Plus fort que Nostradamus

Il circule sur le net depuis quelques mois l'extrait d'un aimable pamphlet :

"Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.

Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.

Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé."

Joliment tourné, non ? Il le serait à moins. Et particulièrement évocateur, ne trouvez-vous pas ? Pour autant, il ne s'agit pas de celui auquel vous pensez.

Cette fort bien troussée mazarinade (oui, oui, je ne peux pas m'empêcher, l'occasion était trop belle, ) se trouve être l'oeuvre de Victor Hugo sur les nerfs duquel lui tapait Napoléon III.

C'est extrait d'un pamphlet que Jean-Marc Hovasse a eu la bonne idée de faire rééditer en mai 2009 et de commenter chez Actes Sud. c'est encore mieux ficelé que le déjà très bon "Ce n'est rien qu'un président qui nous fait perdre du temps" de Thomas Legrand.

La réédition est à 23 euros, l'opuscule de Legrand à 12 euros. Que voulez-vous, 11 euros, c'est le prix de la différence entre le talent et le génie !

Pour les petits curieux fauchés, de plus larges extraits ici. C'est mieux que le Lagarde et Michard. D'ailleurs c'était bien ces deux-là qui parlaient de Victor Hugo comme d'un poète visionnaire, pas vrai ?

Trouvera-t'on parmi nos contemporains
Un homme avec assez de talent
pour fustiger avec esprit et malice
le très médiatique président
sans se faire lyncher et être contraint
de s’exiler et rester en lice
afin de se garder de celui qui se croyait grand

toutes ces phrases foutent le bordels dans ma tête!!!