Vassili44 | 1 #21 |
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Cette discussion me donne vraiment une sensation comme si j'avais planté une graine et je vois une belle fleur quand je reviens plus tard.
Contribution le : 03/06 13:19:10
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Baba-Yaga | 2 #22 |
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Je poste trop
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@alfosynchro
Confiture à la framboise j'espère ^^ Je suis à moitié russe (mon père) (qui s'appelle Vladimir) (et c'est pas une blague). Et je peux dire au 3/4 slave puisque ma grand-mère était tchèque. Donc j'ai appris le russe à l'école, et avec mon père. Et les langues en générale, je trouve ça génial. Quand je dis "leur russe" je pensais à l'équivalent français-québécois-suisse-belge. C'est du français mais chacun ses subtilités.
Contribution le : 03/06 14:41:55
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M'en fous, j'ai gagné ! |
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Vassili44 | 0 #23 |
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Bonjour,
Je vais vous parler un peu de ce que je vis, sans m'étaler car il faudrait un livre pour en faire le tour. Je sais que c'est peine perdue, car personne ne peut comprendre tant que l'on a pas vécu ça... Je ne chercherai donc pas à essayer de montrer de l'intérieur ce que je ressens. J'espère juste que vous ne le vivrez jamais. Cet après-midi j'avais un repas de famille chez moi. Dès qu'ils sont arrivés j'ai eu une réaction de panique (réaction d'alarme), mon cœur s'est mis à battre très fort et je tremblais. Là encore ça allait, j'ai l'habitude on va dire. Mais plus ça allait, plus une autre réalité venait s'intercaler à celle que je vivais, avec une confusion et surtout une impression de vulnérabilité extrême, caractéristique des reviviscences, je savais que je basculais dans le trauma. Je vous épargne les détails, mais ce n'est que dans ma chambre, quand je suis parti m'isoler, que j'ai eu des images de mon enfance/adolescence, avec la même détresse, comme si je le revivais pour la seconde fois. Rien que de l'écrire là, c'est difficile... Ce qui est difficile dans le trauma, c'est que l'on va quelque part où personne ne peut rien pour nous. Même les psys sont totalement largués face à une personne activée (déclenchée par un trauma). Mais le plus dur ça a été de le revivre comme dans le passé, avec aucun membre de ma famille qui a eu un mot, un geste, rien. C'était comme si j'étais seul, isolé. Je comprends de mieux en mieux d'où vient ma phobie sociale, même si les raisons sont très larges. Je suis encore très mal. Je suis choqué. Peut-être sur-traumatisé. Je ne sais pas. Je vais mettre un moment à m'en remettre je suppose. ----- Ma semaine n'a pas été glorieuse (mais elle ressemble à beaucoup de semaines) : - Lundi : badminton. Je suis parti à cause d'une attaque de panique ; - Mardi : rdv psychiatre TCC. 1 ère attaque de panique e arrivant, j'étais figé pendant 10/15 min, puis 2nd attaque de panique avant de partir ; - Mercredi : rdv chez moi avec une dame : 1 grosse attaque de panique ; - Jeudi : rdv avec un psy (psychothérapie) : J'étais déclenché durant les 20/25 premières minutes du rdv, figé, quasi incapable de parler ; - Dimanche : repas famille (vous savez). La semaine dernière ressemble à celle-ci, mais j'avais moins de rdv, donc moins d'attaque de panique. Le soir, je déréalisais beaucoup cela dit. À côté de ça, tous les jours je fais des expositions, pendant au moins 2h, je prends des notes etc., mais tout seul, en étant déclenché si souvent, ce n'est pas simple, mais c'est comme ça.
Contribution le : 09/06 20:47:31
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Sebmagic | 1 #24 |
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J'aime glander ici
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Citation :
! En voilà une bonne idée. Tout écrire, dans les détails, même si ce n'est que pour toi, t'as déjà tenté ? Courage @Vassili44, et continue de partager ici. Et j'ai une question : Citation : Je ne chercherai donc pas à essayer de montrer de l'intérieur ce que je ressens. Pourquoi ?
