir en France...

N'ayant subit qu'un seul controle de police dans ma vie, je peux pas vraiment t'aider

Mais petite question, pourquoi ils t'ont coupé tes lacets?:o

Tu as subis un traitement abusif, il y a toujours la présomption d'innocence qui dois rentrer en compte. La police doit entendre les deux versions des faits (faire une confrontation au cas où).
Quasiment 48 heures pour une bagarre dans un bar, c'est long.

Maintenant je te conseille de retourner devant le bar, pas dedans, de toutes façon le physionomiste (oui c'est le bon mot, videur n'est pas reconnu) te laissera pas entrer pour essayer de retrouver des personnes qui pourrais témoigner en ta faveur au cas où ça s'emballe.

Après, si t'as jamais fais de connerie dans ta vie, je pense pas que tu risques grand chose.

Des histoires sur la GAV j'en ai des mille et des cents, dont une personnelle. Un flic ça peut être un sacré gros connard quand ça s'y met.

Légalement je pense qu'il n'y a pas spécialement vice de procédure. Les vêtements endommagés ils pourront toujours faire valoir que c'était dans le feu de l'action. Et t'façons ça sera leur parole contre la tienne.
La prolongation ils ont le droit, même si pour une affaire si mince c'était clairement pas la peine, et qu'ils le savent eux-mêmes.

La GAV c'est toujours une horreur. La tienne fait suite à un événement pas rigolo, mais en soi, à part le coup de la privation de bouffe dont tu pourrais sûrement te plaindre, c'est une GAV comme il y en a au quotidien. Et encore les flics ont pas été violents.

Par contre faut toujours, toujours, toujours tout accepter. Médecin, avocat, etc... C'est une putain de chance, et ça t'évite justement d'être paumé. Ma GAV je l'ai fait en 2009, juste avant les grandes modifications qui vont dans ce sens. J'ai quand même eu la chance d'avoir un avocat vite, pour cinq minutes, qui m'a rassuré et expliqué comment ça se passerait.
Et puis même si sur le moment tu te dis que ça sert à rien, ça fait chier les flics donc prend.

Le videur qui dépose une plainte quoi, ça me fais halluciné, désolé mais quel enfoiré quoi, c'est à la patronne de le faire quand y'a vraiment besoin, et l'autre il avait juste à te foutre dehors:-o

Perso vu qu'il finisse toujours tard dans la nuit, jte le chopperai le con, et lui ferai passer à son tour un mauvais quart d'heure :coeur:

En même temps il est la pour ses muscles, pas pour son cerveau.

Moralité : Ne jamais jamais passer du Christophe Mae dans un bar.

J'ai bien "aimé" la lecture, car j'avoue que je sais pas du tout comment ça se passe. Effectivement, y'a des points un peu tordus de la part des flics, mais ça ne m'étonne qu'à peine, y'a qu'à imaginer leur quotidien malheureusement, ça doit les faire tellement chier ce genre d'incident et de mecs beurrés que de temps en temps bah... Ils abusent un peu.

Sinon à la lecture du poste de Jeremyone, j'avoue que jamais j'aurai songé à me saisir de mes droits, au contraire même. Ce réflexe de l'avocat me hérisse le poil que je l'associe à un début d'aveu, j'estime (a tort) que quand t'as rien à te reprocher, il peut rien t'arriver car il ne peut pas y avoir de preuve t'inculpant. T'as rien fait quoi. Mais malheureusement, y'a que toi qui le sais, alors effectivement mieux vaut biens s'entourer, ne serait-ce que pour connaitre la procédure et pas être entièrement paumé, comme il dit. J'y songerai si ça m'arrive

Désolé pour toi @Djizeus, ça m'avait l'air d'une soirée de merde! Le prochain week end sera meilleur!

De ce que j'ai lu, je ne vois rien de choquant.
Si j'ai bien compris ton histoire, un mec bourré (toi) passe derrière le bar (là où ya la caisse par exemple) et se fait maîtriser par le videur. Ensuite les flics l'emmènent mais il est persuadé d'être la victime et continue à se faire entendre. S'en suit une garde à vue éprouvante.

Je comprends ta rage et ton incompréhension à chaud, peut-être qu'essayer d'imaginer la scène dans la peau du videur (sobre) en train de gérer des mecs éméchés qui déconnent te fera relativiser un peu. Quant aux flics, c'est pareil. Certains sont très cons, certains juste fatigués, d'autres très sympas mais quand t'es en colère tu ne le vois pas.

T'as eu des suites quant à la plainte déposée contre toi? Le videur aura sans doute 100x plus de témoins que toi si vous allez au procès (mais ça m'étonnerait pas que ça soit classé sans suite), peut-être qu'aller t'excuser et lui demander gentiment de retirer sa plainte serait une bonne idée. Même si c'est pas sincère: la facture risquerait d'être salé, surtout si tu es solvable. Même 1€ symbolique + les frais de justice et d'avocat ça peut faire mal.

Nan, @Oubarey j'ai rendez-vous à 15h mais j'avoue que ça me fait bien chier d'y retourner, surtout si mon pote n'en est pas encore sorti...

