carpet_bombing | 0 #461 |
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Contribution le : 31/08/2016 02:56
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Invité | 0 #462 |
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FantômeInvité
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Dans le message que tu as cité, on parlait de la capacité des Kurdes à avoir une armée d'État, pas de résister à une invasion turque. Néanmoins tu confonds plusieurs choses. Tu évoques Manbij, en disant que l'opération n'aurait pas pu être fait telle quelle sans les États Unis. C'est vrai. Aurait-elle été irréalisable sans l'aide des US pour autant? Rien ne nous le dit. On sait juste que les Kurdes n'auraient pas eu le matos nécessaire pour faire l'opération comme ils l'ont fait, pas qu'ils n'auraient pas pu reprendre la ville. Même si j'entends bien que ça aurait été sacrément plus difficile, et peut être bien impossible. Quand aux combats de maintenant, contre les Turcs, la situation n'est pas la même. Les Kurdes sont dans une position défensive (en occultant la course pour al-Bab qui devrait se dérouler dans les semaines à venir). Cette position le PKK la tient depuis les années 1970. Le YPG s'inspire d'une longue expérience de guerrilla, contre des soldats turcs et des chars, et peut très bien utiliser cette expérience aujourd'hui. Peu de médias en parlent, mais le PKK est toujours dans une attitude guerrière sur le territoire kurde de Turquie ces derniers temps, et met à mal l'armée dans certains coins. Imagine dans un pays où ils ont pu s'organiser en réelle armée, avec du matériel de pointe (ils n'ont plus le même soutien américain, mais les US ne vont pas reprendre leurs armes pour autant). Donc bon, à voir. Je ne dis pas que je connais l'issue du conflit, juste qu'on ne peut pas sous-estimer les Kurdes, même face à une armée nationale dirigée contre eux. Après tout, même les Vietcong ont défait l'armée américaine.
Contribution le : 31/08/2016 03:36
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carpet_bombing | 0 #463 |
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Petite parenthèse pour faire chier la victoire Vietcong est politique et non militaire, renseignés toi la dessus, l'offensive du tête et son effet médiatique à tout rasé, à lors que militairement, ça a était (pour les viets) une énorme branlée, m as is à seulement quelques mois des élections présidentielles, la ou l'opposant politique à finalement gagné l'élection et arrété la guerre... Rien de militaire la dedans. Nothing.
Et puis oui le pkk fait un peu mal à l'armée Turque via des attentats, mais c'est quoi le bilan drs différentes batailles Turques ? C'est les villesTurques ou Kurdes qui viennent de se faire démolir ? Peut on comparé les combattants Kurdes Turques aux combattants Syriens entraînés par les usa l'Allemagne et la France ?
Contribution le : 31/08/2016 03:54
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carpet_bombing | 0 #464 |
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Malgré un penchant pro Kurde, en étant pragmatique, je les vois se faire démonter.... la France en Libye par exemple, l'aviation qui se tapait des tgt dans la profondeur, alors qu'en un mois, les hélicos qui partaient des bpc ont démolis 500 cibles d'opportunités, comment les Kurdes feraient un équivalent ,??? Et Israël dans les années 2000 qui a clouée l'armée Syrienne de l'air au sol en larguant des bombes anti tarmac ,? Et les SF usa qui ont poutrés à coup de quad + M82 pour des centaines de millions de dollars d'avion au sol, commrnt les Kurdes effectuent des actions similaires ?
Contribution le : 31/08/2016 04:01
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Invité | 0 #465 |
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FantômeInvité
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Citation :
C'est bien ce que je te reproche, de tout ramener au militaire. La question kurde a tout de politique. Si on transposait ton raisonnement militaire à l'EI, on aurait pu prédire sa destruction totale en deux mois dès 2013. Après tout ce ne sont que des affolés en tatanes et en jeeps. Mais c'est plus compliqué que ça. Les Kurdes n'ont pas les chars de la Turquie, mais ils ont une forte assise territoriale, un soutien US au moins à l'Est de l'Euphrate, un soutien du quasi-État kurde d'Irak-Nord, et un réseau diplomatique qui se construit bien, notamment avec l'Europe. La Turquie reste un membre de l'OTAN, qui ne peut pas faire n'importe quoi. Officiellement, l'Opération Boucliers de l'Euphrate doit protéger la zone du nord de la Syrie contrôlée par Daesh. Ankara ne peut pas se permettre de changer les plans (présentés aux US) et d'évoluer vers le sud. Tu peux me détailler l'armement autant que tu veux, la guerrilla est une méthode de guerre qui ne rend ça que mineur dans ses conséquences. Les Kurdes ont leurs chances à ce niveau là, et dans l'enlisement possible des combats au Nord de Manbij. Tu dis que les Kurdes se font complètement démonter, ils ne comptent que 4 pertes (selon l'observatoire syrien des droits de l'Homme). La Turquie a déjà buté au moins dix fois plus de civils. Je ne pense pas que les USA "partenaires" de l'opération vont apprécier longtemps le zèle. En attendant, trois tanks détruits en une semaine. Ce n'est pas rien, surtout voyant à quel point la Turquie était confiante dans une avancée rapide sans problème. La guerre, c'est pas juste des calculs d'armements.
