Vassili44 | Histoire d'un agoraphobe en chute libre |
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Je suis accro
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Bonjour,
Cela fait des années que j'ai le projet d'écrire sur l'agoraphobie comme sur d'autres sujets qui ne verront sans doute jamais le jour. En effet, mon énergie est précieuse parce que rare et, bien que je trouve certains sujets primordiaux, je n'arrive pas à réunir l'énergie pour en parler. Pour ce sujet-ci, je pense qu'il est temps d'en parler pour plusieurs raisons. La première est celle qui n'a pas bougé, c'est que c'est très mal connu et que peu de gens en parlent comme je le vis, la deuxième est parce que chez moi ça empire donc ça permet de fixer un objectif et un parcours qui pourra aider d'autres personnes, enfin, la troisième raison est que j'entends trop souvent le fameux "ouais, le confinement c'est rien il suffit juste de rester chez soi". J'aimerais donc taire ce dernier point en donnant à travers mon récit la parole à ceux qui l'on entend presque pas. J'avais pensé faire une chaine YouTube pour filmer mes challenges de vie pour l'agoraphobie mais, comme je l'ai dit plus haut, mon manque d'énergie fait que je ne le peux absolument pas car les mots, surtout oralement, sortent difficilement de moi (autisme bonjour). Certains ont vu mon voyage à vélo ici, car j'en avais fait un topic, et savent donc que j'ai traversé la France à vélo. Souvent, on saluait l'exploit de rouler tant que kilomètres par jour, en tout, ou le fait de dormir seul, d'être autonome en quelque sorte, alors que mon exploit était ailleurs : le fait de partir loin de chez moi, de me confronter aux grands espaces car mon agoraphobie, à ce moment-là, se contentait d'une peur des grands espaces principalement - enfin, ce n'est pas tout à fait vrai, j'avais plus de peur que ça comme la peur dans un avion (et non pas la peur de l'avion), des ponts trop long, des manèges, du brouillard, etc., mais j'en reparlerai. Disons que pour mon voyage c'était surtout les grands espaces qui me gênaient car je n'ai pas eu à utiliser l'avion ni à traverser de ponts, ni rien qui aurait pu me faire peur. Vous voyez donc quelles étaient mes capacités. Eh bien, comme beaucoup de phobies, ce sont les exercices qui permettent de les éloigner ou maintenir l'assurance et les acquis où ils sont. Ces exercices ont les faits sans trop y penser, parfois ils sont conscients, mais souvent ils ne le sont pas. Ces exercices certains les appellent "vivre" c'est-à-dire voir des ami(e)s, de la famille, faire les activités qui nous plaisent, passer un week-end sur la côte avec sa copine etc. Et quand le confinement ou les restrictions nous coupent de ces activités, c'est de la vie-même qu'ils nous coupent, c'est la joie de se lever pour aller faire sa séance quasi quotidienne de badminton, c'est le tournoi du week-end... bon ma vie tournait autour du badminton principalement il faut le dire. C'est mon "intérêt restreint" comme on dit. Je peux en parler pendant des heures et d'ailleurs c'est ce que je fais, au grand dam de ma copine qui n'en peut plus. Pourquoi le badminton vous ne me demanderez pas ? Eh bien, parce que j'aime ça déjà, et aussi, ce n'est pas un hasard, parce que ça me permet d'avoir des relations sociales codées en quelque sorte, cadrées et fixées par des règles. Enfin, je m'égare... Donc je pouvais traverser la France à vélo, aujourd'hui je peux difficilement faire 2/3 kilomètres sans être angoissé. Demain je dois aller chez mon médecin à vélo, un peu plus de 7 kilomètres de chez moi, je sais pas si je vais y arriver. J'ai envie de le faire, mais je me sens "fou" de le tenter. On voit bien la perte d'autonomie que ça représente sachant que l'été 2 019 c'est pas loin de 3 000 km que j'ai fait à vélo. L'agoraphobie c'est quoi ? Bon, comme pas mal de sujets qui me touchent je n'ai pas forcément été chercher beaucoup d'infos dessus, le genre d'infos que l'on sort pour expliquer parfaitement le problème qui nous concerne. Donc je vais en parler avec mes mots. Souvent l'image que l'on a de l'agoraphobie c'est la peur de la foule. C'est étrange parce que je connais des agoraphobes (enfin surtout une ma copine) et elle n'a pas peur de la foule, moi non plus. En fait si mais c'est plus compliqué. Si je devais résumer l'agoraphobie je dirais que c'est la peur de ne pas pouvoir rejoindre un refuge. Et souvent à cette peur s'ajoute une autre peur qui est celle d'avoir peur d'avoir peur. Ca peut paraitre étrange mais je vais illustrer tout ça plus loin. J'aime bien cette définition car elle colle plutôt bien avec la réalité. Car le refuge ce n'est pas un lieu où l'on pourra s'abriter pour la nuit et se protéger des intempéries, c'est une image, une représentation de ce que l'on considère être un lieu rassurant. Par exemple, pour moi, mes refuges étaient des maisons, des arbres ou un arbres, un village, une haie et tout ce qui peut couper le grands espaces. Une voiture est un demi-refuge, ou des gens c'est-à-dire, ça ne me rassure pas totalement, ça ne suffirait pas à me rassurer, mais ça ajoute de l'assurance. Pour ma copine, son refuge à elle c'est une personne, même un inconnu, qui l'emmène sur son chemin. Mais même si ici ça a l'air d'être figé, en vérité, les refuges ne le sont pas tout à fait. Cela va dépendre de contexte que l'on découvre souvent à ses dépends, comme quand j'ai découvert que les manèges me faisaient peur parce que j'étais bloqué, donc incapable de rejoindre un lieu rassurant puisque je considère pas le manège comme un lieu refuge. Donc ce qui me fait peur comme je l'ai dit ça va être tout ce qui m'empêche de rejoindre un refuge ou/et des situations où je n'en vois plus ou peu, comme les grands espaces, l'avions, le train, le bateau, la mer, les grandes plages, les ponts, le brouillard, les ascenseurs, les grottes, les manèges, les médicaments qui changent ma perception (mon état de perception normal est considéré comme "un refuge"), l'alcool peut me faire paniquer, les ultimatums, les demandent de choix etc. Je pense que sur certains aspects ici, ce n'est pas spécifiquement de l'agoraphobie, mais disons que le processus est très proche malgré tout. C'est surtout pour monter que c'est très vaste et que ça peut toucher des aspects de la vie dont on ne pourrait pas se douter. Comment j'ai traversé la France avec toutes ces peurs ? Je me le demande bien souvent. Sans doute parce que je le voulais depuis des années et aussi, de façon plus pragmatique, parce que j'allais d'un point refuge à un autre. J'ai pris des chemins de halages qui me rassuraient à ce moment-là, quand j'en sortais j'allais de village en village, dès que je sortais d'un village ou d'un groupe de maison je regardais au loin si j'apercevais