Contribution le : 09/06 20:52:53
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Vassili44 | 1 #25 |
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@Sebmagic,
Merci beaucoup. J'ai déjà décrit dans un blog privé ce que je ressens, ce qui se passe en moi. Mais je ne peux pas être aussi précis que je le voudrais, car pour ça il faudrait que je passe beaucoup de temps et d'énergie et j'ai dû faire un choix à un moment donné entre garder cette énergie pour moi ou me sacrifier pour un éventuel gain pour l'humanité auquel je n'y crois pas trop. J'ai aussi dû "tuer" cette part de moi qui voulait aider l'humanité en quelque sorte, pour plusieurs raisons. Je n'ai pas écrit précisément ce que je ressens parce que ce serait trop compliqué et ça n'apporterait rien. Y'a qu'à moi que ça peut parler et/ou aux gens qui traverseraient ce que je traverse. À la base, je voyais mes explorations comme celles des pionniers des explorations du Pôle Sud et autres terres inconnues. Je n'ai rien lu sur ce que je vis, rien qui ressemble à ce que je vis, donc c'est comme si j'étais le premier - même si je ne suis pas le premier évidemment, loin de là. Mes écrits étaient à la fois des impressions plutôt littéraires, mais aussi des données plus scientifiques dans la démarche avec une série de ressentis et de théorie sur ce que ça pourrait signifier. Je voyais ensuite si mes théories tenaient la route, semblaient validées ou pas (elles ne peuvent pas l'être juste pas ma seule observation, c'est une façon de parler). Aussi, je peux répondre à des questions : comment je sais que je suis "dans le trauma" et quand je n'y suis pas ? Où je place la frontière ? Et j'y réponds avec ce genre de ton : Il est difficile de répondre à cette question, toutefois, j'ai mon hypothèse. Quand je pense ne pas être dans le traumatisme, je suis dans un état "hors traumatisme", état qui produit des manifestations physiques. Ainsi, pour trouver que chacune des manifestations physiques ne soient pas... La liste des symptômes peut s'accompagner d'hypothèse également. J'ai eu les pieds froids depuis longtemps. Je peux déjà me demander quand je ne les avais pas (froids), et quand est-ce que j'ai commencé à les avoir froids. Quel est mon dernier souvenir où je les ai eu chauds et mon dernier où je me suis rendu compte que je les ai froids. Le but est de trouver ce qu'il s'est passé psychologiquement pour voir si je peux faire un lien. L'hypothèse que je peux avoir, vu que je pense que le traumatisme viendrait d'une mauvaise régulation émotionnelle, qui aussi donne une bonne circulation "vitale" à travers le corps. Je peux parler d''énergie, mais pas du tout dans le sens habituel du terme, celui qu'on lui donne parfois. Je vois que j'ai les pieds qui transpirent (ce qui m'arrivent pas vu que j'ai le problème inverse) quand j'ai envie de fuir ou quand je cherche un support, un soutien, une aide (qui s'avère être la maman). Je me demande donc si mes pieds vont redevenir chaud une fois que ce problème sera réglé ? J'avais noté à un moment donné que je n'avais plus de problème lié à mes pieds froids (bref, la circulation semblait fonctionner de nouveau) donc j'ai cru que mon hypothèse fonctionnait, mais mes pieds sont redevenus froids... Bref, c'est barbant, faut vraiment penser que ça peut servir... d'autant que je pouvais faire ça pour tout. Mais je gardais surtout ça en tête. J'ai vite compris que je ne pourrais pas tout noter. Et je me suis dit que ma mémoire fonctionner a quand j'en aurais besoin. Ah oui, une des raisons du fait que je n'ai pas tout noté c'est que ça nourrissait mes obsessions et que ça partait du principe que tout n'irait pas bien si je ne le faisais pas, et je voulais plutôt agir comme si tout allait bien se passer, bref, nourrir mon optimisme en somme. Je vais finir sur une note pas très optimiste par contre, je ne suis pas certain de m'en sortir. Ca explique aussi sans doute pourquoi je n'ai rien lu sur le sujet...