Contribution le : 31/08/2016 07:47
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carpet_bombing | 0 #466 |
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Putain faut que j'arrête de venir sur ce topic bourré :lol:
Après pour ma défense si je prête tant d'importance a l'aspect militaire, déjà c'est du a mon éducation, mais surtout que ca reste un truc concret, une zone avec population résiliente controlée, tu la controles, un char qui se bouffe un atgm ne sert plus a grand chose, bref y'a quand même un aspect concret. La (géo)politique a aussi une importance je le sais, j'ai assez étudier la place de l'armée dans certaines nations, notamment la France, ou oui l'armée n'est qu'un éventail des solutions possibles pour imposer sa volonté a autrui, les autres options étant par exemple culturelle, sociale, économique etc.... mais ca reste très volatile, les usa soutiennent les Kurdes ? Ok, et si Trump gagne les élections ? Ou Clinton ? Idem pour la France, si Sarkozy passe, comment la situation va t'elle évoluée ? C'est comme la bourse, on spécule on spécule. C'est pour ca que je parle d'un hypothétique affront Turque vs Kurdes, sur le papier je ne me fais pas d'illusion, oui les Kurdes ont pétés 3 chars en une semaine, avec des petits atgm qui dépasse les 2 kilometres de portées et qui font la taille d'une chaise dans un environnement de plusieurs centaines de kilomètres carrés, suffit de se planquer dans un buisson, d'acquérir une cible et de tirer, je vois pas l'exploit ? Sinon on devrait trembler face a l'ei alors, ce matin (ou hier soir) ils ont pétés 2 chars Turques, et pas en une semaine. Bref je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il n'y est pas l'aspect seulement militaire, mais reste qu'il est le seul concret sur le terrain si une guerre totale éclatait. Et n'oublions pas que pour le moment ils ont envoyés une centaine de char et que le gros des forces reste le FSA, il ne s'agit pas vraiment d'un déploiement massif de l'armée Turque pleine capacité, et j'espere vraiment que ca n'arrivera pas, et vive le Kurdistan !
Contribution le : 31/08/2016 14:46
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Alex333 | 0 #467 |
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En tout cas : Le groupe djihadiste Etat islamique a annoncé mardi la mort d'un de ses membres les plus influents, le Syrien Abou Mohammed al-Adnani, tué dans la province d'Alep ravagée par les combats.
"Il s'appelait Taha Subhi Falaha. Mais le monde se souviendra de lui sous un autre nom: celui d'Abou Mohammed al-Adnani. "Voix" de Daech et probable commanditaire des attentats de Paris et de Bruxelles depuis la Syrie, ce Syrien de 39 ans est mort à Alep, selon l'organisation Etat islamique. "Après un long voyage couronné de sacrifices, cheikh Abou Mohammed al-Adnani a rejoint les martyrs et les héros ayant défendu l'islam et combattu les ennemis de Dieu", a indiqué mardi soir l'EI dans un message relayé par son agence de propagande Amaq." Et : La Turquie rejette tout cessez-le-feu avec les Kurdes Contrairement à ce qu’ont annoncé les Etats-Unis mardi 30 août, la Turquie a écarté toute perspective de cessez-le-feu avec les milices kurdes en Syrie. «Nous n’acceptons sous aucune circonstance (…) un compromis ou un cessez-le-feu entre la Turquie et les éléments kurdes», a déclaré, mercredi, Omer Celik, ministre des affaires étrangères turc. «La République turque est un Etat souverain et légitime» qui ne peut être mis sur un pied d’égalité avec «une organisation terroriste», a-t-il affirmé, faisant référence au PYD, le Parti de l’union démocratique des Kurdes de Syrie.
Contribution le : 31/08/2016 17:34
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Vyserk | 0 #468 |
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La russie s'en mêle et demande à la turquie d'arrêter de taper sur les kurdes : https://www.youtube.com/watch?v=lEm-lr8WEME
Contribution le : 31/08/2016 23:29
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Alex333 | 0 #469 |
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Bien vu. En substance :
- Les USA et la Russie désapprouvent les attaques de la Turquie sur les kurdes en Syrie (dans le cadre de l'opération turque "Bouclier de l'Euphrate" qui vise les djihadistes mais surtout les milices kurdes) - Pour autant, la Turquie refuse d'arreter les hostilités. - La Turquie exige que les forces kurdes YPG se retirent a l'Est de l'Euphrate - Les USA ont menacé le YPG de retirer leur soutient si le YPG ne respectait pas cette demande de la Turquie
Contribution le : 01/09/2016 00:26
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Facedownassup | 0 #470 |
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Citation :
Je comprends pas ce que tu voyais de répugnant dans cette décision de renvoyer à plusieurs centaines de km les terroristes (qui seraient) liés aux Saoud à la Turquie à Al-Qaïda et aux Etats-Unis qui assiégeaient la ville tout en déplaçant temporairement les civils dans des centres d'hébergement. Je préfère lire ça que de voir les hélicos d'Assad continuer de larguer des barils explosifs sur des -positions rebelles-. Citation :
Mais l'OSDH ça serait ça et ça... T'as pas de chance c'est Le Figaro !