un refuge (maison(s), arbre(s)...) et si c'était le cas je m'y rendais et une fois sur place je regardais au loin si j'apercevais un lieu refuge et si c'était le cas je m'y rendais et ainsi de suite. J'ai tout même pris des risques de continuer ma route parfois même si je n'en apercevais pas en me disant que j'allais en trouver derrière ce virage, derrière cette montée etc., et il m'est arrive une fois d'avoir été trop avancé pour reculer et de me retrouver coincé. Cela me permet d'arrive au point qui explique comment j'en suis arrivé à ne plus pouvoir quasiment sortir de chez moi comme aujourd'hui. Comment mon agoraphobie a empiré ? Eh bien, comme je l'ai dit plus haut, la vie est un exercice de combat contre l'agoraphobie sans que j'en ai toujours conscience. On s'en rend bien compte quand on cesse ces activités. Quand vous faites une TCC ( Thérapie Comportement et Cognitive) vous allez a priori vous confronter à vos peurs par l'exposition progressive. Ainsi vous prenez confiance et votre cerveau comprend qu'il n'y a pas de danger à tels endroits ou/et dans telles situations ou du moins il se met en veille. Ce qui s'est passé, c'est que les pensées qui accompagnent les crises d'angoisse, état de panique lié à l'agoraphobie commençaient à revenir. Le processus se passe ainsi : j'ai une pensée qui va être du genre "si j'ai peur ici, je serais coincé (je ne pourrais pas rejoindre un lieu refuge)". De cette pensée vient une angoisse, la vue se brouille, le cœur s'emballe, les jambes deviennent cotonneuses avec l'impression que je ne touche plus le sol, que je m'envole, donc je cherche un lieu refuge, mais n'en trouve pas plus et du coup ça empire. Je pense qu'en théorie c'est pas concret, mais cette peur est sans doute l'une des pires choses que j'ai pu vivre dans ma vie (je dis "l'une des pires" car j'ai vécu une autre expérience de pire). La peur est si grande que si je me retrouvais coincé dans un endroit que je ne préfère même pas nommer tellement ça me terrifie et que j'avais une arme avec moi, je me suiciderais avec la plus grande joie alors que j'aime profondément la vie. C'est juste pour que vous visualisiez un peu à quel point cette peur est immense. On ne peut même pas imaginer qu'une telle peur puisse exister sans que nous en mourrions quand on le vit pour la première fois. Cela dit, il se peut - et c'est même plutôt sûr - que la peur que j'aie soit bien pire que la peur réelle. Je m'explique : plus haut j'ai parlé de peur d'avoir peur et c'est bien celle-ci qui est sans doute la plus traitre puisqu'en réalité, on va s'empêcher de faire des actions non pas sur le fondement de peurs réellement vécues, mais sur des peurs qu'on pense vivre si ça arrivait. Mais du coup ça n'arrive sans doute jamais. Ce qui ne veut pas dire que ça n'arrive pas totalement. Là j'en arrive à ce qui m'a fait plonger dans l'état dans lequel je suis actuellement. Ma plus grand peur s'est-elle réalisée ? Comme dit plus haut, je commençais depuis un certain temps à avoir des pensées typiques de l'agoraphobie "et s'il m'arrivait quelque chose ici je serai coincé". J'avais ces pensées là où je ne les avais jamais eues donc je me doutais bien que mon agoraphobie empirait. Je commençais à chercher des refuges autour de moi là où je n'en cherchais pas. Donc les lieux refuges avaient évolués et dans le mauvais sens a priori. Mais bon, j'ai voulu vivre normalement. Un ami me propose une sortie vélo et vu qu'il y avait le couvre-feu nous étions limités, ce qui ajoutait un stress (peur des ultimatums). S'ajoute à cela que la sortie n'était pas prévue donc stress en plus. Je l'ai rejoins à quelques kilomètres de chez moi à un lieu que je connaissais bien. Déjà, en l'attendant je me sentais anxieux anormalement vis-à-vis de l'endroit. Nous sommes partis vers les halages vers une ville proche de chez moi. Il fallait rouler environ 20 minutes avant de rejoindre cette ville. Puis la pensée est venu sur le halage alors que je me trouvais être à un peu plus du milieu du chemin. Je ne pouvais pas aller à gauche (l'eau), ni à droite (grillage...), bref, j'étais coincé. Il me voit paniquer, essaie de m'aider, ne peut rien faire car je voulais savoir précisément où on était et combien de temps il nous restait et je ne pouvais pas attendre qu'il allume son gps etc. Donc j'avance, je me dis qu'après ce virage peut-être... et non, je me calme un peu entre temps, puis ça repart de plus bel, encore plus fort. Je panique de plus en plus... Finalement on voit la ville au loin et là je lui dis comme un présage "et si même la ville n'était plus un refuge pour moi !", vu que j'avais vu des lieux rassurants ne plus l'être. Et c'est ce qui s'est passé. J'étais donc coincé, je voulais rentrer chez moi mais impossible. Panique totale. Je ne savais pas quoi faire. Après de longues minutes d'errances et un ami impuissant qui me laissait gérer ça au mieux j'arrive enfin chez moi. Une fois rendu chez moi je me rends compte que même chez moi n'est plus un lieu refuge, alors je panique. J'appelle ma copine et je pleure. Je lui dis de venir vite. Il reste 15 minutes environ avant le couvre-feu elle me dit "ok, je prends mes affaires et j'arrive". Puis commence une soirée d'angoisse totale. Où est mon refuge ? Ma copine arrive chez moi. Je suis mal. Je tourne en rond dans le salon en répétant "je plonge, je plonge" parce que je paniquais sans pouvoir m'en sortir. Je lui dis qu'il faut appeler SOS médecin et je ne sais pas comment on en arrive-là, mais on tombe sur le 15. SOS médecin n'ouvre qu'à 20h et il est 18h, donc il me faut patienter. Je ne peux pas parler au monsieur qui est au téléphone, donc c'est ma copine qui transmet (on a l'habitude, on fait souvent ça), puis j'arrive à l'avoir. Il me dit d'être rationnel, de me dire que tout va bien se passer... il me dit tout ce que je ne veux pas entendre. J'ai besoin d'être rassuré en trouvant des solutions il me dit ça vous n'aurez pas, ça délai bien trop long, ça, plutôt croire au Père-Noël que penser que vous aurez une place ou je sais pas quoi. Je me dis "sur qui je suis tombé !". Un de mes refuges, dans mon esprit, c'était de me dire que si j'avais besoin d'aide, j'avais plein de solution si jamais je faisais une crise d'angoisse n'importe où. On est en France donc y'aurait 36 solutions. Ma phobie avait en réserve la pensée "tu serais coincé, tu ne trouveras personne" et ça n'avait jamais eu vraiment d'impact car je n'y croyais pas du tout. C'est ce que je disais à ce monsieur "mais vous êtes en train de donner raison à ma phobie !". Ensuite, j'ai eu mon médecin au tel. On m'a dit de patienter avant l'arrivée d'un médecin de SOS médecin. J'ai été chercher des médocs entre temps. Il est venu, j'allais déjà un peu mieux (enfin c'est relatif). J'ai