Contribution le : 09/06 21:25:08
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Vassili44 | 0 #26 |
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Je me rends compte que je raconte n'importe quoi... Mais peu importe.
Ce que je traverse depuis un moment remet en perspective ma vie et les besoins qui m'ont manqués (en gros tous les besoins en lien avec l'affectif). Je me suis souvent demandé ce que c'était que le bonheur, sans vraiment chercher à le savoir, comme une question posée comme ça, en l'air. Plus j'ai avancé dans mon travail intérieur et plus j'ai constaté que ce n'était qu'une sensation, et sans doute que celle-ci était proche de ce que l'on aurait pu ressentir dans les premiers mois avec sa mère, cet état de fusion, de chaleur, d'abandon, de relâchement, de confiance... et que tout le reste de notre vie est calquée sur ce moment, soit qu'on cherche à le poursuivre, d'une façon ou d'une autre, mais quand la relation a été saine, c'est juste là, en arrière plan, et ça nous porte sans qu'on le sache, comme une chaleur en nous, au niveau du ventre et de la poitrine, un point d'ancrage ; soit on sent qu'il y a quelque chose qui nous a manqué, des sensations absentes, et nous cherchons désespérément à les ressentir, comme avec l'alcool, qui peut donner une sensation de cocon, de chaleur au niveau du ventre et d'abandon... La plupart du temps, c'est flou, on ne connait pas totalement le manque, on le pressent, on le devine un peu... L'enfant qui a connu cet état de fusion a connu le bonheur, et sans doute ne se pose-t-il jamais la question de ce que ça peut être, il le sait, c'est tout, même en grandissant, si la relation a su garder un lien secure. Le lien, c'est le véritable bonheur, qui n'est pour moi qu'une sensation de confort, de chaleur et de sécurité. Quand le monde semble harmonieux, c'est l'harmonie mère/enfant que l'on (re)trouve. L'absurde de Camus me semble être justement la prise de conscience de la réalité qu'a été notre relation avec notre mère (à ce moment et le reste du temps) en voyant le monde (de façon symbolique) comme étant disharmonieux, ne répondant pas à nos besoins, nos attentes, comme étant en décalage avec nous, dans une sensation de profond malêtre, de vide, de recherche vaine, de désespoir, comme ce qu'a dû ressentir l'enfant face à une mère absente, froide, ne sachant pas créer ce lien précieux avec son enfant. Un enfant qui n'a pas connu ce lien est comme à l'agonie. Sa vie semble est une mort lente, il se sent aspiré par un vide profond, intérieur et est victime d'une tragédie sans savoir où se cache le tragique : il joue dans une pièce sans en connaitre le texte, impuissant. ---------- Je me rends compte que je ne fais confiance véritablement à personne, hormis ma copine que j'ai pu mettre à l'épreuve, par la force des choses. Si je me demande pour moi ce que c'est qu'avoir confiance en quelqu'un, je crois que ça passe par la capacité de l'autre à être en lien avec moi, mais plus précisément, sa capacité à s'adapter. Je crois que quand on regarde une vidéo d'une personne qui est au sol et que personne vient aider, ce qui nous révolte ce n'est pas ce qui se passe, mais ce qui a dû se passer quelque part, dans notre vie, sans doute une révolte oubliée, un manque en nous, flou, imprécis. Quelqu'un qui sait s'adapter à ce que l'on vit c'est précieux. Rares sont les personnes capables de le faire - à moins que c'est moi qui les voit comme rares par mon biais ? Quand l'autre s'adapte dans son mouvement à notre mouvement, il y a comme une harmonie et on se sent par là même exister. C'est comme si l'on percevait les propres limites de son corps, mais aussi de son être, de son existence : je suis ici, je le sens, je le sais, et toi tu es là, je te sens, je te vois. ------- J'ai