Contribution le : 01/09/2016 00:42
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carpet_bombing | 0 #471 |
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Citation :
Bon à jeun je relis, et je précise quand même que je parlais (je l'ai préciser) que je causais des Kurdes de Turquie, en moyenne 6 500 morts côté Turque, pour 30 000 côté Kurdes, sans assistance usa blabla, juste Kurde vs Turquie. Mais étant de bonne fois j'ai quand même préciser qu'il s'agissait de Kurdes Turque qui ne bénéficiaient pas de l'entraînement militaire des Kurdes Syriens donnés par la France usa Allemagne ! Sinon j'ai un problème jeune gens ! Mon réseau SFR est hs dans ma ville depuis 6 jours, pourriez vous me faire un résumé de l'actu, côté Alepp !? C'est très rare que mon réseaux refonctionner et j'ai plein de truc à faire, du coup je perds l'actualité. !!!
Contribution le : 01/09/2016 00:53
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Invité | 0 #472 |
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FantômeInvité
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Citation :
Non. Des civils sont déplacés. Pas des terroristes. La ville n'est pas habitée uniquement par des combattants. Faudrait peut être pas oublier ce point quand on analyse une guerre. Les combattants peuvent tous crever des deux côtés, j'en ai moins à foutre que la mort d'un civil. Et je sais que l'OSDH est assez ambiguë, mais l'autre source c'était la Turquie, que je crois encore moins vue son implication dans les combats et vue sa propension à mentir. @carpet_bombing rien de bien nouveau à Alep, toujours les mêmes escarmouches au Sud le long du corridor. Les SAA avancent dans l'école d'artillerie de Ramouseh. Les bombardements d'Assad continuent de tuer des enfants, sûrement tous terroristes eux aussi.
Contribution le : 01/09/2016 03:19
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Facedownassup | 0 #473 |
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Citation :
Je vois pas la différence avec ce que je t'ai répondu :bizarre:
Contribution le : 02/09/2016 00:44
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Invité | 0 #474 |
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FantômeInvité
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Citation :
Ok j'ai mal lu ta phrase, j'ai cru que tu considérais les habitants de la ville comme terroristes. Mais tu dis quand même n'importe quoi puisque ce déplacement forcé provient d'un accord entre les rebelles (qui se retirent) et les forces d'Assad. Le déplacement forcé était une condition de l'accord. C'est tout simplement du nettoyage ethnique de la part des forces loyalistes. J'espère qu'al Assad sera traduit en justice pour ça et les centaines de crimes internationaux à son actif. On peut toujours rêver.
Contribution le : 02/09/2016 00:55
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Facedownassup | 0 #475 |
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Citation :
J'aurais dit n'importe quoi si j'avais lu clairement que la nature de cet accord ne portait en rien sur les conditions humanitaires exécrables de la ville la rendant inhabitable, dixit un rebelle, lu dans le journal Le Parisien. Par contre parler de nettoyage ethnique maintenant, ça c'est pas être malin. Pour l'instant ils sont dans des centres d'hébergements. Et puis sortir cette notion de nettoyage ethnique voudrait dire que les milliers de civils qui restaient dans cette ville étaient forcément contre Assad. J'en sais rien, sors tes sources pour essayer de me convaincre.
Contribution le : 02/09/2016 01:37
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Alex333 | 0 #476 |
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Voici un article que j'ai trouvé intéressant : le témoignage d'un activiste de Daesh. Je copie l'article ci-dessous ... C'est permis de copier-coller ici l'intégralité d'un article d'un journal ?
Enquête. État islamique : comment tout a commencé (via Courrier International, relayé par MSN actualité) "Depuis sa création, tout ce que nous savons de l’État islamique (EI) nous vient de témoignages de ses ennemis. Son histoire nous a été racontée par ses adversaires qui le combattent en Irak et en Syrie, des civils traumatisés qui ont échappé à sa loi barbare, et quelques rares transfuges. Voilà qui est sur le point de changer, grâce au récit du Syrien Abou Ahmad [nom d’emprunt], membre de l’EI, qui était aux premières loges pour assister à l’ascension fulgurante de l’organisation terroriste et a côtoyé pendant plusieurs mois ses combattants étrangers les plus notoires. Son témoignage apporte un éclairage exceptionnel sur les manœuvres politiques d’Abou Bakr Al-Baghdadi qui ont permis à l’EI d’étendre son influence en Syrie, sur les efforts d’Al-Qaida pour enrayer la montée en puissance de l’organisation, et sur les armes terrifiantes sur lesquelles le “califat” autoproclamé a mis la main. Certains noms et détails ont été omis afin de protéger notre informateur. Abou Ahmad n’a jamais hésité un instant à soutenir l’insurrection syrienne. Issu d’une famille arabe sunnite conservatrice et religieuse, ce