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Loom-
 0  #21
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@Arsenick


A propos de ton EMI, si cela n'est pas trop personnel/privée autre pour en parler (dans le cas contraire pas de soucis je peux le comprendre), ton expérience était elle , globalement, positive ?

Contribution le : 13/11 19:46:45
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Merci à Sebmagic et Baba Yaga.
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yvasnil
 0  #22
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@Sebmagic Un concept nommé " la mer des ames " ( les bons reconnaitront ) veut que les souvenirs resonnent pour l éternité dans gros océan métaphysiques  et qu a force même l ame se "dissout?" et qu il ne reste plus que des souvenirs puis des sensations , qui , une fois  passé un seuil de "poids" critique se réincarne dans le/les univers physique , une espèce de physique quantique et de niveau d énergie des sentiments ...

Si ca peut te rassurer , je pense sincèrement que la loi de lavoisier  ( rein ne se perd , rien ne se cree ,tout se transforme ) est valable aussi pour les sentiments ... ou les souvenirs ....

Contribution le : 13/11 22:27:45
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Arsenick
 4  #23
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@Loom- Je ne sais pas si frôler la mort peut être considérer comme positif 😃

Plus sérieusement et sans (trop) de détail, j'ai fait une tentative de suicide par strangulation à 10 ans (c'est p'tet le seul truc sur lequel j'ai été précoce ^^).
Selon l'estimation du médecin, la tête a dû rester entre 3 et 4 minutes sans apport d'oxygène, sachant qu'à partir de 2'/2'30 le cerveau commence à avoir des séquelles irréversibles et la mort cérébrale survenant généralement dans les 5', médicalement rien n'explique que j'en soit sorti avec un cerveau intact (enfin pas pire qu'avant dirait les mauvaises langues :D). 

De ce que j'en retire, c'est surtout une vision différente de la vie parce que tout ce que je vis maintenant c'est du bonus vu que j'aurais du mourir ou, au mieux, être dans un état fortement dégrader. Je le dis souvent en rigolant que "je suis tellement casse burne que même la mort n'a pas voulu de moi" ou "Je suis mort depuis des années mais je suis trop têtu que pour l'accepter" et clairement je n'ai aucune peur de la mort parce que, de ce que j'en ai vu, c'est calme et indolore (pourtant un état de cyanose est douloureux).

PS: pour ceux qui se poserai la question de pourquoi je parle aussi ouvertement et sur un ton aussi léger de ma tentative de suicide : c'était il y a plus de 30 ans et le temps où j'en avait honte est révolu depuis longtemps, cela fait partie de moi et de ce que je suis aujourd'hui.

Contribution le : 14/11 13:09:39
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JCM77
 1  #24
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@Arsenick tu connais donc cette sensation où l'on sent ses oreilles qui bourdonnent de plus en plus, les yeux qui semblent vouloir sortir de leurs orbites, la respiration qui devient de plus en plus compliquée, et ce tambour de plus en plus violent dans la tête qui tape, qui tape... Cette sensation de douleur mais après laquelle tu sais que tu vas passer de l'autre côté... ou pas...

Contribution le : 14/11 13:21:48
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Loom-
 0  #25
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@Arsenick

Ah non non ce n'était pas de sens ça là, bien-sûr que frôlé la mort n'est pas positif, je parlais précisément d'une expérience EMI , visions/spirituelle au delà de toute compréhension humaine suite a un décès clinique, dans ce domaine selon certaines personnes soit c'était mauvais : visions d'horreur , enfers, mal être et plus et pour d'autre positif : bonheur indescriptible , faire partie d'un tout , bien être , changement totale de la conception de la vue par la suite .


Merci tout de même pour ton explication assez personnelle .

Contribution le : 14/11 13:49:27
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Merci à Sebmagic et Baba Yaga.
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Arsenick
 1  #26
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@JCM77 Non, je n'ai aucun souvenir de sensation physique (j'ai bien le souvenir des "visions" ) entre le moment où je me laisse tomber et le moment où je reprend pleinement conscience.
Par contre quand je reprend conscience, j'ai la tête qui tourne au point d'en avoir la nausée (j'ai vomi du sang à l'hôpital tellement j'avais de veine éclatées), j'ai mal aux muscles à chaque mouvements, j'ai froid et je suis mouillé (les spasmes musculaire des sphincters, je ne vais pas faire de dessin...).
Comme quand je suis sorti d'une anesthésie général mais en pire.

@Loom- J'ai eu les 2 :
Une vision douce et apaisante au début (le fameux tunnel avec l'impression qu'on m'attend au bout) puis j'en entendu la voix de ma mère qui m'appelai faiblement comme si elle était loin et à ce moment la je me suis dit "il faut que j'aille voir ce qu'elle veux" et la il y a eu une espèce de cassure car une scène que j'avais vécu chez mes grand-parent c'est mise à tourner en boucle en s'accélérant et c'est à ce moment la que j'ai ouvert les yeux avec les sensations décrite ci dessus.

Contribution le : 14/11 17:01:37
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JCM77
 2  #27
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@Arsenick ah d'accord. Je comparais avec mon expérience personnelle.

J'avais 16 ans. J'ai été lâche, j'ai desseré l'écharpe qui m'étranglait... C'est la première fois que j'en parle.

Contribution le : 14/11 17:23:35
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Sebmagic
 0  #28
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@JCM77 Pourquoi lâche ? Si bien sûr tu te sens assez à l'aise pour développer.

Contribution le : 14/11 17:30:29
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JCM77
 0  #29
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@Sebmagic il ne se passe pas une semaine sans que je regrette d'avoir arrêté. Sauf que j'ai construit ma vie, et en finir détruirait beaucoup de personne (enfin, ma femme et mes enfants...).

J'arrête là, on s'éloigne de ton sujet initial... 😉

Contribution le : 14/11 17:46:06
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Sebmagic
 1  #30
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Citation :

@JCM77 a écrit:
@Sebmagic il ne se passe pas une semaine sans que je regrette d'avoir arrêté. Sauf que j'ai construit ma vie, et en finir détruirait beaucoup de personne (enfin, ma femme et mes enfants...).