eu des jours d'angoisse qui ont suivi, où je pleurais tout le temps. Puis ça c'est calmé. J'ai commencé à sortir de chez moi. J'avais peur rien que de sortir. Je voulais absolument réussir à aller au magasin où je fais mes courses. Je ne voulais pas ne pas pouvoir le faire car ça aurait rendu ma vie trop pourrie. Donc on a travaillé là-dessus. Ma copine a pris une semaine pour m'aider. Après elle a pu rentrer chez elle, je pouvais dormir seul et vivre seul. Chez moi était redevenu un lieu refuge, le magasin aussi, même si ça n'a pas été facile, la voiture ça reste très difficile sur les trajets les plus longs : grosses angoisses. À pied pas du tout. J'arrive à faire environ 1.5 km et je suis déjà content de pouvoir aller aussi loin. Je suis anxieux et j'angoisse dès que je dois sortir "loin" de chez moi (loin c'est plus de 3 km, mais je vais pas à 40 km de chez moi non plus). Conclusion (enfin) Bref, je suis tombé bien bas. Voilà où j'en suis aujourd'hui. Chaque jour je dois faire un exercice car je veux pas rester comme ça. Demain peut-être faire du vélo pour aller chez mon médecin (j'y crois pas trop, j'ai juste envie d'y aller sans paniquer en fait... ça me fait chier de me confronter à ça.). J'ai vu mes points refuges partir les uns après les autres. Ce qui m'a surpris c'est la vitesse à laquelle on peut se retrouver à ne plus pouvoir sortir de chez soi car si j'avais pas réagi tout de suite, il est possible qu'à cette heure-ci je ne pourrais plus sortir de chez moi. Le fait que je connaisse m'a aidé, car je savais comment contrer au mieux et je connaissais les sensations physiques liées à l'agoraphobie. Encore une fois j'ai écrit un roman. Je me demande franchement ce que ça fout sur Koreus ce type de texte, c'est vrai quoi, c'est pas un blog non plus ! Si ça peut aider une personne à comprendre ce qu'elle a ou même comprendre un peu mieux ce qu'est l'agoraphobie eh bien c'est déjà super. De toute façon, c'est une phobie grave, grandement invalidante donc je ne pouvais pas non plus tout garder pour moi.
Contribution le : 07/03/2021 20:09
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Invité | 0 #2 |
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FantômeInvité
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Tant que tu balance ce gros pavasse dans le bar, perso je ne vois pas le problème ! Moi j'ai tout lu et j'ai appris beaucoup de choses sur l'agoraphobie !
En ce qui me concerne, j'ai traversé une période psychologiquement très difficile et qui a laissé des séquelles indélébiles. Les crises d'angoisse j'ai expérimenté le truc à mes dépens et c'est vrai que tant qu'on n'a pas connu cela, on n'est pas capable de s’imaginer à quel point on perd le contrôle. Et combien les personnes autour de nous ne sont d'aucune aide....ou alors si peu ! En tout cas merci et je te souhaite qu'un jour ça s'améliore !
Contribution le : 08/03/2021 08:26
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papasan | 1 #3 |
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Je m'installe
Inscrit: 29/06/2015 19:54
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@Vassili44 Tu me rappelle moi y a quelques années. La peur d'avoir peur, les crises d'angoisse à répétitions qui aboutissent à un état dépressif, (ce qui est encore une autre maladie que l'angoisse ou l'agoraphobie en elle même).
Pour moi tout s'est résolu grâce à un psy épatant, que je détestais quand même. Il m'a doucement montré la voie, en me laissant découvrir que je m'intéressais beaucoup beaucoup beaucoup à mon problème et que ma personnalité avait d'autres aspects bien plus intéressants -selon lui- que mes crises d'angoisse. S'intéresser à un problème c'est le rendre passionnant. Faut dire que j'étais devenu maître Shaolin de la littérature psy / philo / guides / recettes de grand-mère et chimie hardcore. J'ai appris sans m'en rendre compte et grâce à ce gros tâcheron de psy à la con, à abandonner mon but conscient, (qui était de me débarrasser à tout prix de ces merdes ce panic attack), et à force de cesser de lutter à tout prix, les conditions d'une vie "normale" / acceptable peuvent apparaître à nouveau. Pour la faire courte, il m'a aussi révélé que mon hyper sensibilité pouvait être une chance, que j'avais raison de me sentir à moitié autiste inadapté à ce monde de merde (G.Abidbol ) et qu'il fallait que j'apprenne à dire non, et surtout, qu'on n'est obligé de rien. Ca a duré 5 ans de rdv 2 fois par semaine, de crises de larmes, de lexomil, et d'idées sombres, très sombres. Chemin de croix, de sueur et de sang, j'ai terrassé quelques dragons et aujourd'hui je vis bien, "avec" mes phobies, car elles seront toujours là. Bon courage à toi Vassili.
Contribution le : 08/03/2021 09:55
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gazeleau | 1 #4 |
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J'aime glander ici
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Je ne connaissais pas vraiment ton mal, et encore moins le vivre/contrôler. En ça ton témoignage a sa place dans le bar.
Contribution le : 08/03/2021 10:27
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Vassili44 | 0 #5 |
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Je suis accro
Inscrit: 06/08/2020 02:22
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@stanislaxurit,
Merci. Oui, la période encore plus difficile dont je parle c'est sans doute ce que tu as dû vivre. J'en parle ainsi en disant que c'est comme si l'on avait ouvert une porte vers l'enfer qui ne se referme pas tout à fait et reste là prête à s'ouvrir à l'occasion. Je le pressentais et l'épisode vécu me l'a confirmé car ça m'a ramené presque 15 ans en arrière : la pire période de ma vie. Bon courage ! J'espère que ta porte te laissera tranquille. @papasan, Tu décris bien le chemin de croix que ça a été. C'est ce qui m'a rendu la rechute encore plus dure où je répétais en boucle, ce soir-là : "pourquoi ils m'ont fait ça ? C'était évitable, on aurait pu l'éviter !" parce que c'était presque 15 ans de combat qui s'effondrait. Heureusement, pas tout à fait, je m'en rends compte. Par chance peut-être mes phobies ne me passionnent pas du tout, je ne les aime pas, au contraire. Du coup je lis pas dessus ni rien, mais forcément on s'y adapte plus ou moins. Ce qui m'a beaucoup aidé c'est justement cette envie de vivre à tout prix et de ne pas supporter les limites que les peurs me mettent. En tout cas, chapeau pour ton combat ! Car je sais à quel point c'est dur et quelles forces et ressources cela demande. @gazeleau, Merci. Oui, je pense que plein de gens ont une fausse idée de l'agoraphobie et ne connaissent pas du tout. Ce qui est normal car on en parle très peu et quand on le fait ce n'est pas toujours d'une façon approfondie.