garçon né dans une ville du nord de la Syrie était encore étudiant quand la révolte a éclaté, en mars 2011. Dès le premier jour, il est descendu dans la rue pour participer aux manifestations contre le président Bachar El-Assad. “C’est la joie au cœur que nous avions assisté au soulèvement en Égypte, suivi par la révolution en Libye, explique-t-il. Nous espérions que ce vent de changement ne passerait pas à côté de notre pays.” À la mi-2012, lorsque l’insurrection dégénère en guerre civile, Abou Ahmad décide de prendre les armes. Il rejoint un groupe rebelle proche de la mouvance djihadiste qui compte essentiellement dans ses rangs des Syriens, mais aussi quelques combattants étrangers originaires d’Europe et d’Asie centrale. À l’époque, la composition des brigades change constamment : tous les deux mois, le groupe d’Abou Ahmad adopte un nouveau nom ou s’allie à d’autres rebelles djihadistes. Mais les factions se consolident peu à peu, et, au printemps 2013, Abou Ahmad choisit de rallier l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui vient de s’implanter officiellement en Syrie, sur fond de tensions croissantes avec le Front Al-Nosra. En juin 2014, l’organisation proclamera le “califat universel” et prendra le nom d’“État islamique”, afin d’afficher ses ambitions internationales. À ce jour, Abou Ahmad est toujours membre actif de l’EI et, à ce titre, il dispose d’une perspective unique sur les agissements et l’histoire de l’organisation. Témoin de l’intérieur Nous l’avons rencontré une bonne quinzaine de fois et avons passé plus d’une centaine d’heures à l’interroger en détail sur ce qu’il savait de l’EI et sur son engagement en tant que “soldat du califat”. Il a patiemment répondu à nos questions, nous a expliqué comment il avait rejoint l’EI, nous a révélé son organisation interne et l’identité des Européens venus combattre dans ses rangs. Nos entretiens duraient six heures par jour, par périodes d’une semaine. Abou Ahmad a pris d’énormes risques en acceptant de témoigner. Dans la mesure où il appartient toujours à l’EI, nous avons dû brouiller certains détails de sa vie afin de préserver son anonymat. Plusieurs raisons l’ont poussé à accepter de nous parler. Bien qu’il soit toujours membre de l’EI, il n’approuve pas toutes ses actions. L’organisation lui convient, car c’est selon lui le groupe sunnite le plus puissant de la région. Il déplore cependant qu’elle soit “devenue trop extrémiste” et il désavoue ses actes barbares, telles les crucifixions, immolations ou noyades de ses opposants et de quiconque transgresse sa loi. Abou Ahmad s’insurge ainsi contre un châtiment que l’EI a institué dans la ville d’Al-Bab, dans le nord de la Syrie : les djihadistes enferment dans une cage installée en plein centre-ville, sur la place de la Liberté, les civils syriens coupables de petits délits, comme la vente à la sauvette de cigarettes. Ils laissent croupir leurs victimes trois jours d’affilée dans cette cage, affublées d’un panneau autour du cou proclamant la nature de leur “crime”. Il commente : Aujourd’hui, la place de la Liberté a été rebaptisée place du Châtiment. D’après moi, ce type de sanction extrêmement sévère ne peut que nuire à notre image. C’est le genre de chose qui fait que l’État islamique inspire aux sunnites plus de crainte que de sympathie, ce qui n’est pas bon du tout.” À l’origine, poursuit-il, il espérait que l’État islamique deviendrait une “force unificatrice du djihadisme”, capable de fédérer les djihadistes sunnites sous une seule et même bannière. Il connaît de nombreux combattants étrangers et admire ces jeunes gens venus de Belgique et des Pays-Bas pour faire le djihad en Syrie. Ils ont tous abandonné des pays riches et tranquilles, et, alors que des dizaines de milliers de Syriens ont déboursé des sommes astronomiques pour échapper à la guerre et passer en Europe, eux ont fait le chemin inverse, de leur propre gré. “Ces étrangers ont quitté leur famille, leur maison, leur pays, et ont fait ce long voyage pour venir nous aider ici, en Syrie, s’émerveille-t-il. Ils ont vraiment sacrifié tout ce qu’ils avaient pour nous soutenir.” Il a pourtant très vite déchanté en découvrant certains côtés moins reluisants de l’organisation djihadiste. En premier lieu, loin de fédérer les djihadistes, l’organisation État islamique a fait naître des tensions avec d’autres groupes, et Abou Ahmad craint désormais que “la montée en puissance de l’EI ne conduise à une rupture avec le Front Al-Nosra et n’affaiblisse l’unité des forces djihadistes en Syrie”. En deuxième lieu, si certains combattants étrangers menaient une vie très pieuse en Europe, il découvre un autre groupe qu’il considère comme “des fous furieux” : ce sont pour la plupart de jeunes délinquants belges et néerlandais d’origine marocaine issus de familles déstructurées, qui étaient au chômage et vivaient en marginaux dans des banlieues marginales de villes marginales. La plupart de ces “fous furieux” ne savent strictement rien de l’islam, et pratiquement aucun n’a jamais ouvert le Coran. Ils sont venus se battre en Syrie soit par esprit d’aventure, soit