des souvenirs assez précis par endroit de mes premières années à l'école. Là aussi il s'agit de lien. Je me vois perdu dans la cour, observant les autres, ne sachant pas comment entrer en relation. Ils bougent, crient, s'activent, suivent un mouvement intérieur que je ne comprends pas. La socialisation des débuts est très instinctive sans doute, intuitive sûrement. Elle est le prolongement des liens mère/enfant et du reste de la famille. Chez moi, il n'y avait pas de liens véritables, même souvent pas de liens tout court. Nous étions tous des étrangers vivant sous le même toit. Si bien qu'à l'école, je partais avec ce déficit. Les rapports sociaux sont définis par ce lien subtile qui se perçoit pas des intonations, de légers mouvements, des crispations du visage, un regard appuyé ou plutôt fuyant etc. Tout ceci, je ne le voyais pas, c'était flou. Je n'avais pas appris à la voir chez ma mère, puis j'ai ensuite appris à ne pas le voir chez ma mère, car si j'avais cherché à la regarder vraiment, j'aurais vu la fuite, l'absence, mon inexistence, et ça m'aurait été intolérable. Vers l'âge de 7 ans, j'ai commencé à réfléchir, à voir ma position par rapport aux autres et à comprendre que j'étais différent, mais différent en quoi ? Je me disais que je devais être stupide, ce qui était plus facile que de dire que j'étais dans une famille négligente de laquelle je ne pouvais pas m'échapper. Je n'avais de toute façon pas vraiment de comparaison... La réflexion est venue à mon secours. Je pouvais y trouver une certaine stabilité, une réciprocité à mes besoins, car l'incertitude est angoissante, et la réflexion pouvait me réconforter en apportant des réponses. Je réfléchissais donc les relations, mais ça ne les améliorait pas vraiment. Car dans la vraie vie, il faut quand même en passer par le lien du cœur si je puis dire, du moins le lien émotionnel. Ce n'est qu'à 18 ans quand j'ai découvert les forums que j'ai pu avoir la sensation de commencer à exister. J'y trouvais une réciprocité que je ne connaissais nulle part ailleurs. Mais c'était un leurre et, je ne m'en rendais pas compte, j'étais en train de renforcer mon déficit en lien social. Alors je ne dis pas que ce n'était que mauvais, au contraire, dans la balance ça a été largement plus bénéfique que l'inverse. Mais il y a malgré tout une réalité que j'ai découverte récemment, c'est que je progressais dans ma façon de lier intellectuellement avec les gens, mais je régressais dans mon besoin de véritable lien social. C'était la cause principale de mon mal-être : plus j'allais vers les autres et plus je me sentais vide. Je finissais par pleurer dès que j'allais sur Youtube, dès que j'allais sur un forum, sur Facebook, sur Messenger... Quelque chose en moi ne pouvait plus se leurrer : ce n'était pas là que je trouverais ce que je cherchais et ce que je cherchais, sans toujours savoir ce que c'était vraiment, était essentiel à ma vie. Sans ça, je pouvais mourir, sinon physiquement, au moins intérieurement, et avec ça, je pouvais vivre de toutes les façons possibles, la véritable vie qui vaut la peine d'être vécue. La dépression que je me traine depuis l'enfance, qui n'a jamais vraiment disparue, venait de là. Je le savais. Je le sais. J'en suis là à présent. Je comprends que pour être en lien avec les autres, je dois apprendre à être en lien avec moi-même, notamment avec l'enfant que j'ai été.
Contribution le : 10/06 11:11:32
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Vassili44 | 1 #27 |
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Je suppose que si je peux commencer à parler de mes déclenchements à répétition, c'est que c'est bon signe, le signe que je vis mieux mes traumas, que je suis plus en capacité d'en parler, de m'exprimer sur le sujet.