Contribution le : 08/03/2021 10:58
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kom2dune | 1 #6 |
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Je viens d'arriver
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@Vassili44 Bonjour déjà. Oh comme je te comprends dans ton cheminement. J'ai vécu 25 années de phobies (agoraphobie et claustrophobie) et 9 ans de thérapie (dont une année de comportementalisme au départ qui m'a permis de ressortir de chez moi).
Je comprends ta peur, tes peurs, ta quête de repères, de refuges, de chemins paisibles et confiants. Je sais aussi que ce sera dur, encore pendant des jours et des mois. Contrairement à toi, seuls les lieux fermés ou les endroits avec trop de monde (2 personnes était déjà trop de monde pour moi) faisaient apparaître les crises d'angoisse, ces fameuses crises qui te clouent au sol, qui te submergent, qui te tuent à petit feu et desquelles surgissent, comme tu le dis, les idées noires et les envies de mourir. J'ai vu plusieurs médecins, psychothérapeutes, psychiatres, psychologues, psychanalystes, des femmes, des hommes, une fois par semaine ou deux fois par semaine, et puis j'ai déménagé de Paris pour me retrouver dans un village du sud-ouest où la vie était moins trépidante et, comme quoi il n'y a pas de hasard, où une psy avait son cabinet en face d'où je vivais. J'ai passé 7 ans dans un fauteuil puis sur son divan, plusieurs fois par semaine, puis une fois par semaine puis moins souvent, puis un jour j'ai réalisé que ça y était, je n'avais plus peur de : - rouler en voiture sans m'arrêter toute les demi-heure pour respirer et souvent vomir toutes mes tripes - passer sous un pont sans avoir besoin de longer le mur en fermant les yeux ou faire des kilomètres de détour - passer sur un pont sans me retrouver à quatre pattes en train de pleurer tellement l'autre côté me paraissait loin et impossible à atteindre - passer sous un tunnel sans revenir sur mes pas des dizaines de fois et finir par renoncer - me baigner dans la mer sans avoir peur d'y être engloutie (alors que j'adorais nager et faire de la plongée depuis mon enfance) - prendre un bain sans penser que j'allais rester coincée là - aller faire mes courses sans minuter avec la liste sur le "guidon" du caddie et laisser le caddie en plan s'il y avait plus de 2 personnes en caisse ou si la limite-temps (souvent 15 min) était proche d'être atteinte - sortir acheter des cigarettes et patienter s'il y a plus de 3 personnes dans le tabac (depuis je ne fume plus, c'est plus simple ^^) - répondre au téléphone car oui, j'avais peur que la communication puisse provoquer une crise ou qu'une crise pouvait arriver sans prévenir et que mon interlocuteur puisse en être témoin - aller travailler sans penser à l'arrêt maladie, à la crise qui va arriver, sans devoir prendre 8 bus et marcher 4 à 5 heures par jour pour ne pas avoir à prendre le métro ou même le bus. Sans que ma mère soit obligée de m'accompagner pour le trajet (alors qu'elle était à la retraite et que j'avais déjà presque 40 ans... oui j'en ai 59 maintenant ^^) - retourner (enfin !!!) au cinéma, théâtre, concert sans paniquer à cause du monde, du noir, du bruit, des odeurs... - me retrouver avec plus de deux personnes (bien que ces phobies m'aient appris à très bien vivre toute seule, sans interactions sociales, merci Internet) - ne pas penser juste au fait que je sortais de chez moi et donc perdre un temps fou à penser, tout simplement. - prendre un bus et ne pas demander au chauffeur de descendre au bout de 100 m - prendre un train et ne plus avoir à rester sur le quai parce que "non, c'est pas possible et merde comment je vais rentrer chez moi, maintenant ?" - reprendre l'avion et ne pas rester sur le tarmac et rater un rendez-vous professionnel ou bousiller des vacances - ne plus avoir besoin de lexomyl - m'endormir sans avoir peur d'avoir une crise en dormant et que cela me tue (même si mourir est parfois l'unique solution qui nous vient à l'esprit) - vivre tout simplement - revivre vraiment Depuis maintenant 13 ans je n'ai plus eu de crise d'angoisse. Il m'arrive d'y penser. C'est là, ce sera là, toujours. Mais je ne flippe plus. Je vis normalement. Je te souhaite tellement plein de courage, de belles victoires aussi, sur tes peurs, sur toi-même. Je te souhaite un bon médecin qui te suive et qui prenne soin de toi (et n'hésite pas à en changer, parfois ça permet de trouver LE bon qui va t'emmener jusqu'au bout plus vite et mieux). Je te souhaite aussi de trouver des gens qui croient en toi, en qui tu aies confiance, qui t'aident, qui te comprennent sans te juger, sans te regarder comme un fou (parce qu'on n'est pas fou quand on est phobique). Je te souhaite tellement de te retrouver et de pouvoir vivre décemment et sans peur. Sois fort ! Et puis, parler, c'est une des meilleures thérapies. Et on s'en fout si ce n'est pas sur le bon forum...