pour se racheter de leur “existence dévoyée” dans les bars et les boîtes de nuit d’Europe. C’est le cas d’un certain Abou Sayyaf [nom qui signifie “le père du sabreur”], un djihadiste de Belgique qui parlait souvent de décapitations. Il a un jour demandé à son émir, Abou Al-Athir Al-Absi, l’autorisation de décapiter quelqu’un, expliquant simplement : “J’aimerais bien brandir une tête.” Sur place, on le surnommait “Al-Thabah”, “l’assassin”. Test de fiabilité En temps de guerre, la première victime est souvent la vérité. Les histoires qu’Abou Ahmad nous a rapportées sont tellement incroyables et témoignent d’une telle proximité avec les dirigeants de l’EI que nous avons voulu vérifier la fiabilité de notre informateur. Nous lui avons donc préparé un petit test. Puisqu’il affirmait connaître un grand nombre de combattants belges et néerlandais de l’EI, nous lui avons présenté une liste avec les photos d’une cinquantaine de djihadistes qui ont quitté leurs pays pour rejoindre la Syrie, et nous lui avons demandé de les identifier. Ses réponses ont confirmé qu’il connaissait effectivement très bien les djihadistes européens ralliés à l’État islamique : sous nos yeux, sans accès à Internet et sans aucune aide extérieure, il a passé en revue les photos et nous a donné le nom d’une trentaine d’hommes sans se tromper. Dans la plupart des cas, il ajoutait même quelques anecdotes sur tel ou tel individu. Quant aux autres, il a déclaré ne jamais les avoir rencontrés et ne pas savoir comment ils s’appelaient. Abou Ahmad a ensuite ouvert son ordinateur et nous a montré des photos et des vidéos personnelles de plusieurs combattants néerlandais, belges et d’Asie centrale en Syrie, et introuvables sur Internet. De telles images ne peuvent venir que de quelqu’un qui a une expérience profonde et personnelle des milieux djihadistes. Il a également prouvé qu’il avait eu accès aux coulisses de certains des actes de violence les plus spectaculaires de l’EI. Après la prise de Palmyre en [mai] 2015, il s’est rendu dans la ville du désert pour assister à l’exécution de plusieurs opposants à l’organisation dans un décor digne de Game of Thrones. Un jour de juillet 2015, sur la grande colonnade de la cité antique, deux combattants de l’EI – un Autrichien et un Allemand – ont exécuté deux personnes accusées d’être des soldats de l’armée syrienne. Ce n’était que l’une des nombreuses exécutions organisées à Palmyre : le 4 juillet, l’EI diffusait une vidéo montrant le spectacle sanguinaire d’adolescents abattant vingt-cinq présumés soldats du régime syrien dans le théâtre romain. Une vidéo inédite Quelques semaines avant la mise en ligne de la vidéo des effroyables exécutions perpétrées par l’Allemand et l’Autrichien, Abou Ahmad nous a fourni une photo de la scène. On y voit non seulement les deux prisonniers quelques instants avant qu’ils ne soient abattus, mais aussi deux membres de la cellule médiatique de l’EI en train de filmer la scène d’horreur. l’EI n’a jamais publié aucune photo du “making of” de ses exécutions. Il n’en existe pas une seule sur Internet. Le cliché fourni par Abou Ahmad est absolument unique en son genre – car pris en secret par un initié. Détail remarquable, l’un des deux cameramans qui apparaissent sur le cliché est Harry Sarfo, un citoyen allemand parti combattre avec l’EI en Syrie. Se disant déçu par l’organisation, il est rentré en Allemagne, où il est actuellement emprisonné. Dans le portrait qu’il lui a consacré, The New York Times raconte que des membres de l’EI ont demandé à Sarfo de “défiler devant la caméra en brandissant le drapeau noir de l’EI” pendant qu’ils tournaient la vidéo de propagande. Or la photo d’Abou Ahmad dément la version selon laquelle Sarfo n’aurait joué qu’un rôle accessoire dans cette production : si dans le film on le voit uniquement brandir le drapeau noir, la photo montre qu’il était l’un des deux hommes filmant les bourreaux s’apprêtant à exécuter les deux Syriens. Abou Ahmad n’a pas simplement observé de loin l’intensification de la guerre entre les djihadistes syriens : il a assisté de très près à ses débuts. La rupture entre le Front Al-Nosra et l’EI fut l’un des événements les plus marquants de la guerre de Syrie. Elle a provoqué une scission massive dans les rangs anti-Al-Assad et donné le coup d’envoi de l’ascension d’une nouvelle force djihadiste qui, sous l’impulsion d’Abou Bakr Al-Baghdadi, a fini par éclipser Al-Qaida. Abou Ahmad était aux premières loges lorsque ce divorce s’est produit. À la mi-avril 2013, à Kafr Hamra, ville du nord de la Syrie, il voit une voiture marron foncé se garer devant le QG du Majlis Choura Al-Moudjahidin (Conseil consultatif des moudjahidin), une faction djihadiste syrienne dirigée par Abou Al-Athir. L’un de ses amis, un commandant djihadiste, s’approche de lui et lui souffle à l’oreille : “Regarde bien à l’intérieur de la voiture.” Celle-ci n’a rien de spécial – elle n’est pas assez neuve pour attirer l’attention, mais ce n’est pas non plus une guimbarde. Elle n’est pas blindée et n’a pas de plaque d’immatriculation. Quatre hommes sont installés à l’intérieur. Abou