Malgré tout, je reste désemparé, car je me vois déclenché pour un rien, extrêmement fragile. J'ai l'impression que mes traumas sont comme un gouffre sans fond. Je dois sans cesse marcher sur des œufs, avancer avec la plus grande prudence pour ne pas me ré-activer trop fort (je sais que je vais être activé, c'est inévitable, mais je peux essayer que ce ne soit pas trop fort). Alors, malgré ma prudence, je suis activé, parfois un peu trop fort, et je dois reculer un peu, me mettre en protection, le temps que ça passe. C'est devenu ça ma vie. J'ai lu, ce matin, un truc dans le livre "Réinventer sa vie" (un truc dans le genre) qui dit que l'on a pu passer une bonne partie de son enfance dans un état de dissociation. Ca m'a fait tilt, ça m'a fait drôle d'en prendre conscience. À quel point on m'a détruit ! Je ne sais même pas si je suis encore en colère. Je suis dévasté. Immensément triste. Mais en colère ? Je ne sais plus. C'est comme ça. J'ai vécu ça. C'est difficile à accepter, c'est vrai, mais c'est une réalité, ma réalité, et je ne peux pas l'effacer. Mais dès que je m'ouvre au monde, cette réalité apparait, de plus en plus claire, de plus en plus nette, avec des morceaux nouveaux, toujours d'autres morceaux, encore et encore, c'est sans fin. Je ne crois plus vraiment que je pourrais m'en sortir. Car je ne connais pas l'ampleur de mes traumatismes. Je constate les dégâts, je constate ma vie misérable, le champ de ruine qui a été laissé. Une vie à l'abandon où tout semble être à refaire, à reconstruire. Alors je revis traumatismes sur traumatismes, moments de détresse sur moments de détresse. Et quand j'en sors, le regard halluciné par ce qui vient se passer, les seuls mots qui me viennent à l'esprit c'est "Je suis vivant ?" et quand je me rends compte que oui, je suis encore vivant, et que c'est un peu redescendu, j'adresse une prière de reconnaissance à Dieu : Merci ! Je suis reconnaissant d'avoir survécu et de pouvoir continuer. Mais continuer quoi ? Continuer à me battre, continuer à donner de plus en plus de vie à ce qui a été moi et ce que j'aurais pu être : cet enfant plein d'innocence, qui ne demandait rien sinon de l'amour, et qui a en son cœur un océan de joie à vivre, à offrir et à partager. C'est pour lui que je me bats. Rien que pour lui. ----- Qui écrit sur les traumatismes ? Ce sont les vivants, les morts ne peuvent pas écrire sur les traumatismes qu'ils ont vécu. Alors, quand je parle de "morts", je veux dire, ceux qui se sont suicidés, mais aussi ceux qui sont coincés dedans, qui ne sont plus parmi nous, qui sont en errances dans ce brouillard traumatique envahissant, qui sont en apparence parmi nous, mais qui en réalité ne le sont pas. Leur esprit est ailleurs, dans un autre monde. Ces gens-là n'écrivent pas sur les traumatismes, car leur monde est fait de terreur ou/et d'oublie. Ils ne savent plus qui ils sont, où ils sont. Ils tentent de survivre, de se protéger, souvent sans même s'en rendre compte. Ce sont des zombies qui n'ont pas conscience d'en être. Ils fonctionnent en mode automatique. Ils nous apparaissent comme vide, inintéressant, morne et triste. Ceux que les traumatismes sont remontés à la surface se battent et se débattent avec leurs fantômes, les monstres de leur passé. On ne les voit pas, car ils se cachent à nous, on ne les entend pas, car la souffrance, passé un certain seuil, est silencieuse. Quand on est dans la vallée silencieuse, c'est que la souffrance est telle qu'elle n'a plus de langage, plus de mots pour se dire, plus de voix pour s'entendre : elle est tous les bruits sans ceux qui pourraient l'exprimer. C'est pour ces raisons que les personnes en état de très grandes souffrances ne parlent pas et n'écrivant pas ; cette souffrance, personne ne peut l'imaginer, sauf ceux qui ont traversé cette vallée silencieuse. Tant que nous n'y sommes pas allés, nous ne savons pas vraiment ce que c'est que la peur, nous n'en avons même aucune idée. Nous croyons le savoir, mais une fois que l'on sait, on se rend compte que nous ne savions pas et nous aimerions ne plus jamais savoir, mais il est trop tard : on ne peut plus oublier ce que l'on a vu. Plus