Contribution le : 08/03/2021 13:30
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Vassili44 | 1 #7 |
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Je suis accro
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@kom2dune,
Merci pour ton message. Je suis tellement impressionné par ce que tu as vécu. En fait, je me rends compte que j'avais et j'ai encore aujourd'hui beaucoup moins de peurs que tu as pu avoir et les peurs que j'aies je ne m'y confronte pas autant. Les raisons sont simples : je n'ai pas besoin de m'y confronter et c'est vrai qu'il y a de l'évitement. L'avion je n'ai pas l'occasion de le prendre, les grands espaces je n'en ai pas autour de chez moi et quand j'en rencontre j'essaie de m'y confronter un peu, mais globalement je me dis que je ne suis pas là non plus que pour ça, surtout que je ne suis pas seul. Ce que tu ressens vis-à-vis des groupes me fait penser à ce que j'ai vécu aussi dans ma phase phobie sociale qui s'est bien atténuée, mais qui est encore là. J'ai vu mon médecin aujourd'hui, qui est très à l'écoute et compréhensive. Je n'y suis pas allé à vélo mais en voiture et j'ai sans doute bien fait car ça déjà été dur. Je lui ai parlée de ce que j'allais entreprendre, c'est-à-dire des exercices au moins 1 fois par jour sauf les jours où je sors pour autre chose. L'espace urbain me rassurait et je vais essayer dans un premier temps de retrouver cette assurance. Je vois ma psy TCC lundi prochain et je pense qu'elle va me laisser faire mes exercices comme ça toujours été le cas, car je fonctionne de façon autonome généralement. Il faut donc que mon envie de vie reprenne le dessus sur les peurs et je ne doute pas que c'est ce qui va arriver. Comme je le disais à mon médecin, dès que j'ai eu ma grosse crise d'angoisse je suis ressorti car je sentais que mon champ d'action se refermait sur moi. Je suis quelqu'un qui a besoin de sortir, de faire du sport, d'être dehors car j'ai passé beaucoup d'années de ma vie à rester enfermé et aujourd'hui je ne peux plus. C'est une chance et je compte en profiter. Donc le fait d'être sorti directement c'était pour au moins pouvoir continuer mes routines : aller faire les courses et aller voir un ami qui habite assez loin. C'est ce que j'ai réussi à faire. Je me voyais mal ne plus pouvoir faire mes courses car j'ai des routines alimentaires très ancrées et ça m'aurait mis mal si je n'avais pas pu les poursuivre. C'est donc de cette stabilité qui reste néanmoins fragile que je compte rebâtir mes refuges et retrouver confiance dans l'espace autour de chez moi d'abord. Après j'élargirai. Comme tu le dis, ça va prendre du temps, des semaines voire des mois c'est sûr. Mais j'ai le temps. C'est une chance. Même si 13 ans ça peut sembler long, ce que tu as traversé est énorme. Je ne sais pas comment tu as fait pour arriver à surmonter tout ça. Peu de personnes peuvent se rendre compte du travail que c'est moi qui peux en avoir une idée je ne pensais pas ça possible de progresser autant quand on a autant de peur. En tout cas bravo ! Merci pour ton soutien.
Contribution le : 08/03/2021 18:04
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-Flo- | 1 #8 |
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Je poste trop
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Citation :
C'est clair, c'était mon cas ! Jamais j'aurais imaginé que traverser un pont, par exemple, ça pouvait être l'objet d'une phobie autre que le vertige, et encore moins que ça pouvait avoir un rapport avec l'agoraphobie ! Ce topic aura au moins eu ce mérite !
Contribution le : 08/03/2021 18:43
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Vassili44 | 0 #9 |
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@-Flo-,
Oui c'est très délicat parce que la phobie de traverser les ponts existe. Je ne sais pas comment elle s'appelle, mais c'est évident qu'elle existe car toutes les phobies possible peuvent exister et j'avais vu un gars qui avait cette phobie, comme d'autres phobies exotiques comme celle des éoliennes. D'ailleurs, j'ai aussi peur des éoliennes mais de façon indirecte car vu que j'ai la phobie de grands espaces, eh bien je vais avoir peur des éoliennes car elles sont souvent installées dans des grands espaces donc ça créé un rappel et aussi parce qu'elle me donne une sensation de vertige tout comme un avion dans le ciel : je fais souvent des crises d'angoisse quand je regarde un avion dans le ciel (un avion qui vole assez bas) ou même quand on me demande de le faire car j'imagine le faire et du coup je sais que si je regardais j'aurais des vertiges ce qui me ferait peur donc j'ai peur par anticipation. Donc c'est vraiment compliqué à comprendre. Comme ça va être lié à la subjectivité de chacun : qu'est-ce qui est inclue dans les "lieux refuges" pour nous, deux agoraphobies peuvent être très différentes, voire opposées. Typiquement ma copine qui a peur de la ville alors que ça me rassurait et est rassurée par les grands espaces alors que c'est là où ma peur est la plus forte. Et c'est encore plus compliqué quand on sait que ce qui nous rassure bouge, change parfois et évolue, notamment en fonction de la fatigue, de l'état du moment. Du coup je me demande si j'ai aidé à mieux comprendre ou à comprendre que c'était encore plus le bordel à comprendre qu'on le pensait à la base !?!
Contribution le : 08/03/2021 18:57
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-Flo- | 1 #10 |
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Je poste trop
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Citation :
Oui, ça résume assez bien ce que j'ai appris.
Contribution le : 08/03/2021 18:59
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Saucisson666 | 1 #11 |
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@Vassili44
J'ai tout lu et c'était intéressant, merci d'avoir pris le temps d'écrire. Ce monde d'angoisse m'est complètement inconnu, je pense être quelqu'un d'assez "stable", j'ai d'ailleurs connu une personne borderline qui appréciait ma présence qui lui donnait, disait-elle, l'impression d'un rocher enraciné sur lequel elle pouvait compter. Depuis je m'intéresse un peu à la psychologie et j'ai donc appris grâce à ton texte ce qu'était l'agoraphobie. Donc encore merci! Force à toi dans ce passage, je ne m'inquiète pas car je ne doute pas que tu vas réussir à rationaliser tout ça et sortir de ta spirale
Contribution le : 08/03/2021 19:57
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Vassili44 | 1 #12 |
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@Saucisson666,
Merci. Oui la psychologie c'est plutôt fascinant. L'angoisse c'est la petite porte de la psychose je pense.
Contribution le : 08/03/2021 23:04
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Invité | 2 #13 |
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FantômeInvité
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@Vassili44
Je me permet de répondre à nouveau à ton sujet. Lorsque j'étais au plus mal et que j'étais sujet à des crises d'angoisse (et de multiples autres joyeusetés) j'ai d'abord réalisé une thérapie de type TCC. Au bout de quelques mois de thérapie, j'ai pu définir l'origine de mon mal. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai pu mettre fin aux symptômes proprement dits. Même si ces derniers se sont atténués. Deux ans après, alors que je suivais toujours la TCC, je me suis inscrit à des séances de sophrologie. C'est alors que j'ai découvert ce monde étrange. Même si j'ai beaucoup accroché, j'ai trouvé ça complètement perché ^^ Pourtant, au bout de 4 mois de sophrologie (à raison d'une séance hebdomadaire), mes symptômes ont complètement disparu. Non pas parce que la sophrologie est magique, mais parce que l'on y apprend des choses pour canaliser les symptômes. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais faisons plutôt un résumé : Chez moi, la TCC a permis d'identifier les origines de mon mal. La sophrologie réalisée en parallèle a agi comme un traitement symptomatique. Raconté comme ça, cela peut paraitre simple, mais ça m'a demandé une quantité hallucinante de travail et de temps. Hormis les séances de thérapie, j'ai fait beaucoup d'exercices en dehors des séances, et j'ai étudié plusieurs ouvrages scientifiques et pratiques traitant du sujet. Là, ça fait un peu plus d'un an que je n'ai pas eu le moindre symptôme. Alors que les années précédentes, c'était une ou plusieurs fois par semaine. Bref, tout ça pour dire : As-tu déjà expérimenté la sophrologie ? Car je pense que dans ton cas, ça ne peut qu'avoir des effets bénéfiques.