Ahmad n’en reconnaît aucun. Le passager assis derrière le chauffeur porte une cagoule noire repliée sur la tête, comme une casquette, et surmontée d’un foulard noir qui lui retombe sur les épaules. Il a une longue barbe. Mis à part le chauffeur, tous les occupants tiennent une petite mitrailleuse sur les genoux. Abou Ahmad remarque que la sécurité n’a pas été renforcée à la porte du QG. Comme d’habitude, seuls deux hommes en armes montent la garde devant l’entrée. La connexion Internet du siège du Conseil consultatif des moudjahidin fonctionne normalement. Pour lui, c’est une journée comme une autre. Mais à peine les quatre hommes sont-ils descendus de voiture pour disparaître à l’intérieur du bâtiment que le même commandant djihadiste revient vers lui et lui glisse à voix basse : “Tu viens de voir Abou Bakr Al Baghdadi.” Capture d’écran diffusée sur Internet le 5 juillet 2014 montrant Abou Bakr Al-Baghdadi, dirigeant de l’organisation État islamique, dans ce qui serait sa première apparition publique, dans une mosquée de Mosoul, en Irak. Combattants de l’organisation État islamique (de gauche à droite) : Abou Al-Athir, émir du Conseil consultatif des moudjahidines ; Abou Chichan-Al-Belgiki, djihadiste belge d’origine tchétchène ; Abou Tamima Al-Fransi, un djihadiste français ; Omar Al-Chichani, chef militaire tchétchène. Photo Foreign Policy© Fournis par Courrier International Combattants de l’organisation État islamique (de gauche à droite) : Abou Al-Athir, émir du Conseil consultatif des moudjahidines ; Abou Chichan-Al-Belgiki, djihadiste belge d’origine tchétchène ; Abou Tamima… REUTERS/Social Media Website via Reuters TV Depuis 2010, Al-Baghdadi dirige l’État islamique en Irak (EII), branche d’Al-Qaida dans ce pays ravagé par la guerre. En 2011, il a envoyé Abou Mohammed Al-Joulani comme émissaire en Syrie, avec pour consigne d’établir le Front Al-Nosra dans le pays afin d’y mener le djihad. Jusqu’au début de 2013, l’État islamique en Irak et le Front Al-Nosra travaillaient main dans la main. Mais cela ne suffisait pas à Al-Baghdadi : il voulait fusionner les branches irakienne et syrienne d’Al-Qaida pour créer un groupe qui opérerait dans les deux pays – et qu’il dirigerait lui-même, bien entendu. Chaque matin, pendant cinq jours de suite, la voiture marron dépose Al-Baghdadi et son adjoint, Haji Bakr, devant le QG du Conseil consultatif des moudjahidin à Kafr Hamra. Avant le coucher du soleil, elle revient les chercher et emmène Al-Baghdadi passer la nuit dans un lieu tenu secret. Le lendemain matin, elle revient déposer les deux hommes. Les hommes les plus recherchés du monde Pendant ces cinq jours, à l’intérieur du bâtiment, Al-Baghdadi s’entretient longuement avec un groupe d’importants dirigeants djihadistes en Syrie. Ces hommes, qui sont parmi les plus recherchés du monde, se trouvent tous réunis dans une même pièce, discutant sur des matelas et des coussins posés au sol. On leur sert le petit déjeuner et le déjeuner : du poulet rôti ou grillé avec des frites, du thé et des boissons sans alcool. Al-Baghdadi, l’homme le plus recherché du monde, boit du Pepsi ou du Mirinda, une limonade aromatisée à l’orange. Il y a également là Abou Al-Athir, l’émir du Conseil consultatif des moudjahidin ; Abou Mesaab Al-Masri, un commandant djihadiste égyptien ; Omar Al-Chichani, djihadiste tchétchène venu de Géorgie ; Abou Al-Walid Al-Libi, un chef djihadiste libyen passé en Syrie ; Abed Al-Libi, un émir du groupe libyen Katiba Al-Battar [Brigade de l’épée du Prophète] ; deux chefs des services de renseignements du Front Al-Nosra ; et le lieutenant d’Al-Baghdadi, Haji Bakr. Combattants de l’organisation État islamique (de gauche à droite) : Abou Al-Athir, émir du Conseil consultatif des moudjahidines ; Abou Chichan-Al-Belgiki, djihadiste belge d’origine tchétchène ; Abou Tamima Al-Fransi, un djihadiste français ; Omar Al-Chichani, chef militaire tchétchène. © Fournis par Courrier International Photo Foreign Policy Abou Ahmad est fasciné de savoir ainsi rassemblés tant de hauts responsables. Pendant les pauses, il rôde autour du bâtiment et bavarde avec des gens qui assistent aux réunions. Les questions se bousculent dans son esprit : qu’est venu faire Al-Baghdadi en Syrie ? Pourquoi tous ces commandants et émirs sont-ils venus le rencontrer ? Et que se passe-t-il de si important pour qu’Al-Baghdadi en personne en discute pendant des journées entières ? Les réponses à ces questions se trouvent en fait dans un discours qu’Al-Baghdadi a prononcé quelques jours avant la rencontre de Kafr Hamra. Le 8 avril 2013, il a annoncé que son organisation s’était étendue à la Syrie, et appelé toutes les factions djihadistes syriennes – dont le Front Al-Nosra – à se soumettre à son autorité : Nous déclarons donc, avec l’appui d’Allah, l’annulation du nom d’État islamique en Irak et de celui du Front Al-Nosra, qui seront désormais regroupés sous un seul et même nom : l’État islamique en Irak et au Levant.” “Le cheikh est ici pour convaincre tout le monde de quitter le Front Al-Nosra et Al-Joulani, pour le rejoindre et s’unir sous la bannière de