J'arrête là, on s'éloigne de ton sujet initial... 😉


Comme tu veux, mais si jamais t'avais besoin d'en parler davantage, alors ce topic pourrait être utilisé dans ce but.

Contribution le : 14/11 18:05:58
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Arsenick
 3  #31
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@JCM77 Il n'est pas question de courage ou de lâché, juste de souffrance et des limites de ce que l'on peut supporter.

Personnellement je me suis promis de ne pas recommencer tant qu'il y aurait au moins une personne pour pleurer ma mort. Et j'ai eu des jours où tenir cette promesse était difficile, d'autant que les suicidaires c'est comme les camés : le corps n'oublie jamais donc on glisse plus facilement sur la pente...

J'ai un suivi psychologique depuis 4 ans maintenant et le plus dur c'est d'admettre qu'on a besoin d'aide parce qu'on y arrive pas seul.
Le sujet est encore tabou mais il n'y a aucune honte à vouloir aller mieux.
Comme dirait Orelsan : "Quand tu as le désert a traversé, il n'y a rien d'autre à faire que d'avancer".

Contribution le : 15/11 13:52:15
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JCM77
 0  #32
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@Arsenick j'entends très bien ce que tu veux dire oar "au moins une personne pour pleurer ma mort". C'est ce que je voulais dire dans mon post précédent, avec ma femme et les enfants. Mais en réalité, c'est la double peine : "d'abord je ne vais pas bien et j'en souffre. Et ensuite par sacrifice pour ne pas blesser ces personnes, je reste là avec ma souffrance ". Mais qu'est ce qu'ils font pour moi, ces Autres ?

Contribution le : 15/11 16:26:01
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alfosynchro
 2  #33
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Citation :

@Arsenick a écrit:
J'ai un suivi psychologique depuis 4 ans maintenant et le plus dur c'est d'admettre qu'on a besoin d'aide parce qu'on y arrive pas seul.


Hier, j'ai trouvé une image qui peut illustrer ce que tu as écrit :
"Je suis le tableau, toutes les réponses s'y trouvent et y sont écrites ; mais comme je suis le tableau, je ne peux pas me lire moi-même, alors j'accepte que quelqu'un de compétent m'aide à les percevoir autrement."

Je connais ça aussi (tentative de suicide), mais je n'ai pas encore fait de EMI. Ce n'est effectivement pas une question de lâcheté, notre être est programmé comme cela, et les pulsions de vie sont parfois beaucoup plus fortes que les pulsions de mort. La volonté n'y peut pas grand chose, c'est géré par l'inconscient, notre cerveau reptilien.

Citation :

le corps n'oublie jamais donc on glisse plus facilement sur la pente...


Tout à fait, ou comme les alcooliques ; si tu as été alcoolique alors ton être est prédisposé à rechuter plus facilement même après dix ans d'abstinence.

Je connais ça aussi (tentative de suicide), mais je n'ai pas encore fait de EMI.


@Sebmagic
Contrairement à toi, je n'ai pas peur que les souvenirs disparaissent, peut-être même : au contraire, dans les moments les plus sombres.

Contribution le : 15/11 18:28:49
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Kilroy1
 3  #34
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Citation :

@alfosynchro a écrit:
Hier, j'ai trouvé une image qui peut illustrer ce que tu as écrit :
"Je suis le tableau, toutes les réponses s'y trouvent et y sont écrites ; mais comme je suis le tableau, je ne peux pas me lire moi-même, alors j'accepte que quelqu'un de compétent m'aide à les percevoir autrement."


C'est très beau et plein de bon sens !

Contribution le : 15/11 20:09:32
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Vassili44
 2  #35
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Hello,

Je ne vais pas forcément mettre l'ambiance ici, désolé. Mais il y a quelques jours j'appelais SOS suicide pour la première fois de ma vie, me réveillant un matin avec plus goût du tout à la vie, après un combat qui dure depuis bientôt 2 ans (dans sa partie la plus hard, alors que ça fait bien plus longtemps que je me bats évidemment...).

Déjà, je tiens à dire que la femme sur qui je suis tombé a été super. Mais aussi "super" qu'elle puisse être, ça ne m'aurait pas sauvé, car rien ne pouvait le faire. J'admets que l'idée de faire souffrir ma copine m'était si insupportable, que ça a freiné mes ambitions de mort bien souvent, mais ce n'est pas ça qui m'aurait empêché.

Parfois on parle de lâcheté de se tuer, je parlerais plutôt d'ignorance de ceux qui disent ça et même dire "j'ai déjà été en dépression" ne veut absolument rien dire. J'ai déjà été deux ou trois fois en dépression avant de vivre celle-ci (dont une où j'ai eu envie de me suicider, d'autres avec séjour en HP et des pensées suicidaires récurrentes), je peux vous dire que j'étais à 2/10 niveau souffrance, si je compare à mon gros 9 à 10/10 que j'ai atteint dernièrement.

Je dis ça car c'est frustrant de s'entendre dire par quelqu'un qui a déjà vécu la dépression "Je connais", alors qu'au fond, on sait qu'il ne connait pas... Mais ce que j'ai remarqué, c'est que la souffrance extrême est muette, affreusement muette. Je ne pouvais que "crier" que dans les moments où cette souffrance se calmait un peu, et encore, j'étais tellement choqué que j'en perdais mes mots...

Je pense que beaucoup de gens ne savent pas à quel point on peut souffrir de dépression et ceux qui le savent ne peuvent pas en parler, soit parce qu'ils sont trop dedans, soit parce qu'ils n'ont pas les mots pour le décrire, car comment décrire ça ?

J'aime écrire et écrire ce qui ce passe dans ma tête (ou dans la tête d'un personnage que je crée) c'est ce que je fais de mieux, mais là, je suis assez bloqué face à ce défi..