Contribution le : 09/03/2021 08:44
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kom2dune | 1 #14 |
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@stanislaxurit [ @Vassili44 ] Effectivement, tu as entièrement raison, la sophrologie peut être une réelle aide et même apporter une guérison. Mais c'est vrai que les premières séances sont assez bizarres (voire totalement tarées) ; il faut se laisser aller et avoir confiance, encore une fois la confiance est souvent une des armes pour lutter contre les phobies. Le plus dur est d'accepter de perdre un peu du contrôle, ce qui est très compliqué quand on souffre de phobie, puisque ça peut déclencher une crise d'angoisse. Mais si le (la) sophrologue fait bien son boulot, c'est assez simple.
Prévoir de pouvoir dormir après une séance de sophro, ça vide la tête et ça pompe toute l'énergie. Mais c'est une bonne chose ^^ J'ai aussi testé l'acupuncture et si ça n'a pas fait de miracle, ça m'a aidée à me relaxer, à réapprendre à faire tomber la tension et m'a redonné l'envie de continuer à vivre. Ça m'a permis aussi d'avoir cette volonté de sortir de ma zone de confort, d'oser affronter mes peurs un peu plus souvent et un peu plus longtemps à chaque fois. Mais quelle énergie cela demande encore une fois, combien on se sent vidé ensuite. Comme tu le dis si bien, que ce soit via la thérapie (qu'elle soit comportementale ou non), la sophrologie ou d'autres médecines alternatives, trouver l'origine de son mal est primordial. Même si cela est compliqué, très très enfoui en nous, que cela nous tue de devoir l'affronter en face, il faut lutter. On y arrive. Cela peut mettre quelques semaines, quelques mois, quelques années pour certains même, mais on finit par y parvenir. On a ce pouvoir, les humains, c'est de lutter, de pouvoir raisonner, SE raisonner pour survivre. Je ne doute pas, encore une fois, que @Vassili44 va s'en sortir. Il en parle, c'est une bonne preuve Bon courage à tous les deux.
Contribution le : 09/03/2021 13:55
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Vassili44 | 1 #15 |
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@stanislaxurit,
C'est marrant que tu en parles car je voulais aussi aborder cette question de la compréhension des angoisses notamment de l'agoraphobie. Je suis passionné par la psychologie (et pas que) donc avec tout ce qui m'arrive j'ai vraiment un cas d'étude intéressant. Tout d'abord, si l'on reprend l'historique de mes séances de soin, on se rendra compte que je n'ai pas fait beaucoup de séances. Cela correspond bien à ma manière d'aborder le monde ce qui peut surprendre parfois. Quand j'avais dit à une des psys qui me suivais que, bien que passionné de psychologie, je n'avais pas lu 5 bouquins sur le sujet ça l'avait surpris. Il y a plusieurs raisons à cela notamment le fait que j'aime créer ma pensée à partir de mes propos observations. Ainsi, j'ai fait quelques séances de TCC, mais assez peu en vérité. La psy qui me suit m'a proposé un livre à acheter sur le sujet de l'agoraphobie et de la peur panique qui sont liées (que je n'ai pas entièrement lu, vu que le sujet ne me passionne vraiment pas) et m'a dit que voyant mon fonctionnement je devrais m'en sortir comme ça. Elle a eu raison car s'il n'y avait pas eu le COVID, je ne serais peut-être pas retourné la voir, hormis de temps en temps pour lui parler de l'avancé de mon état. La sophrologie Je considère aujourd'hui qu'il n'y a pas une thérapie qui fonctionne, mais un ensemble de thérapie. Je me suis aussi tourné vers d'autres thérapie comme la sophrologie. Je ne connaissais pas trop la sophrologie mais je me disais que cela pouvait m'être utile vu l'idée que je m'en faisais. J'ai, ici encore, suivi très peu de séances, mais les séances que j'ai suivi m'ont aidé lors de mes crises, et ce des années après avoir arrêté ces séances. Les quelques séances que j'ai faites, j'ai appris plusieurs choses : - le fait de me recentrer c'est-à-dire de mieux visualiser mon corps dans l'espace dans lequel il se trouve et de sentir que je suis bien ancré dans le sol (ce qui me fait peur lors des crises d'angoisses agoraphobiques) ; - le fait de prendre conscience de chaque partie de mon corps qui amène du coup à se visualiser comme un tout dans un espace donné ; - apprendre à me relâcher même et surtout dans les moments de crises d'angoisse ou d'anxiété car j'avais l'habitude de me crisper en voulant garder le contrôle alors que là elle m'a montré que le fait de tout lâcher n'allait pas faire empirer les symptômes (ce que je croyais inconsciemment) mais, au contraire, les atténuer voire les faire disparaitre. C'est finalement assez basique comme séance et dans ce que j'ai appris, mais, bien que je n'ai pas dû la voir depuis peut-être 8 ans ou plus, bien que j'ai dû faire que 3 ou 4 séances, eh bien les bénéfices me suive. Jeudi dernier, j'ai effectué un long trajet en voiture (40 km sans doute) qui sortait de ma zone de confort, vraiment, et j'étais en début de crise d'angoisse. J'ai encore utilisé une méthode apprise pendant ces séances pour m'aider. C'est vrai que j'aurais voulu en faire plus malgré tout, que ce soit ces séances de TCC, mais surtout de sophrologie car j'aimais beaucoup les faire. Mais après j'avais réussi à trouver un équilibre qui m'a permis de m'en passer. Le prix joue aussi beaucoup, même si ce n'est pas dit que j'en aurais fait beaucoup plus de toute façon. La méthode TIPI J'ai aussi utilisé la méthode TIPI (là j'ai lu tout le bouquin). Je ne saurais pas trop comment l'expliquer techniquement, encore une fois, mais en gros c'est une méthode qui se base sur la théorie que l'émotion traumatisante est restée en quelque sorte bloquée en nous et a besoin d'être pleinement revécue en tant qu'émotion afin de débloquer le traumatisme. Ca peut paraître étrange, je sais pas, mais je porte une attention particulière aux émotions qui pour moi sont souvent une clé de compréhension intéressante ou du moins un indicateur. J'ai envie de dire que ça n'a pas fonctionné pour moi, mais je ne l'ai pas non plus exploré très sérieusement, enfin je suppose. Quoi qu'il en soit, lors que j'applique la méthode qui est d'essayer de revivre l'émotion sans entraves, eh bien j'ai pu constater que ma peur agoraphobique, dans son paroxysme, en imaginant la pire des situations, eh bien elle me plonge dans une immense tristesse. Rien que pour avoir eu cette clef de compréhension, je suis content d'avoir lu ce livre. Recherche des causes dans le passé Depuis longtemps j'ai toujours aimé rechercher les causes et essayer de tisser une toile des