l’État islamique en Irak et au Levant, qui deviendra bientôt un État”, confie l’un des participants à Abou Ahmad. Pour parvenir à ses fins, Al-Baghdadi doit toutefois surmonter un problème de taille : les émirs assemblés lui expliquent qu’ils ont déjà, pour la plupart, prêté allégeance à Ayman Al-Zawahiri, successeur désigné par Oussama Ben Laden à la tête d’Al-Qaida. Comment pourraient-ils abandonner du jour au lendemain Al-Zawahiri et Al-Qaida pour se mettre sous ses ordres ? Selon Abou Ahmad, ils demandent alors à Al-Baghdadi si lui-même a fait allégeance à Al-Zawahiri. Celui-ci répond qu’il a effectivement prêté serment, mais que, à la demande d’Al-Zawahiri, il ne l’a pas déclaré publiquement. Il leur assure toutefois qu’il agit sur ordre du numéro un d’Al-Qaida. Les leaders djihadistes n’ont aucun moyen de savoir s’il dit vrai. Al-Zawahiri est peut-être la personne la plus difficile à contacter dans le monde – il n’a fait aucune apparition publique depuis des années et vit encore caché, sans doute quelque part au Pakistan ou en Afghanistan. Le principal intéressé n’étant pas là pour trancher le débat, les chefs djihadistes doivent décider par eux-mêmes. Si Al-Baghdadi est vraiment mandaté par Al-Zawahiri, ils n’ont d’autre choix que d’exécuter ses ordres et de rejoindre l’EIIL. Si en revanche il agit en franc-tireur, son projet de prise de contrôle du Front Al-Nosra et d’autres factions n’est rien de moins qu’un acte de mutinerie qui diviserait Al-Qaida et sèmerait la fitna, ou discorde, entre toutes les armées djihadistes. Créer ou ne pas créer un État Les commandants se bornent donc à lui prêter allégeance sous condition : “Si ce que tu dis est vrai, alors nous te soutiendrons”, lui disent-ils. Al-Baghdadi parle également d’instaurer un État islamique en Syrie. C’est fondamental, explique-t-il, car les musulmans doivent absolument posséder un dawla, un État. Il tient à ce que les musulmans disposent de leur propre territoire, à partir duquel ils puissent travailler et, à terme, conquérir le monde. L’idée de créer un État en Syrie ne convainc pas tous les participants. Depuis ses origines, Al-Qaida a toujours opéré dans l’ombre, indépendamment de tout État. Elle n’a jamais ouvertement contrôlé le moindre territoire, préférant lancer ses actes de violence à partir de bases secrètes. La clandestinité présente en outre un avantage non négligeable : tant que ses membres restent terrés, il est très difficile à l’ennemi de les trouver, de les attaquer ou de les détruire. Or, comme le soulignent les chefs djihadistes au cours des pourparlers, s’ils se constituent en État, l’ennemi n’aurait aucun mal à les débusquer et à les attaquer. Un État doté d’un territoire bien défini et d’institutions serait une cible facile. Avant même l’arrivée d’Al-Baghdadi, Abou Al-Athir, l’émir du Conseil consultatif des moudjahidin, a prévenu ses troupes qu’il est totalement opposé au principe de création d’un État : Certaines personnes évoquent cette idée insensée. Il faudrait être fou pour proclamer un État en pleine guerre.” Omar Al-Chichani, le chef militaire tchétchène, est tout aussi hésitant, rapporte Abou Ahmad. Si Oussama Ben Laden s’était caché pendant toutes ces années, ce n’était pas pour rien – c’était pour éviter de se faire tuer par les Américains. Établir un État serait une invitation ouverte à une attaque de l’ennemi. En dépit des réticences de beaucoup de ses interlocuteurs, Al-Baghdadi persiste. Pour lui, créer et diriger un État est essentiel. Jusqu’à présent, les djihadistes étaient contraints de se déplacer en permanence, incapables de contrôler leur propre territoire. Il plaide pour des frontières, des citoyens, des institutions, et une administration efficace. Abou Ahmad résume son raisonnement : Si un tel État islamique peut survivre dans sa phase initiale, il durera éternellement.” Al-Baghdadi a un autre argument massue : un État offrirait un refuge aux musulmans du monde entier. C’est parce qu’Al-Qaida opérait dans l’ombre qu’il était si difficile aux musulmans ordinaires de rejoindre ses rangs. Un État islamique pourrait en revanche attirer des milliers, voire des millions de djihadistes unis pour la même cause. “Al-Baghdadi et d’autres chefs djihadistes comparaient cela à la hijra [“hégire”], la migration du prophète Mahomet de La Mecque à Médine pour échapper aux persécutions”, rapporte Abou Ahmad. Les dirigeants djihadistes débattent longuement des modalités de fonctionnement d’un tel État, se demandent comment il gérerait sa population, quel serait son objectif et ce qu’il ferait des minorités religieuses. Au terme de plusieurs jours de discussion, tous les participants, jusqu’aux plus sceptiques comme Al-Athir, Al-Chichani et les deux chefs du renseignement du Front Al-Nosra, consentent au plan d’Al-Baghdadi. Ils ne posent qu’une condition : que le nouvel État soit proclamé en totale collaboration avec le Front Al-Nosra et le mouvement Ahrar Al-Cham, un autre groupe rebelle djihadiste. Al-Baghdadi accepte. L’étape suivante consiste à prêter serment sur-le-champ. Un à un, ils défilent devant Al-Baghdadi, lui serrent la main