En tout cas, je suis toujours triste de voir d'autres personnes souffrir de ce qui a pu m'arriver, car au fond, compris ou pas, je préfèrerais être le seul à vivre et avoir vécu ça... Mais, bien que naïf, je ne le suis pas à ce point-là...

Ce que je disais à la dame de SOS Suicide, c'est que j'avais une folle envie de vivre (alors que c'était elle qui me manquait dans mes autres épisodes dépressifs, comme quoi la dépression...), mais la souffrance psychique est telle que je vais être obligé, contre mon gré, de me tuer. C'était ça, le pire, c'était ce qui me poussait à vivre qui en même temps me poussait vers la mort ; et se voir glisser dans ce gouffre sans rien pouvoir y faire. Espérant simplement un miracle, que ça s'arrête.

Vos mots me touchent en tout cas.

Contribution le : 15/11 21:11:30
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Swe_33
 0  #36
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@Vassili44

Je vais paraître insensible, mais crois bien en ma bonne foi. Au gré des descriptions de tes ressentis vis a vis de ta souffrance, je me dis que je n' arrive pas a ressentir/comprendre/être empathique. Je n' arrive pas a me figurer ce dont tu parles, et pour une raison simple : c est quoi une souffrance psychique ?? C est quoi qui te fait souffrir ?
Bien sûr que la souffrance n est pas que physique. On peut souffrir a cause d' un deuil, d un chagrin amoureux, de la solitude, d un sentiment d infériorité, que sais-je. Mais en te lisant, je n'arrive pas a coller quoi que ce soit sur ce que tu décris. A te lire, tu as l air de simplement souffrir, et c est tout. Mais si c est le cas, il y a bien un raison non ? Le corps ne souffre, lui, pas sans raison !

Je me souviens que tu décrivais que tu étais agoraphobe. Ca je peux me le figurer. Mais il n' a pas l'air d être question de ça depuis quelques mois. Du coup je ne vois pas et tes messages ne font pas sens en moi. T'es pas obligé hein, mais tu pourrais essayer de me faire comprendre la source ou la nature de ta souffrance ? J ai l impression que je passe a côté de qqchose.

Contribution le : 16/11 11:12:16
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Vassili44
 0  #37
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@Swe_33,

Je comprends bien ce que tu dis. Et c'est bien le cœur de mon propos. Car il y a des souffrances que l'on imagine pas, qui sont indescriptibles car il faut les vivre pour en comprendre toute la dimension, tout ce qu'elles engendrent. C'est bien de cet indicible dont je parle dans mon message.

Quand on me demande un peu d'expliquer, je réponds souvent "Tu ne peux pas savoir et ne pas savoir est ta grande chance", car, j'ajoute généralement "Il y a des choses qu'il ne vaut mieux jamais connaitre". Et, quand je discutais avec la dame de SOS Suicide, quand j'en parlais avec mon psy, je n'essayais pas d'expliquer. Expliquer quoi ?

Je disais simplement, et à cette femme, et à mon psy, "Je ne savais pas ce qui pouvait pousser au suicide, sans que l'on puisse rien n'y faire... et maintenant je sais, et j'aimerais ne jamais avoir su...". En ajoutant que je rêverais d'être à leur place et de me regarder, en me disant, au fond, "C'est à lui que ça arrive, mais pas à moi". Mais c'était à moi que ça arrivait.

Ce que je ressentais alors ? Ce qui rend ça difficile à décrire, si en plus ça ne l'était pas déjà assez, c'est que les symptômes variaient en permanence, changeaient de forme, changeaient d'endroits même, créaient d'autres idées, d'autres détresses... et en plus, ils n'étaient pas seuls, ils étaient là avec d'autres symptômes, qui eux-mêmes ne faisaient que bouger. Tout ça dans des contextes qui amplifient la détresse, contextes changeant en permanence. Si jamais je discutais avec une personne (imaginons un soignant) pour lui expliquer mes symptômes à 8h du matin, à 12h ce que je ressentais était bien différent, mais tout aussi souffrant. Le lendemain, des symptômes seraient sans doute revenus, avec des différences, mais d'autres seraient partis et remplacés par autre chose, toujours aussi difficile à décrire...

Le matin j'allais courir, par exemple. Je m'étais levé suite à une nuit de cauchemar où j'avais eu à la fois très chaud au point de transpirer, et très froid en même temps, où je n'arrêtais pas de trembler. Je pensais à ma vie, au vide de ma vie, un vide qui n'est pas que la vision actuelle de ma vie, mais une vision qui émane du passé et qui revient me hanter.

Je traverse cette nuit difficile, dans un contexte de solitude, dans un contexte où je sais que personne ne peut m'aider, car les peurs m'ont rendu inaccessible à l'aide (peur de tout, peur de dehors, peur des soignants, peur des bruits, peur des médicaments, peur d'être maltraité...) et toutes les barrières possibles pour être sûr que je revive bien mon enfance, la solitude qui m'a suivi tout le long.

Je me réveille et je vois que un raie de lumière sous ma porte et suis terrifié, j'ouvre de grands yeux et je me dis "Oh non, oh non !". Quelque chose en moi est terrifié de sortir de ma chambre et de voir la lumière du jour, de voir le ciel par la fenêtre et je sais que je dois me lever, car je suis seul et que je ne peux pas m'offrir le luxe d'aggraver ma situation. Il faut que j'avance, chaque jour.

Une phrase d'ailleurs que je me disais souvent au réveil c'est "Je suis vivant", surpris d'ajouter un jour à la liste des jours où je serais encore en vie. Dans ces conditions extrêmes, je ne pouvais pas me projeter jusqu'au lendemain, parfois, je vivais juste heure après heure me répétant en boucle, ça va cesser, ça va cesser.