évènements pour les rapprocher de leur(s) origine(s). Cette partie rentrait un peu en contradiction avec les thérapies brèves comme la TCC et cela me laissait perplexe parfois. Quand je voyais qu'un problème était réglé par la TCC - j'ai consulté une fois pour un problème relationnel entre moi et mes ami(e)s qui s'est très bien réglé - je me disais que sans avoir été chercher la fond du problème, j'avais réussi à m'en débarrasser. L'exemple est plus ou moins bon car la TCC offre aussi une compréhension d'un problème, mais ne va pas chercher dans l'origine. Et depuis, je ne cherche pas à comprendre l'origine de ce problème car je l'ai simplement oublié. Toutefois, vu que j'ai fait ces recherches, je vais brièvement les exposer même si ça n'apportera peut-être rien à la résolution de l'agoraphobie. Je dirais que tout commence par la peur de la mort. Assez jeune, la compréhension de ce monde inaccessible d'où personne ne peut nous aider. Plus tard, je me suis rapproché du point de vue symbolique des évènements, point de vue intéressant, mais à la fois risqué voire dangereux. Il nous mène vers la psychanalyse qui pour moi était plus un cheminement qu'une méthode dure et solide. Plus tard, j'aurais nuancé mon point de vue, d'autant plus facilement que je n'ai quasi pas lu dessus. Donc ce n'était pas très ancré non plus. Cela dit, je garde cette idée que la peur de la mort ici m'apparaissait en lien avec la compréhension de mon décalage avec les autres notamment avec ma famille. Je vois ça aujourd'hui comme un bloc même si à l'époque ça n'en était pas un. C'est lié à l'affectif, à l'émotion en cela que ce décalage fonctionnel me rendrait étranger aux hommes, étranger à ma famille, étranger à moi-même. Quand on se rend compte que son monde intérieur n'est pas du tout cohérent avec le monde intérieur des autres et que l'on ne trouve pas l'écho de soi chez l'autre, chez les autres, cela fait peur. Les relations sociales sont ponctuées de reconnaissances de soi, ce sur quoi nous nous adaptons, nous nous construisons. Un trop grand décalage crée une fissure égotique si je puis dire. C'est sans doute ce qui s'est passé. Je suis relation avec le monde, dans le sens où la qualité de mon rapport à mon environnement crée mon identité. En tout cas, je perçois ça comme ça. Le rapport avec ma famille était aussi en décalage car plus je grandissais et plus je me rendais compte des limites affectives de ma famille. Même si ces limites se placent comme des questions sans réponses, ces questions d'enfants sont des tentatives de reconnaissance dans le monde. On ne questionne pas pour savoir, mais on questionne pour... euh... savoir qu'on peut garder son intégrité sans savoir en quelque sorte. C'est un peu un est-ce que tout se passera bien sans moi ? J'avais besoin que le monde autour de moi, fonctionne bien sans moi pour justement construire ce "moi" sereinement. Pour le dire simple, les besoins de l'enfant que j'étais n'ont pas été respectés, loin de là. Beaucoup d'enfants ont été et sont dans ce cas. Le dysfonctionnement familial tel que je l'ai vécu peut créer à une solitude profonde et c'est de cette solitude que, pour moi, est née mon instabilité et mon agoraphobie. Quand je pars en voyage, la première nuit c'est elle qui me fait pleurer. Il m'arrive souvent de pleurer comme j'ai pu le faire après ma grosse crise d'angoisse vécue récemment, comme des larmes de soulagement. En vérité, je pense que c'est cette solitude que je pleure, cet abandon. Mes résultats scolaires ont chuté quand j'ai compris que j'avais ce décalage avec les autres. Dans mon esprit, apprendre allait accentuer ce décalage. Ce qui est normal vu que j'ai toujours aspiré à être proche des autres, plus normal, ce que je ne suis jamais parvenu à faire. Ceci peut expliquer pourquoi j'ai beaucoup freiné le savoir ? Je ne sais pas. J'aime bien ce "je ne sais pas" d'ailleurs. La méditation La méditation vient à la suite de la sophrologie et à une époque où j'ai découvert aussi le bouddhisme, pour lequel j'ai pris beaucoup de recul aujourd'hui. En tout cas j'ai pratiqué un peu et ça m'a permis de me détacher des médicaments que je prenais à l'époque (neuroleptique pour le premier). Suite à ce mieux-être j'ai entrepris le sport, notamment pour perdre les 25 kilos pris en quelques mois avec ce médicament et c'est à travers la course à pied, le vélo puis le badminton que j'ai trouvé un équilibre : j'étais au mieux de ma forme que ce soit psychologiquement et physiquement (même si physiquement j'ai aussi pas mal de soucis, sinon ça ne serait pas drôle ^^). Donc aujourd'hui c'est l'objectif : retrouver une stabilité dans une situation qui m'a déstabilisé.
Contribution le : 09/03/2021 14:06
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Vassili44 | 1 #16 |
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@kom2dune,
Merci. Tu as bien cerné la problématique qui est bien basée sur la confiance et l'acceptation de perdre le contrôle ce qui est difficile en tout cas pour moi. Mon cerveau me trompe dans mon rapport aux autres et donc au monde, c'est le cas de tous les autistes. J'en parlais avec ma copine en donnant des exemples où, si je ne faisais pas d'efforts de traduction et de compréhension que ce soit d'une phrase ou d'une situation, ce qui allait en ressortir pouvait potentiellement être dangereux socialement pour moi, en tout cas c'est comme ça que je le perçois. Les espaces vides me font peur et me fascinent pourtant. Surtout le Grand Nord, ou les glaciers, la Finlande... Cette solitude est aussi pour moi une quête : quand on se retrouve seul, qu'est-ce qu'on découvre ? Je me vois bien me lâcher à la Into The Wild dans une terre sauvage assez éloigné des humains en tentant de m'apprivoiser. Bien sûr, pas un lâcher "pouf, au milieu de nulle part" mais plus un apprivoisement lent, timide et prudent. Quelque part, j'aime bien cette démarche et de combat dans le rapport au temps qu'il inspire et celui aux sensations. En ville, le bruit des voitures me fait peur, dans les grands espaces, le bruit du vide me fait peur également. Il y a sûrement de beaux livres qui ont été écrits sur la solitude et cette quête. Même si ma quête est la fuite de la peur, il y a toujours de la fuite dans les quêtes, il y a toujours une envie de retrouver une part de soi quand ce n'est pas de se retrouver soi-même. J'ai aussi ça en commun avec ces personnes. Ces récits aident et m'aident car ils sont le feu qui m'anime et qui me donne envie de voir au-delà. Je connais très mal le monde, donc c'est aussi assez normal que le monde me fait peur.