et prononcent la formule suivante : “Je prête allégeance à l’émir des croyants, Abou Bakr Al-Baghdadi Al-Qurashi, je m’engage à le suivre et à lui obéir, dans la vigueur et l’impulsion, dans le dénuement comme dans l’abondance, à toujours privilégier ses préférences sur les miennes, et à ne pas contester les ordres de ses lieutenants, à moins que je ne constate une impiété manifeste.” Après quoi, Al-Baghdadi demande à chaque commandant de lui amener quelques-uns de ses combattants. Abou Al-Athir, le chef du Conseil consultatif des moudjahidin, fait venir des Belges, des Néerlandais et des Français combattant sous ses ordres. Parmi les étrangers qui rencontrent personnellement Al-Baghdadi et lui jurent fidélité figurent le fameux Abou Sayyaf, alias “l’assassin”, le Belge Abou Zubair, Abou Tamima Al-Fransi, un djihadiste français qui sera tué en juillet 2014, et le Belge Abou Chichan-Al-Belgiki, un beau blond d’origine tchétchène, recherché en Belgique pour sa participation supposée à des décapitations. “Une majorité écrasante de combattants” Quelques heures plus tard, les Européens – pour la plupart des petits délinquants qui, récemment encore, sévissaient dans les rues d’Amsterdam, de Bruxelles ou de Paris – racontent tout excités à leurs compagnons d’armes comment ils ont fait allégeance, ou bayah, à Al-Baghdadi. Beaucoup leur emboîtent le pas. Notre informateur, Abou Ahmad, prête lui-même allégeance à Abou Al-Athir dès le surlendemain. À partir du moment où l’État islamique en Irak (EII) devient l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), tous les groupes ou factions qui le rejoignent cessent d’exister sous leur nom. Pour le Front Al-Nosra et son dirigeant, Abou Mohammed Al-Joulani, ce nouveau mode de fonctionnement n’annonce rien qui vaille : il signera la fin de leur influence sur le plus grand champ de bataille djihadiste du monde. Al-Joulani interdit donc à ses partisans de rejoindre l’EI et leur ordonne d’attendre qu’Al-Zawahiri publie un avis officiel précisant à qui il incombe de diriger le djihad en Syrie. Mais une grande majorité de ses commandants et combattants en Syrie ne suivent pas. Quand Abou Ahmad se rend à Alep, quelques semaines plus tard, 90 % des combattants du Front Al-Nosra ont déjà rejoint l’EI. Les nouvelles recrues d’Al-Baghdadi ordonnent au dernier carré de fidèles du Front Al-Nosra d’abandonner leur base à l’hôpital d’Al-Oyoun. Toujours selon Abou Ahmad, ils leur annoncent : Vous devez partir ; nous représentons le dawla [l’État] et nous regroupons une majorité écrasante de combattants. Désormais, ce quartier général nous appartient.” Dans toute la partie nord de la Syrie, l’organisation de Al-Baghdadi prend possession des bases du Front Al-Nosra, de ses caches de munitions et de ses dépôts d’armes. Contre toute attente, la filiale d’Al-Qaida en Syrie doit soudain se battre pour pérenniser son existence même. Une ère nouvelle vient de s’ouvrir : l’ère de l’État islamique."
Contribution le : 02/09/2016 01:40
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carpet_bombing | 0 #477 |
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Je masterise !
Inscrit: 12/05/2015 11:43
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Thx jeremyone ! Ma connexion semble refonctionnée, on va voir ça
Concernant Alep, vu le nombre de combattant disponible de chaque côté je me demande comment la zone vas se faire rasée avant d'être définitivement conquise ???? Et concernant nos "amis" les Turques, ont ils frappés les Kurdes de l'autre côté de l'Euphrate ? Je trouve rien la dessus mais je préfère demander.
Contribution le : 02/09/2016 03:54
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Invité | 0 #478 |
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FantômeInvité
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Citation :
Je n'ai rien vu de tel. Je pense que ça passerait très mal avec les US. Je lis même que les Turcs stoppent leur progression vers Manbij dû à la détermination kurde et les pressions US, mais je n'arrive pas à recouper, et ça m'étonne grandement. L'info du moment c'est des clashs à la frontière turque à Kobane. La police turque a tué un gamin de 17 ans, et blessé 40 personnes. Je ne saisis pas bien les circonstances pour l'instant.
Contribution le : 02/09/2016 13:06
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Vyserk | 0 #479 |
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Je viens d'arriver
Inscrit: 30/03/2008 23:05
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En effet, il y a des affrontements à Kobane : https://twitter.com/mutludc/status/771690425677676544/video/1
Contribution le : 02/09/2016 18:14
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carpet_bombing | 0 #480 |
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Je masterise !
Inscrit: 12/05/2015 11:43
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Ok ok !
Sinon il me semble qu'il y'a des combats au nord de Raqqa, YPG contre membre arabe des SDF, mais je ne sais pas trop pourquoi...
Contribution le : 02/09/2016 18:45
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