Qu'est-ce qui va cesser ? L'horreur. Le cauchemar à l'envers. D'habitude, on se réveille d'un cauchemar pour trouver la vie rassurante, moi je me réveillais dans un cauchemar... si tant est que je dormais pas dedans non plus. Comment décrire l'horreur ? Tous mes cauchemars d'enfant (et vécus) me revenaient. Je découvrais mon histoire à rebours, je découvrais ce que l'on m'avait fait, je découvrais la détresse vécue, oubliée et je savais au fond, que je n'y survivrais pas. J'étais en train de mourir d'une lente agonie sans que l'on puisse m'aider.

Alors le matin, je sors de ce lit, car je ne peux éviter le monde, la vie, bien que le monde me fait peur. Et quand je sors m'asseoir sur mon canapé, je regarde avec crainte par la fenêtre et là c'est l'horreur. Tout me fait peur. Le ciel me semble être un monstre, je tremble de terreur en le regardant. La transparence de la lumière semble venir d'un lieu que je connais, mais que j'ai toujours prié pour ne plus jamais le connaitre. Tout me semble étranger dehors, c'est le même monde, mais il manque quelque chose de fondamental. J'ai su, plus tard, que c'était l'affect qui manquait, voilà, c'était ça, c'est le même monde, mais il manque l'affect. Je ne ressens aucune émotion positive pour ce monde, que de l'horreur, il est étranger et ça, je l'ai déjà ressenti dans mon enfance...

Je suis en colère, triste, je pleure, car j'aurais voulu dormir encore, mais il est trop tôt. Comment je vais occuper cette journée ? Je vais courir, mais je sais que je vais cogiter encore et encore, que je serais mal et que des idées noires vont ne faire que me traverser l'esprit.

En plus de la terreur, je suis figé. Je sens mon corps se crisper, prêt à lâcher, prêt à craquer. Le moindre bruit me ramène dans le passé et me fait flotter. Une odeur me surprend, si je change d'habitude, et me fait ressentir quelque chose que j'ai déjà senti dans mon enfance, puis ça me donne un profond dégoût. Mon cerveau me picote, je ressens des aiguilles qui me transpercent. Je fais quoi ? Je regarde mes bras et je me sens flotter. Je ne sens plus mon corps, je me touche, je ne sens plus mon corps.

Je suis pris par mille pensées. Je voudrais que ça s'arrête. J'ai peur et je me dis "Ca va aller, ça va aller". J'essaie de me rassurer. Mon cerveau me fait mal. Il m'envoie des chocs électriques dans tout le corps et mon corps se fige, chaque mouvement devient difficile. Allez je vais courir, ça ira peut-être mieux...

J'y vais avec mon vélo. Je suis mieux pendant le court trajet jusqu'à mon vélo, qui dure 1 min. Je me dis que peut-être ça ira bien. Je pose mon vélo et là je fige à nouveau, il y a quelqu'un qui vient dans ma direction, je me dis "Allez !", parce que j'ai peur, c'est comme s'il venait m'agresser, "Allez !".

Je commence à courir, mais mon corps est épuisé, il a du mal à me porter. Le soleil perce à travers les nuages et change ma vision du monde, tout devient étranger, le monde bascule et redevient instable. Mon cerveau me laisse tranquille, un peu, même si j'ai des idées dans la tête, je rumine, car je cherche des solutions à un problème insoluble. Des phrases comme "Tu vas mourir", ou "Comment c'est possible que tu sortes de là ?" n'arrêtent pas de me traverser l'esprit.

Puis je pleure. Je regarde les gens et je me dis "S'ils savaient..." et l'envie de demander de l'aide me tiraille parfois... De me jeter à terre implorant et de dire "Aidez-moi, j'en peux plus !", mais je sais qu'on ne peut pas m'aider. C'est tout le drame. J'ai essayé, mais y'a pas de solutions. "Oh mon Dieu ! Non, y'a pas de solutions ? Oh mon Dieu, je t'en supplie, aide-moi, délivre-moi de tout ça !".

Je continue de courir à 2 à l'heure. Mes jambes me portent à peine. Je n'ai pas beaucoup dormi, j'ai encore perdu du poids. Je me dis "Ca va peut-être aller... ça va peut-être aller.." entre deux pensées qui me disent l'inverse. Je sens mon ventre qui me travaille, comme peut le faire le cerveau souvent, puis quelque chose bouge dans mon ventre (comme lors de la digestion) et je sens un truc qui me fait mal, mais un mal psychique, une douleur profonde et insupportable. Je me dis "Oh non !" Car je me sens à la merci de mon corps, un petit truc bouge dans mon corps, dans mon ventre ou mon cerveau et c'est le calvaire. Car j'ai déjà vécu ça. Et là, je vais enchainer pendant 4h d'un mal-être tellement profond que quand j'en sors, je suis sonné, choqué... et je me dis "J'ai survécu à ça !? Comment j'ai survécu à cette douleur ?". Et l'onde de ce choc se propage des jours durant, parce que je sais qu'un mouvement dans mon ventre ou dans ma tête peut créer un profond mal-être, une détresse déjà ressenti, enfant, car ça me semble toujours familier... et c'est ma vision du monde qui se trouve bouleversé.

Alors le reste de la journée n'est pas mieux. Si j'ai de la chance, je pourrais dormir 1h voire 1h30 vers 13h /13h30 pour sortir un peu de tout ça. Généralement les siestes sont plus douces... Puis quand je me réveille de mes siestes, car je veux dormir aussi le soir, je me dis toujours "Bienvenue en enfer", car je sais ce qui m'attend.

Dans la journée, je suis déclenché en permanence. C'est traumatique, ça veut dire que je suis toujours en hypervigilance et qu'un rien "odeur, bruit..." (quand je dis un rien, c'est un rien...) peu me déclencher. Je ressens une sensation du passé, une ancienne détresse et je me fige, je suis figé du corps, recroquevillé, mais comme verrouillé. Et je ressens la même détresse que par le passé. Je suis affolé, car j'ai besoin d'aide, mais y'a pas d'aide, je suis seul au monde, en plus, quand je regarde dehors, tout me fait peur. Je regarde le ciel, les nuages me terrifient "Oh mon Dieu, mais qu'est-ce qui m'arrive ?".