jeune, j'avais eu des traumatismes qui étaient remontés à la surface, je ne connaissais pas les traumatismes et je disais que j'avais ouvert une porte dans mon cerveau, une porte vers l'enfer. J'étais terrifié, compétemment paniqué. La seule chose que je voulais, c'était refermer cette porte quand j'ai seulement entrevu ce qu'il y avait dedans. J'ai pris un neuroleptique et ça m'a pris 2 ans pour la refermer. Je me vois en train de prier encore et encore pour revenir comme avant, que cette porte se referme. Je n'étais pas croyant a priori, mais je peux vous dire que quand vous traversé des épreuves comme celles-ci, vous devenez soudainement croyant si jamais vous ne l'étiez pas. Aujourd'hui, j'ai non seulement ouvert cette porte, mais j'ai été jeté dans ce monde froid, sombre parcouru par un épais brouillard. Que dire sur ce monde ? Tellement à dire, mais en même temps que dire dessus ? Qu'est-ce qui serait signifiant pour ceux qui ne l'ont pas connu ? Ceux qui l'on vu savent et n'ont pas besoin de se voir rappeler ce que c'est, et si vous ne savez pas ce que c'est, alors ne cherchez pas à en connaitre plus, ça n'en vaut pas la peine à mon sens. ------- P.-S. : Je ne vais pas polluer continuellement ici avec mes textes rassurrez-vous. Je voulais surtout montrer ici la gueule que pourrait avoir un récit basé sur mon expérience des traumas...
Contribution le : 11/06 19:43:01
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Neo--Polak | 1 #28 |
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Inscrit: 22/08/2004 22:53
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On est tous différents, c'est sûr.
On a tous non traumas, qu'on a plus ou moins géré. Parfois avoir mit le doigt dessus n'aide pas plus que ça. Parfois j'ai même pas conscience que j'ai vécu un truc qui me bloque tellement j'ai évité la situation. Mais en soit, la plupart des racines sont communes. En tout cas c'est ce que j'en déduis en te lisant. Je sais ce qui cloche, mais je vois pas comment le régler sans me faire violence. Pour l'instant je laisse tout filer entre mes doigts et cela depuis des mois, des décennies, j'ai perdu le fil du temps. J'ai l'impression d'être en équilibre, à attendre qu'un pigeon se pose pour me faire basculer, que je puisses rouler. Je n'ai pas spécialement eu un entourage qui me soutenait ou encourageant. Si, peut-être ma mère mais j'ai vite fermé les portes de cette relation. Ma vie se résume à des bribes de souvenirs au fil des déménagements. Pas d'attaches relationnelles particulières. Je ne sais pas ce que je fous ici, mais j'y reste. Impossible pour moi de mettre les voiles. Ma plus grande peur se manifeste. Impossible de la nommer, hormis l'aspect monétaire. Si, j'ai peut etre une piste, le nom de sa copine et du cousin par alliance : la flemme et le sentiment d'abandon. J'ai des flash, je peux tracer une certaine chronologie. Mais malgré les points, j'ai beau tenter de les relier, je ne vois pas comment m'orienter. Je ne me vois pas aborder ces sujets avec un psy, cela fait partie de ces éléments par lesquels je suis peu convaincu de l'utilité, en tout cas pour ma part et puis, la flemme. Je saurais même pas comment m'y prendre sachant que j'attends que les gens viennent vers moi. Pour l'instant je tente de trouver un pot plus résistant où je peux ranger ce qui me dérange. Le dernier s'est brisé. J'ai pu renouer avec de vieux démons comme si je retrouvais de vieux jouets, j'aime bien jouer avec eux, c'est sympa mais je sais que c'est temporaire. Il faudra les ranger et je vais me retrouver, seul, avec moi-même. Nostalgie d'un temps dont je n'ai aucun souvenir. Fantasmer une vie que je n'aurais jamais. Peur d'une peur qui reste tapie dans l'ombre, tel le Dr Gang j'attends ma princess Fiona, qui ne viendra jamais ne sachamt pas où je suis. Mais petit à petit les cordes lâchent, probablement par manque d'entretien. Je sens que mon rafiot va prendre le large, pas de cap, destination inconnue et comme on le chante si bien, "le vent l'emportera".
Contribution le : 01/07 00:25:31
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Ban - 1 |
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