Contribution le : 10/03/2021 12:03
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La_Koukouille | 1 #17 |
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C'est un sacré témoignage. Je l'ai lu rapidement ce matin, mais je prendrais plus de temps ce soir pour le relire.
Citation :
Si je peux me permettre, ce n'est pas forcement contradictoire. La TCC ne se limite pas à la clochette de Pavlov ou à la boite de Skinner. Si elle considère qu'un stimulus est associé à des pensée et à des émotions qui génèrent un comportement problème, il y a aussi une analyse synchronique qui vise à identifier les évènements du passés qui ont pu générer, entretenir, précipiter le trouble. Il peut y avoir un travail autour des schémas dysfonctionnels, qui se eux sont bien construits par le passé. Après, il faut trouver la bonne méthode, avec le bon thérapeute. Ça, c'est une autre paire de manche.
Contribution le : 11/03/2021 08:21
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Vassili44 | 0 #18 |
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@La_Koukouille,
En fait ce que je voulais dire c'est par rapport à ce que j'ai pu constater dans les séances et dans les thérapies suivies avant la TCC. Quand j'ai interrogé mes besoins en terme de recherche de thérapie c'était assez grossier, par exemple, je me disais que je ne voulais plus intellectualiser mon problème, mais plutôt agir concrètement dessus. La TCC me paraissait, et est pour moi, plus active que les autres thérapies, dans le sens où on peut aussi agir physiquement d'une part et le être acteur de son changement d'une autre part. Ici, la dichotomie entre actif/passif et agir plus cérébralement/plus physiquement est un point de vue qui correspond à un ressenti, à l'image que je m'en fais, sans que ce soit forcément lié à la réalité. C'est aussi lié à ma personnalité dans ma résolution de problème. Intellectualiser est pour moi une posture qui peut être passive, dans le sens où c'est quelque chose de naturelle, comme un point refuge d'ailleurs que je peux pratiquer régulièrement pour me rassurer ou/et échapper à l'action. Aujourd'hui c'est plus nuancé car, avec le sport notamment, avec ma nouvelle façon de vivre, les activités plus intellectuelles (que j'oppose à physique, au déplacement du corps) sont parfois plus difficiles que les activités non intellectuelles. Tout ceci est compliqué à expliquer et n'apporte sans doute pas de réponses claires. En résumé, les divisions sont liées à mon passif, à ma vision personnelle et à un ressenti. Sans doute que tous les thérapeutes ne pratiquent pas de la même façon. J'ai un bouquin sur l'agoraphobie et (de ce que j'en ai lu) il n'essaie pas de voir l'origine de l'événement (?) - en fait si ça se trouve il en parle. Dans les séances que j'ai suivies nous n'en avons pas parlé. Pour moi, c'est clairement différent des démarches que j'ai eues jusqu'ici, bien plus personnelles que lors de séances thérapeutiques d'ailleurs, car j'avais plus pour habitude de chercher uniquement l'origine profond voire symbolique parfois d'un problème au lieu de chercher plus au niveau des symptômes, des exercices à pratiquer comme je le fais aujourd'hui etc. Du coup, je cherchais, je ne trouvais pas ou ce que je trouvais ne m'aidait pas et je restais bloqué. Je ne dis pas que cette démarche ne m'a jamais servi, mais bon, je vois bien aujourd'hui en faisant des exercices à quel point je résous vite un problème comparé à l'intellectualisation à outrance que je pratiquais avant. J'avais des soucis relationnels avec mes ami(e)s. Je ne sais pas d'où ça venait et je l'aurais oublié si je n'avais pas été amené à m'en rappeler, il y a quelques mois, un peu par hasard. J'ai du mal à en parler parce que c'est totalement flou. Je ne me rappelle plus bien quel était le problème et comment il a été résolu. Ah ça me revient un peu maintenant que j'en parle ! En fait j'avais des exigences envers mes ami(e)s de présence. Le fait qu'ils pouvaient se passer de moi, le fait qu'ils ne se souciaient pas de ce que je devenais me rendait mal. Je me sentais abandonné je suppose. Et du coup ça pourrissait mes relations. J'ai fini par aller la voir pour ça et je lui en ai parlé. Je ne sais plus trop ce qu'on s'est dit, ni ce qu'elle m'a dit mais ça n'a pas été très long. Ce que j'en retiens c'est une phrase (qui n'a pas été dite comme ça) : ils sont libres, ils n'ont pas le lien inconditionnel qu'une mère peut avoir avec son enfant. J'ai compris ça - comprendre dans le sens intégrer, qui vient s'ajouter à ma compréhension et je n'ai plus eu de problème avec ça. Donc il y a eu quand même un travail de recherche ici. Mais au final je ne sais pas quand ça a commencé, pourquoi ça c'est manifesté, d'où vient mon sentiment d'abandon, et ma mère dans ton ça ? Mon père ? Quels moments traumatisants ont pu conduire à cette peur ? Quand j'allais dans ces séances au début, j'avais tendance à me poser ce genre de questions. La thérapeute me recadrait pour que l'on se concentre vers autre chose, ce que je ressentais, comment ça se manifestait, des choses comme ça. Ce que je ne faisais pas dans les (ou la) thérapies que je suivais dès lors. Thérapie où l'on parle, le psy en face soit s'en fout et/ou veut juste faire sa prescription de médocs ou/et ne semble pas avoir envie de trouver la solution contrairement à la TCC où la question semble toujours posée "ok, on fait quoi alors ?" et la réponse "on va faire ça !". Ben ça fait du bien quand même ! Enfin, il se passe quelque chose !
Contribution le : 11/03/2021 13:06
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quintus000 | 1 #19 |
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Très intéressant comme sujet, merci de ton témoignage.
C'est en ce sens que je trouve des limites à l'approche de la psychologie classique. Identifier la cause et le schéma est intéressant pour "comprendre pourquoi", mais ils ne proposent pas vraiment d'approche technique pour reprogrammer le cerveau. A ce compte là, autant se mettre à la méditation de pleine conscience pour apprendre à observer le penseur, les émotions, les réactions pour mieux les canaliser. C'est moins prise de tête et ca fonctionne très bien avec peu de théorie et de remue méninges. Est-ce que tu as essayé l'hypnothérapie?
Contribution le : 11/03/2021 14:58
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Vassili44 | 0 #20 |
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@quintus000,
Merci à toi de l'avoir lu. Je n'ai jamais essayé l'hypnothérapie. Je n'en ai pas ressenti le besoin. Mais peut-être que ça pourrait m'aider ? Ca t'a aidé toi ? La méditation m'a bien aidé afin de prendre le recul sur celui qui pense en quelque sorte. Ca m'aide aussi pour dissocier mes pensées entre elles afin de comprendre quel est la première pensée qui vient quand je vais vers une crise d'angoisse.
Contribution le : 12/03/2021 00:11
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