Parfois, je suis obligé d'attendre le reste de la journée sans rien faire, pour me protéger car tout me déclenche et me rend incroyablement mal. Alors je reste là, à attendre que ça passe, à attendre que 22h arrive pour que j'aille dormir, si j'y arrive... Si j'ai de la chance je peux lire et même regarder une série, mais souvent, dans ces cas-là, je ne peux que lire (ce qui est déjà bien...), mais lire pendant 7 ou 8h d'affilée, je ne le peux pas. Alors je suis dans ma chambre, cloitré, à la bougie, et j'attends que 22h arrive.

Et les journées s'enchainent comme ça, avec des symptômes plus nombreux que ceux décrits ici, parfois moins forts, souvent aussi forts voire plus forts. Toujours à la limite du supportable. Mais un espoir que j'essaie de garder en tête, que ça va finir, que ça va finir. Je revis mes traumatismes d'enfance, mais ils ne sont pas infinis ? Je regarde des symptômes diminuer, ou partir, ou des scénarios qui me faisaient peur, qui était revenus du passé, qui ne sont plus là, alors je me dis "Je guéris, je guéris..." mais parfois je n'y crois plus et je me dis simplement "Je suis en train de mourir" et je pleure, je pleure, mon ventre se déchire par la terreur extrême, je tremble... je tremble... j'ai des bouffées de chaleur de terreur, mais que faire ? Alors, au bout d'un moment, ça se calme et me laisse les yeux grands ouverts, choqué. Puis l'espoir renait par moment... avant de couler à nouveau face à de nouveaux symptômes pires qu'avant.

Je ne sais pas si ça décrit mieux. Ce n'est pas simple de décrire ça pour moi.

Contribution le : 16/11 14:03:42
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Sebmagic
 1  #38
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Citation :

@Vassili44 a écrit:

Je ne sais pas si ça décrit mieux. Ce n'est pas simple de décrire ça pour moi.


Tout est parfaitement clair et surtout, écrit avec une très belle plume. Même si paradoxalement, cette plume décrit des choses sombres, je persiste à dire que tu pourrais occuper tes journées à décrire toutes ces sensations sur papier ou numériquement. Que ce soit pour toi, ou même pour les autres car, comme tu le dis, les personnes qui ne vivent pas ce que tu vis (donc une extrême majorité de la population) sont dans une ignorance totale du sujet. Ton regard sur le sujet, vécu de l'intérieur, est passionnant à lire.

J'ignore si l'idée d'écrire peut être thérapeutique pour toi, mais je pense que ça peut valoir le coup : elle n'a que des points positifs. C'est une activité que tu peux faire reclus lorsque tu ne te sens pas capable d'affronter le monde, ou au contraire en extérieur les jours où tu le sens. Admettons que tu parviennes à sortir, t'assoir sur un banc, le fait de te plonger dans l'écriture peut te permettre de t'immerger dans un autre monde, tout en restant connecté d'une certaine manière avec le monde qui te fait peur.

Ce que je raconte sonne sûrement cliché, tu vas sûrement me dire que tu y as déjà pensé, que tu écris déjà beaucoup, etc. Cependant, il existe différentes façons d'aborder l'écriture de tes sensations. Ici, tu te concentres beaucoup sur l'intensité de ton mal-être, tu le décris sous toutes les coutures, il n'en sort que des pensées négatives car le négatif engendre le négatif.

Il pourrait être intéressant d'écrire des choses positives, bien que tu n'en sois pas forcément capable tous les jours, c'est un exercice que tu as peut-être déjà fait et qui a échoué, je n'en sais rien, mais c'est une suggestion qui me paraît valoir le coup.

Contre 1000 émotions négatives ressenties dans une journée, peut-être as-tu 2 ou 3 émotions positives qui te traversent. Même si elles sont courtes, ou paraissent insignifiantes à côté du reste, elles sont en fait bien plus primordiales que les 1000 autres. Tu pourrais par exemple résumer tes 1000 émotions négatives en quelques lignes, et consacrer une, deux, trois pages aux quelques émotions positives. Afin qu'elles prennent bien plus de place que le reste, même si c'est falsifié. Ce serait ancrer (et encrer) noir sur blanc que le positif doit l'emporter sur le négatif.

Dans le cas où tu n'aurais strictement aucune émotion positive, invente-les. Crée des émotions fictives, même si c'est à travers un autre personnage, mais au moins un personnage auquel tu pourrais facilement t'identifier.

Tu peux aussi parler de tes angoisses qui te détruisent, mais sous un autre jour : en expliquant comment ces angoisses ne se sont pas révélées dangereuses de manière concrète. Par exemple, tu parles d'un homme qui est venu dans ta direction lors de ta sortie à vélo. Tu racontes pourquoi il t'a fait peur, mais tu ne racontes pas pourquoi, au final, il n'aurait pas dû te faire peur. Tu sembles te focaliser sur la peur et l'angoisse ressenties, mais pas du tout sur le fait que celles-ci n'étaient pas fondées, tu caches un peu cette étape sous le tapis, comme si ça n'avait aucune importance face à l'ampleur de l'angoisse.

L'angoisse est dangereuse pour ton esprit car elle détruit ton moral et détruit ta vision de la vie, mais si tu regardes les choses objectivement, cet homme qui avançait vers toi ne te voulait finalement aucun mal. C'est peut-être la chose la plus importante à retenir.

Je sais qu'il est difficile pour toi de lire ce que j'écris car t'as déjà entendu ça 1000 fois, et qu'il est si facile pour moi de l'écrire que ça en devient ridicule et naïf, car je ne mesure pas les choses, mais je voulais tout de même te faire part de ces suggestions. Car il y a une chose qui est évidente dans tout ce que je lis de toi : c'est que t'as une très grande soif d'écrire.