J'me suis bien efforcé de voir les choses à peu près comme tu dis pendant ces 40h. Mais au final j'peux quand même pas m'empêcher de me dire que c'est peut-être pas à moi de fermer ma gueule et de passer ce week-end improvisé aux frais du commissariat du XIè...

Mais bien évidemment, j'vais essayer de régler ça à l'amiable pour pas avoir trop d'emmerdes... puis je repartirais avec un goût bien amer... mais ça m'emmerderait qu'on me ressorte dans 10 piges que j'ai agressé un physionomiste, alors que pour le coup j'suis vraiment pas du genre violent tant qu'on m'est pas clairement hostile...

Citation :

Effectivement, c'est un conseil que je ne pourrais que trop conseiller de suivre à présent. C'est exactement ce que je me suis dit sur le coup... En plus de ça, on peut vraiment pas dire que les flics t'y poussent...

Le vigil a tout a gagner a porter plainte pour se proteger. Il savait (par experience) que s'il ne deposait aucune plainte, la police ne pourrait que te laisser tranquille te laissant donc libre de porter plainte contre le vigil et la, la situation aurait ete retournee.

Moi j'ai une question, comment ca se passe quand tu veux faire caca? Y a des toilettes privees ou tu fais caca dans la cellule devant tous tes copains detenus?

Citation :

+1 VDD, très important de le souligner, le caca ça se passe comment?

Blague à part, j'ai failli faire la même ce soir pour une autre raison mais je devais faire + 20 kg que notre tendre physio'.

En ce qui concerne le caca, j'étais au départ seul dans une cellule avec des chiottes aux forts relents d'urine musquée. Si l'envie d'y soulager mon besoin naturel d'élimination solide s'était présentée, j'imagine que c'est là que j'aurais dû m'y affairer.

J'ai ensuite partagé une autre cellule, sans chiotte, mais c'était pas plus mal parce que ça filait quand même moins la gerbe. Sauf que fallait demander pour aller aux toilettes et que y'avait pas forcément quelqu'un au moment opportun. Mieux vaut pas avoir la courante pendant une GAV ou bien faut pas oublier de le dire au médecin avant.

Quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, j'ai pas été assez détendu pour penser à m'aventurer... mes sphincters ont tenu jusqu'à la libération.

Je rajoute que j'ai passé la nuit dans une cellule sans chiottes ni eau courante, donc le principe c'est de gueuler pour qu'un flic vienne t'accompagner aux chiottes (à la turque). Evidemment pour éviter tout débordement, style tentative de suicide, tu fermes pas la porte.
Moi j'ai pas fait caca, mais d'un côté je plains aussi le flic qui se tape le spectacle.

Je crois avoir aperçu des douches quelque part, mais il me semble qu'en général t'as pas spécialement à te doucher en GAV. Donc pour les GAV de 72h ça doit être bien sympa la crasse et l'haleine.

Citation :

Ça explique déjà pas mal...

Comme d'autres te l'ont dit, les flics c'est à longueur de nuits, de semaines et d'années qu'ils doivent intervenir dans des cas comme le tien et je pense que ça les fait chier. Chez eux aussi il y a des cons qui aiment faire chier leur monde et des braves qui font leur boulot le plus proprement possible.
Le fait qu'ils t'aient embarqué et laisser le sorteur à son boulot me semble des plus normal, c'est toi qui était bourré et qui aurait risqué de continuer à causer du désordre ou aussi qui aurait courus un danger vu ton état.

Les déclarations faites par le sorteur n'ont pas plus de valeur que les tiennes et c'est pour cela que tu n'as été entendu qu'une foi redescendu. Les flics ne sont, en principe, pas là pour interpréter les déclarations mais juste les mettre tel quelle sur papier.
Par après lors de tes prochaines auditions, si il y en a encore, tu dois te montrer compréhensif mais pas te déculotter, si tu as une plainte à déposer tu le fais mais essaye bien de ne pas te contredire car dans le compte rendu que tu nous a fait, tu explique comment tout c'est passé mais plus tard tu dis que tu ne te souvient plus bien de rien. Garde un cohérence dans ta défense, soit tu fais l'amnésique soit tu poses des accusations précises. Si cela arrive à un procès (ce qui est peu probable) rein ne te sera épargné et ils rentreront dans la plus petite faille.

Bonne chance

Celui qui boit et qui fait chier, c'est celui qui a tort.

Je peux comprendre que tu trouves injuste la façon dont les choses se sont déroulées, mais si on regarde les faits :
1. Tes bourré au point de plus savoir ce que tu fais.
2. Tu passes derrière le comptoir (LA chose à ne pas faire dans un bar).
3. T'es énervé et agressif (peu importe que ça te semble justifié ou non).

Je comprends la réaction du vigile et des flics qui ne font rien d'autre que leur boulot. Peut-être que leur premier cas de "mec bourré" ils l'ont géré avec des gants, mais au bout du dix millième ils ne font plus vraiment dans la dentelle tellement ils doivent être blasés.

Donc, ouais, essaie de limiter la casse pour ne pas avoir à en subir les conséquences plus tard.

Et même conseil que Jeremyone : toujours prendre l'avocat, le médecin, le commandant Cousteau, le vote du public et le deus ex machina. Même si ça te semble inutile et superflu sur le coup parce que tu es de bonne foi, ça servira à un moment où à un autre.