Contribution le : 16/11 14:58:28
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Vassili44
 1  #39
Je suis accro
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@Sebmagic,

Merci pour ce que tu me dis. Vraiment c'est super ce que tu m'écris. Je voulais déjà dire que ça me gêne un peu d'accaparer trop l'attention sur ce sujet qui n'est pas le mien et où d'autres ont pu s'exprimer. Je sais, pour l'avoir maintes fois vécu, que l'on peut faire de l'ombre à d'autres personnes qui auraient pu s'exprimer quand on capte trop l'attention. J'étais heureux de lire des récits qui, bien que je pouvais m'y reconnaitre, étaient là sans que je vienne (c'est mon impression) les chasser par mon intervention.

J'ai manqué de beaucoup d'écoute dans mon enfance (c'est un euphémisme), donc ça explique ce besoin d'attention, mais je n'aime pas l'idée que cela exclurait d'autres interventions. Je ne sais pas quoi faire avec ça, je ne vais pas snober ceux qui me répondent... mais je tenais à le dire.

Alors concernant ce que tu me dis, en fait, tu peux te dire que c'est évident, que j'ai dû me le dire ou qu'on a dû me le dire, mais pas forcément. Car comme tu le pressens, quand nous sommes enfermés dans nos angoisses, parfois, il faut un effet "Expérience de Stanford" pour comprendre dans quoi nous nous sommes enfermés - c'est-à-dire une personne externe pour nous montrer une évidence que l'enfermement et l'isolement nous ont empêché de voir.

Dans les pires moment je ne pouvais pas écrire. Il parait que le choc par une expérience traumatisante bloque l'air de Brocca, un truc dans le genre, dans le cerveau, ce qui explique le mutisme des personnes choquées. J'ai eu ça, ce qui explique que je ne parlais pas ou très peu de ce qui m'a le plus choqué. Sans compter qu'il y avait trop de choses à dire et que soit je souffrais trop encore, soit je souffrais moins, mais je voulais profiter de ce répit plutôt que de l'écrire. La plupart du temps, j'étais encore sous le choc, donc incapable d'avoir les idées claires. Mais tout reste en mémoire et j'ai décidé de parfois faire confiance en cette dernière, si jamais je devais écrire.

Et en effet, j'ai dans l'idée d'écrire tout ça un jour, mais si ça ne tenait qu'à moi je ne le ferais pas. Je ne vois pas du tout ce que ça m'apporterait, même si je serais heureux d'aider d'autres personnes. C'est pour cela que je le ferais, car j'ai eu la très grande chance de toujours savoir ce que je vivais, de le comprendre, de faire des hypothèses qui touchaient justes généralement etc. Sans ça, je n'aurais sûrement pas survécu.

Donc oui, l'écriture fait du bien, et j'écris beaucoup, beaucoup, beaucoup, même si je me retiens pour ne pas passer mes journées à le faire et, me concernant, ça pourrait devenir obsessionnel. Mais j'écris presque tous les jours, souvent plusieurs fois par jour. Quand j'écris, je n'écris pas forcément toutes les versions des pensées qui m'animent. Ce que je veux dire, c'est que mes pensées trouvent la contradiction, même si la contradiction est parfois moins présente, elle est toujours là.

Dans ce travail introspectif, cette guérison, il y a le passé qui resurgit sous la forme des enfants que j'ai été. Quand je dis "enfants" au pluriel, c'est parce qu'il peut y avoir un déclencheur qui fera resurgir l'enfant de 8 ans dans telle situation, un autre déclencheur, l'enfant de 4 ans... c'est toujours moi, mais chaque enfant qui revit l'expérience, revient avec son interprétation de ce qu'il a vécu, et cette expérience influencera mon interprétation du monde actuel, ce sont donc des versions différentes de "moi", tout en étant "moi" malgré tout.

Je ne peux alors pas laisser ces enfants revenir seul, ça n'aurait pas de sens, il faut qu'ils soient accompagnés consciemment par l'adulte que je suis. C'est pour ça que plus j'ai ce rôle et plus ma part adulte grandit et se renforce. Je n'écris pas systématiquement les propos contradictoires que la part adulte m'apporte, car j'utilise l'écriture plus pour décrire ce qui ne va pas, pour me décharger. Et déjà, je passe beaucoup de temps à ça, je suis épuisé après...

Mais comme tu le conseilles, il m'est arrivé d'écrire consciemment des propos contradictoires, parce que c'est très bénéfique au niveau thérapeutique, surtout dans les pires moments, c'était pour moi primordial, quand les idées noires étaient bien trop présentes. Il me fallait entendre autre chose, écrire autre chose aussi, me rassurer.

J'ai même pris le pli (et c'est assez récent, car j'ai pris cette décision après l'appel à SOS Suicide) de plus me concentrer sur le positif que sur le négatif, car je me voyais plonger sinon.

Je m'en suis rendu compte en essayant de décrire ici ce que je vivais, c'est impossible de le faire en un post. Il faut connaitre le passé, ce que j'ai vécu dans mon enfance et tout ce qui se joue au moment où je revis tout ça pour comprendre mes décisions, mes peurs etc.

J'ai déjà réfléchi un peu à ce que je pourrais écrire, soit ce serait plusieurs bouquins, dont un uniquement centré sur mes symptômes (?) ou soit, ce qui est le plus probable, un bouquin type journal avec les descriptions des journées, entrecoupés de messages écrits (que j'ai gardés), de symptômes (que j'ai décrits sur un blog ou ailleurs), de rêves et interprétations (dont j'ai gardé la trace, même si je les ai pas tous gardés) etc.

Ce qui fait qu'il y aurait des allers et retours entre mon passé et le présent pour comprendre le lien entre ce que je traverse et ce que j'ai vécu, avec des interrogations réelles que je me suis posées sur un rêve par exemple, que j'aurais découvert plus tard, comme des énigmes (mais réelles), car les traumatismes ne se révèlent pas tous d'un coup, parfois on a de petits bouts, sans savoir à quoi ça correspond, des fragments de vérité et on assemble un morceau, puis un autre, puis un autre... et puis c'est bon, on comprend ce qu'on a vécu !

J'aimerais garder cet esprit, ce déroulé chronologique avec les mystères, doutes et interrogations qui ont jalonnés mon parcours, en plus ça donnerait un aperçu plus réaliste de comment ls bribes traumatiques sont révélées à celui qui les vis. Enfin bref, y'aurait de quoi faire.

Le but aussi, ce serait de donner des explications, sans doute en fin d'ouvrage (?), sur ce qui se passait à tel ou tel moment. Car j'avais aussi cette voie qui me disait "Alors ça doit être ça que je vis", comme si j'avais un observateur en moi, assez neutre, très rigoureux, qui m'expliquait ce que je vivais. Je lui faisais grandement confiance, et il m'a aidé à être le sauveur que je ne trouvais pas ailleurs. Et il avait raison la plupart du temps. Mon égo très fort dans ce cas m'a été utile.

D'ailleurs, en parlant de ça, je mettrais sûrement en parallèle ce que je vivais et ce que j'ai pu entendre plus ou moins de ce qui se dit dans la spiritualité. On parle de Chakras par exemple, quelque chose qui franchement ne me parlait pas du tout avant, et en regardant ce qui m'arrivait, je voyais qu'il y avait des sensations précises et très fortes qui revenaient à des endroits précis du corps (mon "moi" scientifique était très rigoureux et, si je l'avais laissé faire, aurait pris un tas excessif de note avec dessin etc.) qui correspondaient à ces endroits décrits dans les Chakras. Je me suis demandé alors si finalement des gens n'avaient pas vécu ce que je vivais et, ne trouvant d'explications, avaient mis au point celle des Chakras ?

J'ai fait plein d'autres parallèles avec d'autres choses. Puisque dans le traumatisme on parle de "part de soi", en gros, les expériences traumatiques ont figé une partie de nous pour qu'elle nous protège. Je dis n'importe quoi. Ma mère me frappait (c'est pas vrai) quand j'étais enfant. J'ai été traumatisé et une part de moi a été créée pour me protéger. En gros, dès qu'une femme lève la main sur moi je passe en mode "rage" et je vais tenir des propos similaires, avoir une posture similaire, des comportements similaires, une lecture du monde identique etc. On ne retrouve cet assemblage de mots, pensées, comportements, posture... qu'à ce moment précis, que quand je serais déclenché par cette main en l'air. C'est une "part de soi". Selon les traumatismes, on peut en avoir plein. J'en ai ou en avait un paquet.

Ce que j'ai vécu, je le rapproche de ce qu'on entend par la dissolution de l'égo. Je ne suis pas spécialiste dans la spiritualité, mais j'ai réfléchi à tout ça (j'avais le temps..). Chaque part de soi forme l'identité, qu'on pourrait appeler le "moi" ou l'égo. Et quand on guérit (bien malgré nous, car les traumatismes remontent comme ça a été mon cas), on va revivre chacun des moments de l'enfance où la "part de soi" a été créée. Alors on en guérit en revivant l'émotion bloquée, en l'accueillant, car c'est bien ça le souci à la base... Une fois que tout a été vécu, je me suis rendu compte que la protection saute, la "part de soi" n'a plus lieu d'être, le comportement s'en va, le déclencheur ne déclenche plus.

C'est ce qui a sans doute le plus surpris ma copine de me voir passer de personne extrêmement colérique (car déclenché pour rien avec une "part de soi" colérique très présente) à une personne calme, là où exactement je partais en vrille avant.

Je me dis qu'aujourd'hui on parle de "part de soi" car on connait mieux les traumatismes et ces mécanismes, mais y'a 2 000 ans ou plus ? Comment appelaient-ils ça ? Comment décrivaient-ils ça ceux qui vivaient ces expériences déroutantes ? Sans doute disaient-ils qu'il s'agissait d'une dissolution (partielle) de l'égo. Ainsi, des choses qui n'avaient pas de sens pour moi, qui n'étaient reliées à aucune expérience concrètes, prenaient soudain un nouveau sens.

Y'aurait beaucoup à en dire en tout cas.

On parlait du sens de la vie, je me demande si tout ça n'est pas le sens de ma vie...

Contribution le : 16/11 17:45:03
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alfosynchro
 1  #40
Je poste trop
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@Vassili44

Tu as écrit : « … et que je ne peux pas m'offrir le luxe d'aggraver ma situation. » Tu te rends compte du double sens ? C’est un luxe d’aggraver sa situation… ?
Dans le même ordre, je pose souvent la question, chez mon psy : « quel intérêt caché, inconscient ai-je à aller mal ? »  Oui, quel intérêt peut-il bien y avoir à ne pas aller mieux ? Après tout, notre être est une mécanique très sophistiquée, peu de choses se passent par hasard.

Il y a le trauma, ce qui est effectivement et objectivement arrivé, puis il y a le traumatisme, c’est-à-dire ce qu’on en garde et qui dure dans le temps au point de nous faire souffrir pendant des années parce que nous ne lâchons pas quelque chose.

@Swe_33

J'ai un frère qui se pose les mêmes questions que toi. Et de mon côté, je suis un peu comme Vassili44, mais en moins intense, bien que suffisamment pour avoir déjà envisagé le suicide.
Comprendre complètement, je pense que c'est impossible pour quelqu'un qui, heureusement, n'a pas connu ce vécu, mais te le figurer est peut-être possible.
Alors, si tu veux, je te fais part des réponses que j'ai tenté de donner à mon frère :

Mon frère n'est pas dépressif, mais a souvent des migraines particulièrement invalidantes. Il sait que l'origine de ces maux de tête est psychologique (contrariétés, pressions, responsabilités...) mais effectivement ça se traduit toujours par des répercussions physiologiques, voire physiques.
Dans ce cas, bien que ce soit plutôt quelqu'un de volontaire, la volonté n'y peut quasi plus rien. Il faut que ça passe et laisser le temps au temps. Dans ce cas, les conséquences ne durent donc pas, et tout peut redevenir normal de manière plus ou moins rapide. Là, pas de traumatisme.

Un trauma psychique c'est comme une blessure profonde dans l'affect qui cause tellement de dégâts, que les conséquences physiologiques n'en finissent pas de se résoudre. La souffrance dure comme si le trauma venait tout juste de se produire ; c'est ce qu'on appelle le traumatisme (cf Boris Cyrulnik). Il y a comme un écho, un larsen qui n'en finit pas. Un exemple :

Je connais une femme qui, quand elle était jeune a subi une agression sexuelle, un viol, une atteinte à son intégrité intime. Son père travaillait dans un palais de justice et avait donc un réseau de connaissances dans ce domaine, dans la police et la gendarmerie. Elle s'est donc normalement tournée vers lui pour qu’il prenne sa défense et lui a demandé de l'accompagner dans les démarches de dépôt de plainte, etc. Malheureusement, la réaction inattendue de son père a été de penser d'abord à sa réputation ( !?), son image... Il avait peur pour ce qu’il pensait être son image qui était plus importante que les dégâts que sa fille venait d’encaisser. Il lui a donc dit qu’il valait mieux oublier ça et ne plus en parler…

Tu imagines ? Non seulement elle venait d’être victime d’un violeur qui ne répondra pas de ses actes devant la justice, mais quelqu’un en qui elle avait confiance, qui représentait l’autorité, le droit, la sécurité, a trahi cette confiance et passé le message implicite : « tu vaux moins que ma réputation alors tais-toi et souffre ». Le genre de trauma qui plonge bien profond dans ton être comme une bombe à sous-munitions, et devient donc un double traumatisme en ricochant dans ta vie au gré des situations qui te rappellent, même inconsciemment, ce passé.

Bon, plus concrètement :

Souvent on a le choix entre contre-attaquer, fuir ou se renfermer sur soi comme un hérisson qui se met en boule, parce qu’il ne peut ni contre-attaquer, ni fuir. Ce qui revient à peu près au même que fuir à l’intérieur. Se soustraire coûte que coûte à ce qui remue dans la plaie, jusqu’à pouvoir envisager l’auto destruction.

Être malade sert parfois à obtenir un mot d’excuse pour ne pas aller à l’école, ou un arrêt maladie pour ne pas aller au boulot. Il y a, je pense, des mécanismes intérieurs qui, face à une situation aussi dure et douloureuse, ont pour fonction de nous mettre en retrait de la vie ordinaire (Vassili44 en donne beaucoup d’exemples).

Cela se traduit par tout un tas de perturbations endocriniennes et donc sur le fonctionnement de l’organisme, qui devient de plus en plus inadapté à la vie objective. Les perceptions sont altérées et les choix et décisions que l’on fait à partir d’elles ne conviennent pas.

Ainsi, la femme dont je parlais tout à l’heure, est devenue ultra-complotiste, elle se méfie de tout ce qui est officiel, de tout ce qui représente l’autorité, du masculin… Et sans parvenir à, ou même souhaiter, faire le rapprochement avec son passé, est renvoyée à ses plaies devenues inconscientes ; fuyant un sentiment de culpabilité insupportable lié au fait qu’elle n’ait pas su se défendre elle-même, et renvoyée sans cesse à l’idée qu’elle n’en vaut pas la peine…

J’insiste sur le plan physiologique entre le physique et le psychique, parce qu’on l’évoque assez peu alors que c’est le lien qui existe entre le psychisme et la difficulté à assumer sa vie, ce qui fait souffrir. Ça, les psychiatres le savent bien puisque c’est leur boulot de prescrire des traitements qui compensent et/ou redressent les dysfonctionnements physiologiques internes. Dans mon cas, par exemple, je viens de traverser trois quatre semaines plutôt difficiles (avec pensées suicidaires, perte de la volonté, incapacité à faire des choix, impossibilité de voir l’avenir positivement) suite à la modification de mon traitement avec mon psychiatre. On a retiré deux médicaments, pour les remplacer par un autre. C’est toujours à tâtons, car personne ne réagi exactement de la même manière au même traitement. Du coup, on est revenu au précédent traitement, et depuis, je me sens quasi normal. Je peux donc reprendre certaines activités, gérer mon ménage, oublier le suicide… Avoir de meilleures perceptions et donc moins souffrir. Car, personnellement, ces souffrances psychiques se traduisent effectivement par de la souffrance physique.

Mais si les médicaments peuvent parvenir à rééquilibrer un fonctionnement physiologique normal, ils n’ont pas le pouvoir de résoudre le traumatisme qu’on se traine depuis des lustres. C’est pour cela qu’en parallèle je fais une psychanalyse. Dire que quelqu’un est dépressif et croire que de se rappeler du trauma à la source du traumatisme est vain. Cela peut prendre beaucoup de temps pour déconstruire tous les schémas psychologiques qui se sont tissés à partir de là et conditionnent tous les dysfonctionnements dans sa vie.

Il ne suffirait pas de dire à la femme, dont j’ai parlé tout à l’heure : « rappelle-toi que tu as été violée et que ton père ne t’a pas soutenue, c’est à cause de ça que tu fonctionnes comme ça maintenant ». Dit comme cela, ça pourrait même la braquer et l’ancrer encore plus qu’avant dans son traumatisme. Malheureusement cela prend beaucoup plus de tact, de psychologie et de patience pour aider quelqu’un dans cette situation. On ne peut pas faire sans le souhait sincère et courageux de la personne concernée.

Bon, j’espérais et pensais parvenir à écrire ça clairement et succinctement ; pas facile d'être concret dans ce domaine.
J’espère avoir pu éclairer un peu ta lanterne.  Si je peux aider…

Contribution le : 16/11 19:10:12
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